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Dialogue interlibyen : L'émissaire de l'ONU tente de rallier toutes les parties aux négociations

Publié par DK News le 01-09-2015, 21h33 | 27
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L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Bernardino Leon, va tenter mardi à Istanbul de convaincre le Congrès général national (CGN, ex-parlement libyen) de participer au prochain round de pourparlers à Genève les 3 et 4 septembre, destinés à mettre fin à la crise politique et sécuritaire dans ce pays.

Depuis janvier 2015, les négociations libyennes instituées sous l'égide de la Mission des Nations unies en Libye (Manul) ont pour objectif de réunir le maximum d'acteurs de la crise pour mettre fin aux affrontements entre les milices et groupes armés rivaux.

Le pays est divisé en deux gouvernements rivaux, l'un basé à Tripoli et soutenu par la coalition de milices «Fajr Libya», en grande partie islamistes, et le second reconnu par la communauté internationale et retranché à Tobrouk dans l'est du pays.

Alors que seule une solution politique peut avoir un impact durable sur la stabilité du pays, la Mission des Nations unies mène la médiation dans le but de former un gouvernement d'unité nationale.

C'est dans cette optique que M. Léon va rencontrer mardi à Istanbul en Turquie les représentants du CGN pour les convaincre de participer aux discussions à Genève, selon un communiqué de l'ONU publié lundi soir.

M. Leon, qui a souligné «l'extrême urgence» d'un règlement politique en Libye, avait appelé à une accélération des négociations, en soulignant que la situation se détériorait en Libye avec «la crise de l'immigration qui provoque un grand nombre de morts», et la poursuite des violences meurtrières avec la montée en puissance du groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech).

 

CGN, l'absent des derniers pourparlers

Le CGN était absent des derniers pourparlers en août pour finaliser les annexes d'un accord portant notamment sur la formation d'un gouvernement d'unité nationale dans un pays miné par les rivalités politiques, les violences meurtrières et l'effondrement de l'économie.

Léon avait expliqué l'absence du CGN par la démission de deux membres de sa délégation et par le temps mis pour «reconstituer une délégation».

Le CGN, réclamant des modifications, avait refusé de ratifier l'accord «de paix et de réconciliation» conclu le 11 juillet et signé par les autres parties à la table des négociations.

 

Reculs et avancées

Après trois propositions rejetées, le quatrième accord proposé par l'émissaire de l'ONU pour les Nations unies a ainsi tout de même atteint la phase finale des négociations.

Le projet prévoit notamment la formation pour un an d'un gouvernement d'unité nationale et l'organisation d'élections.

Il a donc le mérite d'apporter des perspectives claires et de fixer une feuille de route pour relancer la transition politique, constituant une lueur d'espoir dans un long processus diplomatique.

Mais les membres de l'ex-CGN n'ont pas approuvé la composition des futurs organes.

En effet, l'accord prévoit de maintenir le Parlement de Tobrouk, le dernier élu et celui reconnu par la communauté internationale, et d'instaurer une seconde chambre au caractère consultatif, le Conseil d'Etat.

La moitié des 90 membres de ce dernier seraient choisis par le CGN, les autres étant nommés par consensus entre les deux parlements.

Mais, le Parlement de Tripoli ne veut pas voir son pouvoir réduit au sein des nouvelles institutions.

D'où la demande qu'il a formulée de modifier l'accord afin de le rééquilibrer.

 

Parlements rivaux

Les parlements rivaux libyens se sont retrouvés face à face pour la première fois fin juin, afin de se pencher sur la quatrième proposition d'accord de Bernardino Léon.

Le processus, qui se veut inclusif, rassemble des personnes de tous bords: des membres de la Chambre des représentants de Tobrouk, du CGN, et de la société civile.

Si à l'ouest, le Parlement est surtout composé de députés proches de la coalition de milice Fajr Libya et des milices de Misrata, la chambre qui siège à l'est du pays présente un paysage politique plus diversifié.

Autour de la table des discussions, on retrouve également des élus locaux tels que les maires des grandes villes ou des représentants des grandes institutions. La multiplicité des acteurs et des intérêts divergents a maintes fois retardé le processus de dialogue.

Si Bernardino Léon a réussi la mission de faire dialoguer les deux principales instances politiques du pays, l'ex-CGN lui a récemment fait défaut.

Le parlement de Tripoli s'est retiré des discussions, le 2 juillet dernier, pour manifester son opposition à la formation d'un gouvernement d'union.

 

L'ONU et l'Algérie attachées à la stabilité de la Libye

Appuyant les efforts de l'ONU et ayant toujours exprimé son attachement à la stabilité de la Libye, l'Algérie, qui partage des frontières avec ce pays voisin, est intervenue dans les pourparlers interlibyens en tant qu'intermédiaire neutre, en faveur d'une solution politique contre toute option militaire.

Elle a abrité une série de pourparlers entre les parties libyennes.

A Berlin, puis à Bruxelles, les différents émissaires et négociateurs ont également voyagé.

Une réunion informelle s'était tenue le 31 juillet à Alger entre Bernardino Léon et le président de l'ex-CGN, Nouri Abou Sahmein.

Puis, une délégation de ce même parlement s'est retrouvée à Genève pour deux jours de pourparlers, les 11 et 12 août.

Le but étant d'explorer les moyens de réintégrer les négociations, sous certaines conditions, pour le prochain round.

Désormais, le travail de l'ONU porte sur les annexes de l'accord et la recherche des noms du futur Premier ministre et de ses deux adjoints en vue de former un gouvernement d'union nationale. Un processus qui risque d'être encore long avant l'obtention d'un exécutif complet.

D'autant que, outre les questions politiques, l'accord doit encore se pencher sur les questions financières et militaires.

Bernardino Léon, qui se dit pragmatique, fixe comme date limite des travaux le début de septembre. Mais même s'il parvient à un accord politique, la question de son application par les groupes armés, qui n'ont pas été convoqués au dialogue par la Mission de l'ONU, restera posée avec acuité dans un pays où le problème de la circulation des armes est irrésolu depuis le renversement de l'ancien régime en 2011.

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