Monde

Guinée-Bissau : Impasse politique dans la nomination du Premier ministre

Publié par DK News le 17-08-2015, 19h37 | 28
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L'impasse politique se poursuit en Guinée-Bissau à propos de la nomination du Premier ministre après la dissolution le 12 août du gouvernement dirigé par Domingos Simoes Pereira en raison d'une «crise
de confiance au sommet de l'Etat».

Le président de la République, José Mario Vaz, a demandé au parti au pouvoir, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée Cap-Vert (PAIGC), de lui proposer un nom pour occuper le poste de Premier ministre, tandis que le PAIGC campe toujours sur sa position, reconduisant son président Domingos Simoes Pereira, le Premier ministre limogé.

Selon les statuts du PAIGC, c'est le président du parti qui doit occuper les fonctions de Premier ministre.

MM. Vaz et Pereira sont tous deux membres du PAIGC, formation qui a dirigé la lutte pour l'indépendance obtenue en 1974 par cette ex-colonie portugaise.

M. Pereira est le président de la formation. Par décret pris le 12 août, le président Vaz a renvoyé le gouvernement de M. Pereira, qui était son Premier ministre depuis juin 2014, en arguant d'une «crise de confiance au sommet de l'Etat» nuisant au «bon fonctionnement des institutions».

M. Vaz avait cité plusieurs dossiers litigieux avec son Premier ministre, dont «la nomination d'un nouveau chef d'état-major des armées», «le manque de transparence dans l'attribution des marchés publics, la corruption, le népotisme, des obstructions à la justice».

Le Premier ministre tout juste évincé avait annoncé, à l'issue d'une réunion entre les deux têtes de l'exécutif vendredi soir, qu'il contestait cette décision, affirmant qu'il allait reconduire sa candidature parce que les statuts du parti sont clairs: «c'est le président du parti (au pouvoir) qui occupe le poste de Premier ministre».

Appels au respect de la Constituinon
Plusieurs responsables et militants du PAIGC ont affirmé qu'ils exigent du chef de l'Etat la reconduction de l'ex-Premier ministre pour respecter la Constitution.

Dans le cadre des consultations, le président avait reçu quatre partis politiques ayant une représentation parlementaire. Mais, tous ont indiqué aux journalistes que c'est au PAIGC de proposer un Premier ministre, comme stipulé dans la Constitution bissau-guinéene.

«Il faut respecter la Constitution de la République, rendre le pouvoir au parti vainqueur des élections législatives», a déclaré Florentino Mendes Pereira, secrétaire général du Parti de la Rénovation Sociale, deuxième force politique du pays.

Quand au président du Parti de la Convergence Démocratique, Vicente Fernandes, il a soutenu que la volonté populaire doit prévaloir et qu'il faut «rendre le pouvoir au PAIGC». Agnelo Regala, président de l'Union pour le Changement, a lui défendu le même point de vue en affirmant que le parti vainqueur des élections, doit former le gouvernement.

Il s'est en outre déclaré contre l'organisation d'élections législatives anticipées comme alternative.
La Ligue guinéenne des droits de l'homme a imputé la responsabilité de la crise au chef de l'Etat, José Mario Vaz, qui ''a pris une décision prématurée», a déclaré le porte-parole de la ligue, Alex Bassucko.

La crise persiste, la Guinée-Bissau sans gouvernement
La crise politique, née des divergences entre le président de la république et son Premier ministre qui appartiennent tous deux au parti au pouvoir, a engendré la dissolution du gouvernement.

Le président Vaz a pris sa décision de dissoudre le gouvernement, contre l'avis de son parti, de la société civile, des syndicats, et malgré les appels au dialogue des représentants de la communauté internationale.

A la tête du PAIGC, M. Pereira avait remporté les législatives de 2014, avec 57 députés sur 102.
Son gouvernement avait été formé en juillet, après la victoire de José Mario Vaz au second tour de la présidentielle en mai.  Si le blocage à la tête de l'exécutif devait se poursuivre, le chef de l'Etat pourrait dissoudre le Parlement et organiser de nouvelles législatives dans 90 jours, selon un juriste bissau-guinéen.

La Guinée-Bissau, pays de 1,6 million d'habitants, a connu plusieurs coups d'Etat - réussis ou avortés - depuis son indépendance en 1974, dans lesquelles l'armée a souvent joué un rôle prépondérant.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a fait valoir qu'une crise sérieuse risque de saper les progrès réalisés depuis le rétablissement de l'ordre constitutionnel en Guinée-Bissau après les élections de 2014.

Efforts de conciliation régionaux
La crise n'a pu être évitée en dépit des efforts de conciliation régionaux.

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a invité dimanche l'armée à rester à l'écart de la crise politique en Guinée-Bissau, en prônant une solution par le dialogue.

Le président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall, «a exprimé des préoccupations suite aux récents développements qui ont conduit à la destitution du gouvernement du Premier ministre Domingos Simoes Pereira par le président José Mario Vaz» le 12 août, a indiqué la Cédéao dans un communiqué.

La Cédéao, qui compte 15 Etats membres, «réaffirme que la consolidation de la paix et la stabilité en Guinée-Bissau ne peuvent se réaliser que dans un processus consensuel, inclusif, ayant un ancrage national où le respect de l'ordre constitutionnel, l'intérêt et le bien-être du peuple de la Guinée-Bissau doivent être au coeur des discussions».

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