Monde

Avion russe abattu par la Turquie : Moscou qualifie l'incident d'« acte criminel téméraire »

Publié par DK News le 25-11-2015, 21h01 | 19
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Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a qualifié hier d'"acte criminel téméraire" le bombardement turc de l'avion russe à la frontière syro-turque.

"Ces dégâts seront difficilement réparables", a déclaré M. Medvedev, cité par l'agence de presse Tass. "Leurs conséquences directes pourraient se traduire par l'arrêt d'un nombre important de projets communs et par la perte de parts occupées par des sociétés turques sur le marché russe", a-t-il poursuivi.

Mardi, la Turquie a abattu un avion militaire russe qui avait, selon elle, violé son espace aérien à sa frontière avec la Syrie. Ce que dément catégoriquement Moscou.


Ankara veut éviter toute « escalade » avec Moscou

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré hier que son pays veut éviter toute "escalade" avec la Russie après l'incident au cours duquel l'aviation turque a abattu mardi un chasseur-bombardier russe près de la frontière avec la Syrie. "Nous n'avons absolument aucune intention de provoquer une escalade après cette affaire", a déclaré M. Erdogan devant un forum de pays musulmans réuni à Istanbul, "nous défendons seulement notre sécurité et le droit de notre peuple", a-t-il poursuivi.

M. Erdogan a de nouveau justifié le recours à la force par les F-16 turcs en répétant que le Sukhoï Su-24 russe avait été sommé "10 fois en 5 minutes" de quitter la frontière. Il a également affirmé que les Turcs ignoraient la nationalité de l'avion au moment d'ouvrir le feu. "No us avons été informés de la présence d'un avion à la nationalité inconnue", a indiqué le chef de l'Etat turc.

L'appareil russe abattu par la chasse turque s'est écrasé dans l'extrême nord-ouest du territoire syrien, au nord de Lattaquié, théâtre depuis plusieurs jours de violents combats entre l'armée syrienne, soutenue par l'aviation russe, et des groupes armés.


Appels internationaux à la désescalade

Des tensions entre la Russie et la Turquie sont survenues après que l'armée turque ait abattu un avion militaire russe à la frontière syrienne, Moscou condamnant une violation flagrante du droit international et Ankara revendiquant son droit à protéger ses frontières, alors que la communauté internationale appelle à éviter une escalade.

La Turquie a abattu mardi un avion militaire russe, Sukhoï Su-24, qui avait, selon elle, violé son espace aérien à sa frontière avec la Syrie. Ce que rejette catégoriquement Moscou, qui assure que son avion de chasse n'a pas pénétré dans l'espace aérien turc et que l'armée turque n'a pas tenté d'entrer en contact radio ou visuel avec l'appareil russe avant de l'abattre.

Ejectés de l'avion, un des deux pilotes est mort dans les airs alors qu'on lui tirait dessus depuis le sol, alors que le second a été secouru hier après une opération spéciale menée conjointement par les forces syriennes et russes, selon la Défense russe qui a déploré la perte mardi d'un soldat russe lors d'une tentative de sauvetage avortée.

Cette succession d'évènements a été fermement condamnée par la Russie, qui a indiqué cesser tous les contacts militaires avec la Turquie et annoncé que le croiseur Moskva de la flotte russe, équipé de systèmes antiaériens, allait mouiller près de la province de Lattaquié, dans le nord-ouest de la Syrie. "Toutes les cibles représentant pour nous une menace potentielle seront détruites", a averti le général russe, Sergueï Roudskoï, précisant que les bombardiers russes qui ont entamé leur mission anti-terroriste en Syrie le 30 septembre à la demande de Damas, voleront désormais sous la protection de chasseurs. La Russie a également annoncé le déploiement de systèmes de défense antiaérienne S-400 sur sa base aérienne de Hmeimim en Syrie.

 

La Russie en colère

Le président russe, Vladimir Poutine, a très vivement réagi à l'action de la Turquie, dénonçant un "coup de poignard dans le dos qui nous a été porté par les complices des terroristes".

"Notre avion, nos pilotes ne menaçaient nullement la Turquie", a souligné M. Poutine, relevant que "cet événement tragique allait avoir des conséquences sérieuses sur les relations russo-turques". Le Premier ministre, Dmitri Medvedev, a pour sa part prévenu la Turquie des conséquences économiques d'un "acte criminel téméraire", estimant que "ces dégâts seront difficilement réparables".

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a lui annoncé l'annulation de la visite qu'il devait faire mercredi en Turquie, et a déconseillé aux Russes de se rendre en Turquie, une de leurs destinations touristiques favorites.

La Turquie fait valoir son droit à protéger ses frontières

Alors que les condamnations fusent côté russe, Ankara a de nouveau justifié mercredi le recours à la force par les F-16 turcs en répétant que le Su-24 russe avait été sommé "10 fois en 5 minutes" de quitter la frontière.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a néanmoins assuré vouloir éviter toute escalade avec la Russie après cette affaire, réitérant "défendre seulement la sécurité et le droit de son peuple". La veille, M. Erdogan avait souligné que "tout le monde devait respecter le droit de la Turquie à protéger ses frontières", condamnant "fermement" l'intensification des attaques contre les Turkmènes, des Syriens turcophones.

La Turquie avait dénoncé en fin de semaine dernière "des bombardements russes qui visent des villages de civils turkmènes" et demandé "l'arrêt immédiat de cette opération". La diplomatie turque avait alors convoqué l'ambassadeur de Russie à Ankara.

 

Appels internationaux à la désescalade

Le président turc a convenu mardi avec son homologue américain Barack Obama de "l'importance de désamorcer les tensions et de faire en sorte d'éviter de nouveaux incidents similaires". M. Obama a souligné lors de cet échange téléphonique que le droit de la Turquie de défendre sa souveraineté était "soutenu par les Etats-Unis et l'Otan".

Les deux dirigeants ont également exprimé leur engagement en faveur d'un processus politique de transition vers la paix en Syrie, ainsi que leur détermination commune à combattre le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique".

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a aussi appelé "au calme et à la désescalade", répétant qu'"il s'agissait d'un incident sérieux" et qu'"il fallait éviter que la situation échappe à tout contrôle". Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a quant à lui demandé à la Russie et à la Turquie de faire preuve de "prudence" et de "bon sens". L'Iran, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a averti que cet acte était "un mauvais message aux groupes terroristes" soulignant "le caractère sensible de la situation en Syrie et son effet sur la paix et la sécurité mondiales, ainsi que la nécessité d'une lutte internationale unie pour combattre le terrorisme".

Pour faire face aux groupes terroristes, notamment Daech/EI, la Russie s'est dit "prête" à "constituer un état-major commun" contre le groupe radical, incluant la France, les Etats-Unis et même la Turquie.

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