
La poussière soulevée par les déclarations de la ministre de l’écologie Ségolène Royal n’est pas encore totalement retombée, mais l’Etat français, actionnaire du groupe Renault subit déjà les premières tempêtes, notamment boursières, de ce qui s’assimile à une affaire, plus médiatique que réellement scandaleuse.
Le site du quotidien liberation.fr rapporte les propos de Ségolène Royal la ministre de l’écologie, annonçant, au cours d’une conférence de presse organisée jeudi : «Les tests montrent de dépassements de normes, pour le CO2 et les oxydes d’azote, sur des modèles concernant plusieurs constructeurs étrangers et un constructeur français».
«Les premiers tests réalisés en France après le scandale de Volkswagen montrent en effet que certains véhicules diesel du premier constructeur automobile français dépassent les normes d’émission de dioxyde de carbone et d’oxyde d’azote, notamment le modèle Espace», rapporte le site du quotidien gratuit français 20minutes.fr. Il est néanmoins précisé qu’à la différence du cas du constructeur allemand, Renault n’est pas accusé d’avoir utilisé de «logiciel falsificateur».
Pour comprendre comment les normes ont été largement occultées par le constructeur français, des enquêteurs de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont effectué des descentes sur plusieurs sites de Renault. La Secrétaire du parti Europe Ecologie Les Verts a immédiatement considéré qu’on ne peut pas considérer «qu’il n’y a pas tricherie», même si beaucoup d’observateurs ainsi d’ailleurs que des organisations de la société civile militant pour le respect de l’environnement voient plutôt un effet écran de fumée plus qu’un véritable scandale. Les responsables de la marque au losange ont indiqué que leurs équipes «coopèrent pleinement aux travaux de la Commission Royal et aux investigations complémentaires décidées par le ministère de l’Economie», note le site du quotidien gratuit.
Pour rappel les tests ont été décrétés par Ségolène Royal au lendemain du scandale de Volkswagen accusé de dissimuler des logiciels tricheurs pour altérer les tests de pollution. Mais tout le monde sait que les normes sont loin d’être respectées, en considérant un certain nombre de données. D’abord une sous-évaluation lors des tests. «Il est étonnant que les émissions de NOx, dans les conditions du monde réel, dépassent la valeur d’homologation d’un facteur huit», note le cabinet d’expert néerlandais TNO, repris par le site liberaion.fr qui ajoute que selon «une étude publiée en septembre, juste avant le scandale VW, l’ONG européenne Transport&Environment affirmait qu’aucun grand constructeur automobile ne parvenait à respecter les normes pour leurs modèles diesel».
Me site web du quotidien liberation.fr pointe également «des tests d’homologation trop permissifs», en citant Béatrice Lopez de Rodas, directrice de l’UTAC-Ceram, organisme chargé des certifications en France, qui reconnait que ces tests «n’ont jamais eu la prétention de donner la consommation en usage réel, ils ne sont pas représentatifs». Sa déclaration a été faite en novembre dernier lors d’une séance d’audition au Sénat français. Le débat n’est pas encore terminé sur cette révélation de la ministre de l’écologie, et les premiers résultats se font déjà sentir, notamment au niveau de la bourse où, «la baisse jeudi a été vertigineuse pour le premier constructeur automobile français : sur l'ensemble de la journée, le titre Renault a perdu 10 %, avec un pic de 20 % en cours de séance», indique le site de l’hebdomadaire lepoint.fr.
Une dégringolade qui complique un peu plus les calculs du gouvernement français qui s’est porté acquéreur, au mois d’avril dernier de «14 millions d'actions Renault, pour un montant d'environ 1,2 milliard d'euros, à un prix d'environ 86 euros par titre, faisant passer sa participation dans le groupe français de 15,01 % à 19,74 %», souligne lepoint.fr qui précise que l’augmentation de la participation «au capital était cependant censée n'être que provisoire, le temps d'imposer l'application de la loi «Florange», qui garantit des droits de vote doubles aux actionnaires présents dans les entreprises depuis plus de deux ans».
La situation n’est pas propice aux yeux du gouvernement français pour revenir à un niveau de participation promis de 15%. Elle est mise à profit par certains pour souligner l’ambiguïté née du fait que dans cette affaire, l’Etat français est en même temps «actionnaire et gendarme».
Cherbal E-M