
C'est l'Algérie tout entière qui salue le militant, le moudjahid, l'homme. Le décès de Hocine Aït Ahmed a été ressenti durement par les Algériens, mais également par les partis politiques qui ont été unanimes à relever le combat de ce moudjahid infatigable pour les valeurs de la République.
Pour la défense des droits de l'homme et la démocratie, le fondateur de l'Organisation spéciale, qui a enfanté le FLN, le bras politique de l'Armée de libération nationale, qui a bouté hors d'Algérie le colonialisme français, aura ainsi rassemblé ennemis et partisans sur son combat.
Tous les dirigeants politiques ont reconnu à ce moudjahid la qualité d'un chef charismatique, d'un preux défenseur des valeurs humaines, et d'un homme qui aura défendu ses principes jusqu'au bout. Hocine Aït Ahmed, dont le parti, le FFS, est l'un des grands animateurs de la vie politique nationale, a été également et surtout une icône de la Révolution, et un défenseur des intérêts de l'Algérie à l'étranger, en dépit de son opposition farouche à la manière dont l'Algérie était gouvernée. C'est ce combat sincère, patriote pour la démocratie en Algérie qu'a salué le président Bouteflika dans son message de condoléances à la famille de ce chef historique de la Révolution. Car le chef de l'Etat a rendu un hommage très sincère et amical à l'un des derniers historiques de la guerre de libération nationale. Son message sera d'autant émouvant lorsqu'il dit : «Il peine à l'Algérie de perdre une sommité de la trempe de Hocine Aït Ahmed dont les valeurs humaines, la finesse et l'intelligence politique ont éclairé un pan de l'histoire du militantisme algérien.»
Encore plus émouvant est le témoignage du président pour cette icône de la Révolution, lorsqu'il dit que «je ne saurais me consoler de la disparition de cet homme fidèle à sa patrie, soucieux de l'unité de sa Nation, courageux dans ses positions, attaché à ses principes, affable, constructif dans ses critiques, digne dans son opposition à l'égard de certains responsables dont il contestait le mode de gouvernance et la méthode de gestion.» L'hommage est sincère et transcende les divergences politiques, comme il recontextualise le combat politique de Hocine Aït Ahmed, entré dans la dissidence dès les premières années de l'indépendance nationale, lorsqu'il crée son parti, le FFS.
Le témoignage et la reconnaissance du parcours militant et politique de Hocine Aït Ahmed par le président Bouteflika sont en réalité un hommage à la vie de cet homme, qui n'a jamais, à aucun moment, bradé les intérêts de son pays, même dans la plus violente opposition, à quelques officines étrangères qui, pourtant, l'avaient approché.
Non, ce moudjahid que l'Algérie a perdu, n'a jamais, jamais, renié son pays, ni son peuple, comme beaucoup d'autres l'ont fait au nom d'une opposition qu'ils avaient menée contre leur pays. La reconnaissance de tous les courants politiques autant que les plus hautes autorités du pays à tout ce qu'il a fait et au combat pour la liberté mené par Aït Ahmed a pris en réalité la tournure de retrouvailles, de rappel pour tous les courants politiques qu'il n'y a qu'une seule Algérie. Qu'il faut défendre contre toutes les déviances, les excès, les menaces, d'ici et d'ailleurs.
Boualem Branki