Histoire

Guelma-La ville martyre, les hécatombes: Le jour de la victoire dans la ville martyre

Publié par DK News le 11-03-2014, 16h16 | 136
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Nous avons décrit l’atmosphère de plus en plus trouble qui régnait à Guelma depuis le mois d’avril 1945 déjà, et que l’attitude ouvertement provocatrice du tueur d’hommes. Achiary, aggrave considérablement au cours de la manifestation du 1er mai. Au risque de passer sous silence certains incidents survenus à partir de ce jour dans la ville martyre, attachons-nous sans plus tarder à évoquer la période la plus tragique.

Le cortège des « Amis du Manifeste » s’ébranla quelques minutes après. Pénétrant en ville par la porte des Souks, il longea la rue d’Announa, tourna rue Medjez Amar, atteignit la rue Saint-Augustin, traversa la rue des Anciens - Combattants et se projeta sur la place, imposant, jeune et marchant fièrement, mais discipliné, silencieux, parfaitement calme et parfaitement digne.

Une femme métropolitaine nouvellement arrivée à Guelma, ne put, en les voyants, retenir cette exclamation « Oh ! la belle fantasia ». Achiary était à côté d’elle. Il venait de terminer son discours qu’il avait prononcé sur le kiosque à musique, construit au centre de la place. Il sauta, vint vers la femme et lui dit, visiblement nerveux ou… trop heureux : « Vous allez la voir votre belle fantasia, vous allez la voir ! Pour qu’une fantasia soit vraiment belle, il lui faut de la poudre… »

Puis il se dirigea d’un pas rapide vers les manifestants, qu’il atteignit tout au haut de la rue des combattants, près du bâtiment de la gendarmerie. Il leur fit signe de s’arrêter. Ils s’arrêtèrent. De quoi s’agit-il ? Quel est l’objet de ce défilé ? demanda-t-il.

L’un d’eux lui répondit à peu près ceci : C’est un hommage solennel que nous venons de rendre aux millions de morts de la guerre, à laquelle l’Algérie et les algériens ont largement participé.
En tête du défilé, quelques manifestants portaient des pancartes où se lisaient les inscriptions suivantes :  « Vive la Victoire des Alliés », « Vive la Charte de l’Atlantique » « Libération inconditionnelle de Messali ».

D’autres brandissaient des drapeaux français, soviétique, américain, anglais auxquels ils avaient joint les couleurs algériennes. Ce fut de dernier emblème qui provoqua tout particulièrement la fureur d’Achiary, qui eut un bref colloque avec les manifestants :  « Ce cortège, lui déclareront-ils, est populaire et spontané. Il ne veut point attenter à l’ordre public.

Mais nous avons le droit de célébrer la victoire à laquelle l’Algérie a participé et d’apporter notre hommage à tous les morts de la guerre de libération parmi lesquels nous comptons des milliers de nos frères. Nous vous demandons de nous laisser aller jusqu’au monument aux morts pour y déposer une gerbe et nous recueillir ». 
Autour d’Achiary, de nombreux agents de police et gendarmes ostensiblement armés, les troupes de la garnison équipées et sur le pied de guerre, enfin de nombreux civils européens, en particulier les conseillers municipaux et les maires des villages environnants, venus assister à la cérémonie dans le chef-lieu, étaient rassemblés, menaçant et hostiles. 

Ils représentaient tout l’appareil colonialiste avec sa puissance, ses moyens d’agression et de répression. En face, le cortège pacifique et désarmé des Musulmans offrait pour toute force, sa foi en sa cause et sa résolution de témoigner par sa présence, de la présence de l’Algérie entière en ce jour de victoire et d’espérance.

C’est alors qu’Achiary, se sentant le plus fort, résolut d’agir. En bon policier, il avait dans la poche arrière de son pantalon un revolver chargé. Relevant le pan de sa veste, il le sortit, bredouillant et ininstinguible - sans doute à dessein- il fit mine de sommer par trois fois le cortège de se disloquer. Sommation inutile, les manifestants n’étant pas armés, mais vaine aussi, en raison de l’impossibilité où se trouvait toute cette masse de s’éparpiller immédiatement dans les rues étroites. Ce fut l’affaire d’un instant. Brandissant son arme, Achiary fit feu sur les couleurs algériennes. Et sur le champ, il se retourna vers ses agents, leur commandant de faire feu à leur tour.

Il fut obéi non seulement par la police mai aussi par les civils européens tous préalablement armés. Une véritable fusillade retendit dans la ville. La plupart des coups de feu furent tirés en l’air. Mais beaucoup visèrent les manifestants qui, devant l’attaque imprévue, commencèrent à se débander. Le désarroi s’empara de la foule. 

Une brève panique s’ensuivit, à la suite de laquelle on devait relever six blessés musulmans, grièvement atteints et deux européens piétinés et bousculés. Rapidement cependant les manifestants se dispersèrent. Guelma dans la soirée reprit son calme.

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