Economie

Perturbations sociales à Air France : Du plomb dans l’aile ?

Publié par Cherbal E-M le 06-10-2015, 22h07 | 41
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La compagnie aérienne française est revenue cette semaine sous les feux des projecteurs de l’actualité, mais par une porte que  ni ses responsables ni le gouvernement n’auraient aimé emprunter en ces moments de crise et de contexte préélectoral.

En cause, cet agissement violent de certains travailleurs, surexcités, qui s’en sont pris physiquement au DRH de la compagnie ainsi qu’à des membres de son staff, au moment de la tenue d’un comité d’entreprise à Roissy.

Au-delà des interrogations sur les auteurs réels de cet acte, ainsi que sur leur motivation, cet épisode remet sur la table l’équilibre fragile de la compagnie ainsi eu les appréhensions qui entourent son avenir.

Beaucoup de questions sont du coup revenues à la surface sur les réelles capacités d’Air-France-KLM à résister aux assauts de la concurrence et de velléités d’absorption latentes chez de grosses compagnies aériennes, notamment asiatiques, qui ont déjà fait de petite bouchées d’illustres compagnies aériennes européennes telles l’italienne Alitalia, la suisse Swissairet la belge Sabena ; une question d’autant plus  pertinente que la compagnie française, ne s’est pas consolidée comme d’autres l’ont fait, et que « les coûts d’Air France sont, selon sa direction, supérieurs de 20 % à 25 % à ceux de ses rivales du Vieux continent », souligne le quotidien Le Monde.

Air France se voit doubler de tous les côtés par des offres venant soit de compagnies low coast, telles Easyjet ou Ryanair ou de compagnies offrant des voyages de luxe sur les longs courriers, comme le font Emirates et Qatar Airways, notamment.

Les années de redressement n’ont pas été mises à profit pour se consolider et se  mettre à l’abri, de manière structurelle, durable. Actionnaire à 17% du capital de la société aérienne, l’Etat français est désigné du doigt, notamment par les syndicats.

« Si pendant vingt ans les directions de l’entreprise n’avaient pas acheté la paix sociale, on en serait pas là », concède un cadre dirigeant de la compagnie cité par Le Monde  qui ajoute, que durant « des années, qu’il soit de droite ou de gauche, l’exécutif a soutenu la politique d’achat de la paix sociale, afin d’éviter les grèves, avant de prendre la mesure de l’ampleur de la crise et le risque de disparition de la compagnie.

Le management de l’entreprise y est également pour une bonne partie de cette ‘’berezina’’ annoncée, dans la mesure ù elle n’a pas pu mettre sur rail les plans de restructuration susceptibles de mettre la compagnie à l’abri des bouleversements qui secouent l’économie mondiale du transport aérien. Après avoir été parmi les précurseurs, en 2004, en matière de redéploiement, notamment en se diversifiant vers l’international par l’acquisition de la compagnie néerlandaise KLM, le staff managérial d’Air France n’a pu faire observer  ses plans de performance.

Si les personnels au sol ainsi que les hôtesses et stewards ont pu concrétiser les objectifs fixés par l’équipe dirigeante, les pilotes sont accusés de ‘’trainer la savate’’ en ne réalisant que 17% de leurs objectifs. Plus que cela, ils se sont opposés en 2014 à une nouvelle politique managériale qui voulait mettre fin à la codirection ; résultat, écrit Le Monde,  « cela s’est traduit, en septembre 2014, par une grève de deux semaines, les pilotes refusant à l’époque la création de Transavia Europe, filiale low cost européenne d’Air France. Du jamais vu ! »

La détermination tant du président François Hollande que de son premier ministre Maule Valls à dénoncer les actes de violence et à soutenir les responsables d’Air France n’enlèvent rien à l’acuité de la crise qui secoue le fleuron du transport aérien français et européen, Air France. Une crise qui risque de connaître d’autres moments forts, avec notamment ces «5000 suppressions de postes encore dans les soutes» d'Air France, annoncées ce mercredi par l’hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné. Les principaux syndicats se retournent de nouveau vers l’Etat, qui de son côté ne veut pas brancher. Un état d’esprit révélateur.

Cherbal E-M

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