L’Otan est en train de poursuivre dans les pays du sud de l’Union européenne ses plus importantes manœuvres depuis 2002, l’année d’après les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par Al Qaeda contre les Etats-Unis.
Dix ans plus tard, l’intervention des forces alliées n’a pas encore atteint ses objectifs par l’élimination des groupes talibans. Ces manœuvres n’ont pas pour but de parachever la lutte contre Al Qaeda dans ce pays asiatique et lointain, les derniers soldats européens sont déjà rentrés chez eux ce mois d’octobre.
Le souci de l’Alliance Atlantique est se protéger contre un ennemi, la Daesh, qui a porté cette guerre à ses portes, en Méditerranée, contre son flanc sud, ciblant en priorité l’Espagne et l’Italie. Ces deux pays abritent les principales bases opérationnelles de l’Otan dans la région pour tenter de neutraliser une cellule de 2000 hommes fortement armés implantée en Libye sur le modèle des groupes de l’Etat Islamique (EI) en Irak et en Syrie.
Daesh à ses portes
Depuis Saragosse où il présidait, en début de semaine, ces manœuvres militaires, le Secrétaire Général de l’Otan, M.Jens Stoltenberg, a alerté d’un « danger terroriste imminent » en Méditerranée, «L’instabilité et les risques identifiés sur la rive sud de la Méditerranée sont aux frontières de l’Otan », a-t-il averti.
Engagée depuis 2002 dans plusieurs coalitions sur plusieurs fronts, en Asie, au Sahel, en Afrique et au Moyen Orient, l’Alliance Atlantique veut avoir désormais avoir une vision globale, « à 360º », estime-t-on dans ce milieu. Le moment est à la rénovation du matériel de guerre. Devant la menace persistante de l’Etat Islamique, l’Alliance Atlantique a anticipé la commande aux Etats-Unis de cinq Drones de type Global Hawk. Ces appareils seront utilisés depuis la base italienne de Sigonella pour surveiller les mouvements des groupes affiliés à l’Etat Islamique le long la rive sud de la Méditerranée.
Autre pays ciblé, comme l’Italie, l’Espagne avait commandé, le mois d’octobre dernier, 4 drones de type Reaper aux Etats-Unis pour assurer la sécurité de son territoire.
L’Alliance Atlantique mobilise ses effectifs. Sa Force de Réaction Rapide FRR), constituée de 40.000 soldats, et la nouvelle Force de Haute Disponibilité (en anglais VJTF) qui a été créée, récemment, pour «démontrer à la Russie la détermination des pays de l’Otan à défendre les alliés de l’est de l’Europe », ont été, elle aussi, mise en état alerte. Si l’Italie sert de base à la première force, l’Espagne prendra, à partir du 1 janvier prochain, le Commandement Opérationnel de VJTF dont les effectifs pourraient être portés à 40.000 soldats selon la gravité de la crise.
Les réseaux de soutien de l’Etat Islamique
Or l’ « ennemi commun » ne se trouve pas toujours ailleurs, mais, souvent, à l’intérieur même des pays du sud européen. Les opérations policières contre les réseaux de recrutement de candidats au « djihad » se sont multipliées depuis les attentats du 11 janvier dernier à Paris. Selon un bilan des activités antiterroristes établi par les experts « l’Espagne est, avec la France, leader en Europe de la lutte contre le terrorisme ». La police et la gendarmerie espagnoles ont procédé, cette année, à 87 arrestations pour « activités de terrorisme », dont 60 l’ont été sur le territoire espagnol et le reste « en collaboration avec les forces de sécurité étrangères ».
Ces derniers jours, 3 marocains qui se livraient à « la préparation d’actes de terrorisme en Espagne » ont été arrêtés à Madrid.
Ces individus « étaient prêts à passer à l’acte », affirme le Ministre espagnol de l’intérieur, M.Jorge Fernández Díaz.
Depuis le début de l’actuelle législature espagnole qui a commencé le mois de novembre 2011, les forces de police et de gendarmerie espagnoles ont procédé à 162 détentions, dont la plupart a été mise en examen pour « appartenance aux réseaux de soutien à Daesh ».
Parmi ces personnes figurent une quinzaine de jeunes filles, souvent des mineures, dont des espagnoles converties à l’Islam, qui ont été arrêtées au moment où elles s’apprêtaient à quitter le territoire espagnol pour la Syrie, via la Turquie. Au total, 626 suspects de terrorisme ont été arrêtés depuis les attentats du 11 mars 2014 à Madrid. Selon un autre rapport, publié le mois de juillet, par de l’administration pénitentiaire espagnole, 170 islamistes sont actuellement incarcérés en Espagne.
Mais le plus dur pour l’Otan est d’avoir une stratégie adaptée à l’avancée de Daesh en Libye où l’Accord sur le Gouvernement d’Union intervenu le 9 octobre à Skhirat n’a été paraphé ni par le parlement de Tobrouk, ni par celui de tripoli. Les experts avertis estiment que, dans ce cas, c’est à dire sans une autorité libyenne capable d’imposer son autorité sur l’ensemble du territoire national, le danger de voir se consolider la menace terroriste contre le flan sud de l’Europe sera toujours grandissant. Une solution politique consensuelle inter libyenne constitue donc la première condition de sécurité dans la région. C’est à cela que l’Algérie avait appelé depuis le début de la crise politique en Libye.
Hamid A
