On ne peut évoquer le développement du secteur de la santé sans parler d’une bonne gestion des risques et d’une meilleure qualité des soins dans nos établissements hospitaliers, ont affirmé, samedi, à Sétif les spécialistes au 1er Congrès international consacré à ce sujet. Il ne suffit plus uniquement de soigner et de prendre en charge les malades sans en améliorer les prestations et réduire les risques.
Durant deux jours, le samedi et dimanche, l’auditorium Mouloud Kacem Naît Belkacem de l’université Ferhat Abbas Sétif 1 a abrité le 1er Congrès international de gestion des risques et qualité de soins et par la même occasion le 7e Forum paramédical international sous le thème de ‘’ Partager pour améliorer l’offre de soins’’. Organisé par le Centre hospitalo universitaire Saadna Abdenour de Sétif, ces rencontres ont vu la participation de grands communicants de haut niveau, des spécialistes et experts en la matière venus des différentes structures hospitalières d’Algérie, du Canada, du Niger, de France et de Tunisie. Ce rendez-vous médical et scientifique, le premier du genre en Algérie a été aussi animé sous forme d’un cycle de formation à l’attention des professeurs, des maitres-assistants, des résidents en médecine, des infirmiers, des stagiaires en paramédicaux, présents en force dans la salle.
Près d’une centaine de communications entre affichés, posters et orales ont traité de différents thèmes tels que la qualité des soins en cancérologie, la culture de gestion des risques, le comment impliquer les professionnels de la santé dans la qualité et la sécurité des soins, apprendre à mieux communiquer avec le patient, les méthodes d’analyses et de gestions des risques en santé, la sécurité transfusionnelle, l’intérêt de l’identitovigilance, de la pharmacovigilance et de la matériovigilance, le dossier électronique du malade etc.
Pour le directeur général du CHU de Sétif, Nourredine Belkadi, ce 1er Congrès international de gestion des risques et de la qualité et la sécurité des patients placé sous le haut patronage du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière est un des sujets faisant partie de la priorité du programme du ministère. ‘’ Combien même, déclare-t-il, avant la parution des textes et la modification des organigrammes pour créer ces services qui seront les gestionnaires et les responsables de la politique de la qualité des soins, il a semblé opportun au CHU de Sétif de créer un tel organisme, d’ailleurs bien géré par M. Arif qui est en train de faire un travail formidable en matière de risques, de la qualité et de la sécurité du patient. Avec cet organisme et cette organisation au CHU de Sétif, on gère les risques on assure, on fait de notre mieux pour assurer les soins de meilleurs qualités, la sécurité des patients et cela reste notre priorité’’.
Interrogé sur le sujet, le premier responsable de l’organisme de gestion des risques et qualité de soins, formateur des formateurs au niveau du CHU de Sétif, Salah Eddine Arif, souligne :’’ Cet organisme a été crée le 19 juin 2015 par le directeur général du CHU de Sétif, vu la nécessité de son existence dans les structures de santé algérienne et ce, pour normaliser les secteurs de santé au niveau de Sétif. Ce sont des services qui doivent bénéficier d’une autonomie totale loin de toute pression, vu la décision qui peut mettre en péril en cas de mauvais jugement, la vie des malades, la sécurité des patients et du personnel en même temps, de l’équipement et des infrastructures’’.
Et de poursuivre : ‘’C’est un organisme qui s’occupe de tout ce qui appartient à l’hôpital et son environnement, du malade à l’employé, au matériel à la pharmacie, au sang. Depuis le 19 juin, cet organisme a fait pas mal de démarches, parmi elles, celles de pharmacovigilance et la déclaration des effets indésirables liés à un traitement. Il y a aussi la matériovigilance et l’état du matériel et en même temps aussi les infrastructures liées à l’eau, à l’étanchéité et tout. Il dépend de la direction générale, mais autonome dans ses décisions’’. ‘’Actuellement, ajoute-t-il, il y a une équipe sur place formée par le ministère de la Santé. Personnellement, j’ai suivi une formation au niveau de Paris par les journées internationales de la qualité hospitalière de la santé. Donc, nous avons pris un peu d’avance en matière de qualité et sécurité des soins, par rapport aux autres établissements hospitaliers algériens’’.
Quant à son objectif principal, il dira : ‘’ C’est le partage d’information pour une meilleure formation des médicaux, paramédicaux, des administratifs etc. De par le nombre de participants de tous bords, toutes catégories confondues, tout cela pour dire que la qualité des soins et la gestion des risques au niveau des hôpitaux algériens, n’est pas l’affaire d’un infirmier, un médecin ou autres, c’est le travail d’une équipe. L’autre point essentiel, c’est l’institutionnalisation. Il faut que cet organisme soit cadré par une règlementation algérienne de la tutelle pour qu’il soit dans tous les hôpitaux algériens, il faut qu’il y ait des structures, et des organismes des risques au niveau de structures de santé algériens’’.
1.348 nouveaux cas de cancer enregistré en 2014 à Sétif.
Abondant dans le même sens, le Pr. Mokhtar Hamdi-Chérif : Médecin-chef du service de prévention au CHU de Sétif et coordinateur régional du registre du cancer notera : ‘’ C’est une journée qui a pour objectif la qualité des soins, c’est en principe la partie intégrée et intégrante de toutes les activités aussi bien de prévention, que de dépistage, et de prise en charge. On a parlé du plan cancer, on a étalé les thèmes et les communications sur tout ce qui peut découler et d’apporter les meilleures qualités de soins, comme exemple la prise en charge du cancéreux. C’est une maladie chronique ou la qualité des soins commence depuis la première consultation chez le médecin généraliste en passant par tout le protocole radiothérapie, chimiothérapie, chirurgie etc. jusqu’il revient chez le médecin généraliste’’.
Et d’ajouter : ‘’ Notre objectif c’est toujours pour une meilleure qualité de soins pendant et après un traitement anti cancer. On ne peut pas parler de prise en charge de n’importe quelle maladie et notamment les maladies chroniques non transmissibles, sans parler et sans aller avec tout le courage pour mettre à niveau d’une qualité de soins comparée à d’autres pays. C’est aussi apporter toutes les solutions et tout ce qui est dans l’amélioration de ces risques. J’ai apporté une vision de la qualité de soins à travers le plan cancer dans la wilaya de Sétif. Qu’est-ce qu’on attend de ce plan cancer, qu’est-ce qu’il a apporté jusqu’à présent et qu’est-ce qu’on attend de lui aussi bien dans la prévention que dans le dépistage des cancers des seins les plus importants, dans la prise en charge des cancers dans notre wialya de ce qui est à accélérer parce que on a un centre anti cancer’’.
Il est à rappeler malheureusement que dans la wilaya de Sétif, on enregistre entre 1.300 et 1.500 nouveaux cas par an. Au 31 décembre 2014, il y a eu 1.348 nouveaux cas. Chez la femme il y a le cancer du sein qui prédomine et qui augmente chaque année. Chez l’homme se sont les cancers liés au tabagisme, comme les cancers du poumon, de la vessie, les colorectaux pour lesquels le plan anti cancer a donné une grande priorité.
Lors de cette rencontre, l’épidémiologiste et directrice des activités médicales et paramédicales du CHU de Sétif, la Pr. Bouaoud Souad, a traité du thème tournant autour de la lutte conte le tabagisme, l’un des volets les plus importants du plan anti cancer. Dans son intervention, elle indiquera que ‘’ Le tabac est l’un des premiers problèmes de santé publique mondiale. L’objectif pour limiter les risques reste la prévention des citoyens, dans le milieu scolaire et du travail. Le quart des élèves fume dans les paliers moyen et secondaire, dans le milieu du travail, ils sont 26% de travailleurs qui fument, dans le milieu de la santé 18% tous corps confondus et dans le milieu universitaire 9%, Ce qu’il y a de bien c’est que 70% de ces fumeurs veulent arrêter de fumer. Nous insistons sur la prévention pour éviter les risques’’,
A la question de savoir comment réduire les risques, le directeur de la qualité et gestion des risques à l’hôpital Pierre Rouques de Paris en France, Farès Belal nous déclare : ‘’ Pour réduire les risques, il faut déjà les connaitre. On ne peut pas les connaitre sans la formation, et ce genre de journées participent à le faire, notamment les professionnels dans les hôpitaux, les médecins, les paramédicaux, les directeurs etc. Il faut aussi une stratégie global dans l’hôpital qui ne peut-être menée que par le directeur. Il faut identifier les risques, connaitre à quoi on est confronté à l’hôpital, comment les maitriser, puis former les gens, les méthodes à appliquer, et surtout les prévenir’’. ‘’ La protection du malade à travers un environnement sain répondant aux normes internationales, notamment en matière d’hygiène, le respect des conditions requises lors de leurs transferts, la maintenance des équipements médicaux, ainsi que la gestion des équipes médical et paramédical est une partie importante de la bonne maîtrise de la gestion des risques dans les structures de santé. Comme dit l’adage, mieux vaut prévenir que guérir. Comme je le constate aussi, ces journées de Sétif sont très riches en formation où il faudrait sortir avec des recommandations que l’on doit appliquer dans les hôpitaux, a-t-il conclu’’.
Il est à noter que lors de ces deux journées, parallèlement aux communications, il y a eu la constitution de sept ateliers de formation continue traitant différents thèmes liés à celui du congrès.
Azzedine Tiouri
