Monde

Fin de la COP21 de Paris : Enfin une justice climatique ?

Publié par Cherbal E-M le 12-12-2015, 22h30 | 54
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«La France vous conjure d’adopter cet accord» ; une sorte de «supplique»  traduisant tout l’engagement de François Hollande qui a mis tout le poids de la France, le sien également, pour voir naître cet «accord historique», même à minima sur le réchauffement climatique.

«Le 12 décembre 2015 peut être une grande date pour l’humanité, un message de vie. Et je serais personnellement heureux, presque soulagé, fier, qu’il soit lancé de Paris, ce message-là, car Paris a été meurtri il y a tout juste un mois, jour pour jour. Nous vous demandons donc d’adopter le premier accord universel sur le climat de notre histoire. Il est rare d’avoir dans une vie l’occasion de changer le monde, saisissez-la, pour que vive la planète, vive l’humanité et vive la vie» a-t-il déclaré à la cérémonie de présentation du texte d l’accord.

Les traits tirés par des nuits sans sommeil, entouré par le président François Hollande et le secrétaire générale des Nations unies, Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères français, et président de la COP21, a présenté les grandes lignes du projet d’accord soumis aux 195 délégations réunies à Paris depuis 3 semaines pour trouver un accord sur le réchauffement climatique. La voix nouée par l’émotion, à la limite des larmes, Fabius a dit tout l’espoir fondé en ce texte qui, a-t-il déclaré « reconnaît la notion de justice climatique et tient compte des capacités respectives de chaque pays à s'adapter à la lutte contre le changement climatique».

L’annonce samedi matin tôt par l’Elysée du déplacement de François Hollande au Bourget pour assister à la séance finale de la COP21 de Paris, a sonné l’avènement d’un accord entre les délégations qui se sont échignées depuis plus d’une dizaine de jours pour trouver un accord sur la réduction de l’effet de serre. Les négociations ont été longues, dures et éreintantes pour les chefs de délégations, dont certains parmi les pays développés ont du faire intervenir leurs chef d’Etats pour faire avancer les positions. Les présidents américains et chinois ont dû échanger par téléphone pour dire au monde leur détermination à trouver un accord pour lutter le réchauffement climatique de la planète. Comme à Copenhague en 2009, les négociations n’ont pas manqué de thèmes de divergences. D’autant que l’accord de ce genre est universel et qu’il doit être adopté pour cela par consensus, sans   aucune voix discordante d’un quelconque pays que ce soit.

Le niveau de plafonnement du réchauffement a été l’un des grands points de divergence. A Copenhague, les négociateurs avaient reçu comme mandat de travailler sur un seuil de 2° C comme seuil au-delà duquel le réchauffement serait difficilement gérable pour la planète. Mais des petits Etats insulaires, dont les territoires sont menacés de disparition par le réchauffement climatique ont demandé de baisser le seul du plafond à 1,5°C. Tenant compte de l’échec de 2009, les négociateurs sont parvenus à Paris à une formule consensuelle qui place la barre d’un plafond universel «bien en dessous de 2°C» avec la promesse de «poursuivre les efforts pour limiter une hausse des températures à 1,5°C d’ici 2100». Sans être contraignant, le texte de l’accord renvoie les Etats à des stratégies nationales susceptibles d’une évaluation dès 2025, pour espérer réduire les émissions de CO2 à 44 milliards de tonnes, vers 2030, au lieu des 55 milliards contenus dans les engagements en vigueur jusqu’à présent. Les associations écologistes ont timidement applaudi préférant demander un plan d’action avec échéanciers.

Seconde grosse épine sur le chemin des négociateurs, la «responsabilité commune mais différenciée» des Etats ; un principe posé en 1992 par la Convention-cadre des Nations unis sur les changements climatiques qui impute la responsabilité du réchauffement climatique aux pays industrialisés et leur fait supporter la charge de la lutte contre le réchauffement climatique.

Parlant au nom d’une vingtaine de pays en développement, le Malaisien Gurdial Singh Nijar a réitéré une revendication selon laquelle « l’action climatique incombe en priorité aux pays développés puisqu’ils sont historiquement responsables des émissions de gaz à effet de serre », souligne le site du quotidien français lemonde.fr

Pour le ministre indien de l’environnement qui va dans le même sens, un « accord durable ne peut pas être élaboré en diluant les responsabilités historiques et en mettant les pollueurs et les victimes sur le même plan », selon lemonde.fr qui mentionne par ailleurs le souhait des pays développés de voir des pays émergents, comme la Chine, le Brésil et l’Inde prendre part à cet effort de limitation de l’effet de serre.

Corollaire de la différentiation des responsabilités, les conditions de financement de cet effort universel de réduction des gaz à effet de serre ont également constitué une autre source de divergence en ce qui concerne les modalités de comptabilisation, la répartition entre les efforts de limitation et ceux nécessaires à l’adaptation et enfin sur les sources de financement. La complexité des négociations se traduit par la formulation du draft de l’article de l’accord relatif au financement :  « les pays développés doivent fournir des financements [nouveaux], [additionnels], [adéquats], [prévisibles], [accessibles], [durable] et [croissants] pour assister les pays en développement en matière d’atténuation et d’adaptation », autant de qualificatifs qui dénotent la difficulté à trouver un terrain d’entente. Face à la promesse des pays développés de débloquer 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 au profit des pays pauvres pour faire face aux impacts du dérèglement climatique, des exigences de précision et de surcroit d’engagement se font entendre. Se référant à une étude de l’OCDE, citée par lemonde.fr, qui évalue « à 62 milliards de dollars les montants Nord-Sud collectés en 2014 », la ministre brésilienne de l’environnement a déclaré : « Je ne dis pas que les chiffres avancés par l’OCDE ne sont pas les bons. Mais nous voulons un accord (…) qui permet de savoir quel est le montant réel» des efforts financiers nécessaires pour le climat. Le texte final a fini par considérer les 100 milliards de Dollars promis comme un plancher, avec un engagement de le réviser dès 2025. Sur la question des pertes et dédommagements réclamés par de nombreux pays, notamment pauvres du sud de la planète, les négociateurs ont porté une mention en dehors du texte de l’accord, pour dire, comme l’exigeaient les Etats Unis que l’accord ne donne aucun droit aux pays ayant subi les effets du réchauffement climatique de poursuivre les pays ayant le plus produit de gaz à effet de serre pour leur demander des compensations.

Dans la capitale française, les associations écologistes ont fait étendre leur voix pour dire leur empressement de voir s’installer un calendrier pour la mise en place de cette «transition énergétique» vers les énergies renouvelables, et l’amorce de la «décarbonisation» de la planète. Néanmoins, le directeur de Green Peace international Kumi Naidoo a estimé que « La roue de l’action tourne lentement, mais à Paris elle a tourné. Le texte place clairement les industries des énergies fossiles du mauvais côté de l’histoire ».

Cherbal E-M

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