Société

Les magnifiques gravures et inscriptions rupestres à travers la région de l’Ouarsenis

Publié par Abed Meghit le 03-10-2015, 15h01 | 365
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L’Ouarsenis et le Sersou se distinguent particulièrement par leurs paysages originels en Algérie. Un carrefour extraordinaire, dans sa conception naturelle et dans ses richesses historiques et pittoresques.

De magnifiques gravures et inscriptions rupestres, vous invitent au rocher d'Ain Sfa, aux alentours de Tissemsilt, tout comme les ruines de Tokria, à Khemisti. Véritables témoins d'une ère antique. Ce témoignage qui va du II° siècle après JC, concerne le passage du célèbre géographe grec Ptolémée, qui à travers ses écrits a signalé le mont de l'Ouarsenis sous l'appellation probable de Zalacom, en indiquant par ailleurs, la présence au sud des Maziges et des Banturares (les Béni Teghrine). Par ailleurs, la région de l'Ouarsenis et du Sersou est aussi répertoriée par Ibn Khaldoun, qui au XIV° siècle après JC, la conta à sa manière en soulignant la présence au 10ème siècle, des Béni Teghrine, branche de la grande tribu des Zenata qui regroupe les Béni Abdelouad, les Béni Mozab et les Béni Azerdal. Ibn Khaldoun décrivait ces régions et leurs habitants comme étant un peuple hospitalier qui a admettent la présence des Zoghba, une branche des Banu Hillel, venus de Gabès et de Tripoli, à la fin du XII° siècle. Pour lui, les Zoghba étaient à l'origine de la création d'une sorte de confédération avec les Béni Badin. Il évoquera même un genre de traité établi entre les deux tribus, en vue de vivre en bons voisins et de s'entraider mutuellement en cas de guerre. Les Zoghba, selon lui, appelés Béni Malek, se sont établis au désert, et se constituaient de trois grandes familles dont les Attaf dans la région de Milanaise, Ain Defla et Chlef, et les Dialem et les Soueid au Sersou. Quant aux Béni Badin, ils ont opté pour les plateaux et les plaines de la région. Aussi, en dépit de ces importantes tribus ayant peuplé la région de l'Ouarsenis et du Sersou, d'autres peuples y ont vécu. Il s'agit, selon Ibn Khaldoun toujours, de plusieurs fractions de la tribu des Louata, telles les Béni Slama. La région en question continue à ce jour d'abriter des éléments issus des tribus des Touadjnia, des Béni Teghrine, des Béni Ziten, des béni Mzangouche, des Hachem, des Louata, en plus d'autres tribus mentionnées par le Dr Shaw, un prospecteur anglais du 18ème siècle, qui fait aussi état de la présence, dans les environs immédiat de Tissemsilt, de peuples issus des tribus de Béni Meida, des Ayad et des Ouled Bessem.

Donc la richesse de la région ne se limite pas à ses gravures et à ses sites naturels mais cache un potentiel historique assez important notamment durant les 13 ème et 14 ème siècles, sous la dynastie des Abdelouadid. C'est aussi une région qui a eu son temps en matière d'effervescence culturelle et de développement du savoir, grâce à des illustres personnalités, qu'Ibn Khaldoun a mentionné dans la Mouquadima. Il s'agit, selon lui, de grandes figures comme Cheikh Attia Ibn Dafliten, de Lukman Ibn Moetez et d’Abdelkaoui Ibn Abbas des Béni Touadjine. Les autres tribus comme Soueid avaient elles aussi leurs figures emblématiques, tels Arif Ibn Yahia, ambassadeur du sultan mérinide Abou El Hassen El Merini. Enfin, la région de l'Ouarsenis est riche par le passage de grandes personnalités qui ont marqué l'histoire de l'humanité. Il s'agit entre autres, de Yaghmorassen et d'Ibn Toumert, qui a eu l'occasion d'y découvrir l'immense savoir de El Bachir El Ouancharissi, devenu son ami et principal conseiller.

Celui-ci, en jurisconsulte le plus en vue au Maghreb a composé plus de 12 ouvrages en droit connus à ce jour.

 

Des sites archéologiques réputés

La région de Taza, l'ancienne appellation de l'actuelle commune, chef lieu de daira, Bordj Émir Abdelkader au fort du même nom érigé sous l'Émir Abdelkader en 1838, est située à 80 km à l'est de Tissemsilt.

Un lieu vivement recommandé aux visiteurs à cause de ses divers évènements historiques. Il y' a été découvert un cimetière datant de la préhistoire, divers objets de la période romaine, pièce de monnaie, gravure rupestres et sculptures, ossements. En plus des vestiges du fort Émir Abdelkader, édifié durant la résistance. Tout comme la région de Taza, qui recèle un important patrimoine historique et archéologique, la région d'Oum Laalou ou Ezhair, situé dans la commune de Tissemsilt, chef-lieu de wilaya, dispose de squelettes humains datant de l'âge de la pierre et des restes de fortifications, de cimetières et de tombeaux en pierre de l'époque romaine. Ain Tokria, dans la commune de Khemisti et se caractérise par la richesse en ruines anciennes, telles les campements militaires, les aires de parcages pour les chevaux, les dépôts de munitions, les cimetières et les tombes anciennes, qui témoignent de son statut de poste avancé de défense de l'empire romain. D'autre part la région de Bab El Bakouch, dans la commune de Lardjem, est spécifique grâce à son importance historique, et à la célèbre bataille qui porte son nom et qui s'est déroulée en 1958, avec une perte de plus de 80 soldats dans les rangs de l'armée coloniale. Elle représente un lieu symbolique des victoires et des sacrifices de la glorieuse guerre de libération.

 

Des havres de paix à découvrir

La wilaya de Tissemsilt recèle plusieurs sites et circuits qui méritent d'être visités. Il s'agit du parc national El Meddad de 3425 hectares à Theniet El Had, classé patrimoine mondial protégé et qui s'affiche comme étant un espace de préservation et de conservation de l'équilibre naturel et environnemental de haut niveau. C'est aussi un lieu de prédilection pour de nombreuses espèces végétales et animales rares et endémiques. Il est également parcouru par un dense réseau de sources et de cours d'eau, qui font sa beauté et sa splendeur. Ce parc représente un point de jonction ralliant les monts de l'Ouarsenis et les plaines du Sersou. Sa beauté réside aussi dans ses majestueuses forêts de cèdres, de chênes verts et de chênes lièges, surtout pendant l'hiver dont l'enseignement étale sa couverture de blancheur sur les cimes des arbres. El Meddad est également serpenté de pistes et de passages sinueux pour le plaisir des randonneurs et des amoureux de la nature. Son plus haut sommet, le pic Barit, culmine à 1787m. En outre, un autre atout de la wilaya, le parc d’Ain Antar sur 500 hectares est situé sur le territoire de la commune de Boucaid, en chevauchant Lazharia, Bordj Bounaâma et Sidi Slimane. Ce magnifique site dispose de sa fameuse source thermale, juchée sur les hauteurs de l'Ouarsenis avec leur plus haut sommet, (le pic de Sidi Amar de 1983 m d'altitude). Il dispose, par ailleurs, d'une forêt dense, à sa base de cèdres, de pins et de chênes verts. En plein milieu, se dresse le centre de remise en forme et de détente qui peut accueillir 200 personnes. Le barrage de Bougara quant à lui, est une vaste étendue d'eau limitrophe avec la wilaya de Tiaret, et se situe à 13 km au sud/est de Tissemsilt. Il est entouré de spacieux espaces arts, et représente une importante niche écologique, abritant diverses espèces de poissons, d'oiseaux et des espèces sédentaires et migratrices. Accueillant de nombreux amateurs de détente, cette région est appelée à devenir une destination touristique permanente. Quant à la Station thermale de Sidi Slimane, elle se caractérise par ses eaux réputées pour leur vertu thérapeutique, notamment pour le traitement des différentes pathologies dermiques, articulaires ou digestives. Ces eaux coulent en cascades à des températures moyennes de 42°C. Après avoir traversé les tréfonds des monts de l'Ouarsenis. Cette station se situé à près de 60 km du chef-lieu de wilaya, dans la commune de Sidi Slimane, et à proximité de Boucaid, Bordj Bounaâma, Béni Chaib, Béni Lahcene, à une altitude de 1230 m. Les thermes de Sidi Slimane, exploitées depuis 1910, offrent un ensemble de bassins de baignades collectifs et individuels, ainsi que des structures d'hébergement et de restauration.

 

Des fortifications érigées par les romains

Le site d’Ain Tokria, constitue une partie des fortifications érigées par les romains. Par ailleurs, il ne reste que quelques éléments défensifs et architectoniques et des nécropoles. Ce site archéologique dévoile des vestiges de camps de soldats, cernés de remparts. On y verra notamment, des restes d'habitations; de dépôts de récoltes et d'armes, des tombes et des caveaux d’écuries. Signalons que le site historique d’Ain Tokria n'a pas dévoilé tous ses secrets. Le site d’Ain Tokria est situé à 7 Km à l'Est du chef-lieu de la wilaya. Il s'agit d'une grotte dont les parois sont recouvertes de gravures rupestres représentant plusieurs thèmes retraçant l'activité humaine, la flore et la faune de la région ainsi que des écritures en Ocre rouge, en Tifinag et en caractères Libyco-Berbères. Ce site remonte à la période néolithique d’Oued Ain Kebab, datation entre 360-363. Les inscriptions retrouvées en divers endroits de cet espace permettent de déceler que les caractéristiques externes donnent un nouvel exemple de monogramme constantinien. Les caractéristiques internes du libellé du texte restent communes pour le IV siècle. Cependant, c'est l'emploi du cas nominatif qui surprend, car les 9/10 des inscriptions présentent des dédicaces ou datations et les inscriptions de cette règle sont très rares. Cette observation reste majeure et la problématique reste difficilement cernable. En guise d'évaluation de toutes ces données archéologiques et épigraphiques, les spécialistes en la matière pensent que le secteur géographique des rois militaires correspond à la lutte méridionale du massif de l’Ouarsenis. Au moment où le relief, jusque-là mouvementé, atteint son équilibre de plateau ouvrant des vues indéfinies en direction du Sud. Le site de Taza, une des citadelles érigées par l'Émir Abdelkader. Sur le terrain, les étudiants de l'Institut de l'archéologie ont poursuivi leurs recherches sur le site de Taza où l’Émir Abdelkader a tenu son dernier conseil de guerre, le 03 Juillet 1838. Le site est composé d'une citadelle avec un rempart extérieur de 69 mètres de long et 33 mètres de large et de bastions pour résister aux assauts de l'armée coloniale française. Tous ces édifices ont été ensevelis avant que l’Émir Abdelkader et ses troupes ne quittent la région, le 25 Mai 1841. Les fouilles ont permis de dégager une partie de cette citadelle ainsi que les vestiges d'une autre cité musulmane, édifiée sur le même endroit. La wilaya de Tissemsilt, la Capitale de l'Ouarsenis, compte plus de 60 sites historiques, appartenant à toutes les périodes historiques, comme les ruines de Ouled Kouider, dans la commune de Sidi Lantri, ainsi que Kouacem dans la commune de Lardjem et le fort de Toukal, bâti par les Émirs de Béni Touadjine, dans la commune de Sidi Abed. Un ancien site a été découvert en 2003 dans la région de Kef Louz à Ain Tokria. Il s'agit du plus ancien site archéologique de la wilaya, composé de divers objets de sable et d'argile auxquels se mêlent des instruments en pierre.

Abed Meghit

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