L'armée syrienne a repris dimanche le «contrôle total» de Palmyre (centre) des mains du groupe autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daech) qui tenait la ville depuis près d'un an, une victoire symbolique et stratégique contre cette organisation terroriste qui continue de cumuler les défaites.
Selon une source militaire, l'armée «contrôle entièrement la ville de Palmyre (inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco), y compris le site antique et la partie résidentielle», affirmant que Daech s'est «retirée» et «repliée vers Sokhné, Raqa et Deir Ezzor», leurs fiefs dans le nord et l'est de la Syrie.
Le temps est maintenant pour «désamorcer des dizaines de bombes et de mines à l'intérieur de la cité antique» qui contient des trésors détruits en partie par Daech, selon la même source.
L'armée, soutenue par l'aviation et les forces spéciales russes ainsi que par les forces progouvernementales, a lancé le 7 mars une offensive pour reprendre Palmyre à l'EI qui s'était emparé en mai 2015 de la ville et ses ruines antiques classées au patrimoine mondial de l'Unesco.
Il s'agit de la victoire la plus importante du gouvernement face à l'EI depuis l'intervention fin septembre 2015 dans le conflit de la Russie.
Daech est à l'origine de vastes destructions du patrimoine, en démolissant les plus beaux temples, dont ceux de Bêl et Baalshamin, détruits à coups d'explosifs.
Et en septembre, il a détruit plusieurs tours funéraires de la cité, avant de réduire en poussière le célèbre Arc de triomphe, symbole de l'essor de cette ville vieille de plus de 2.000 ans. Avant le début du conflit en Syrie en 2011, plus de 150.000 touristes visitaient cette oasis du désert située à 210 km au nord-est de Damas, aux 1.000 colonnes, aux statues et à la formidable nécropole de 500 tombes.
Au moins 400 terroristes tués depuis le début de l'offensive
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), «au moins 400 terroristes de l'EI ont été tués depuis le début de l'offensive». «Il s'agit du bilan le plus lourd pour l'EI dans une seule bataille depuis son émergence» en plein conflit syrien en 2013, a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire. «C'est une défaite symbolique pour l'EI semblable à celle de Kobané
(Ain El-Arab)», la ville kurde d'où les éléments de Daech ont été chassés par les forces kurdes appuyées par l'aviation de la coalition menée par Washington. Selon M. Abdel Rahmane, en perdant Palmyre, «l'EI perd automatiquement le grand désert syrien», et les forces gouvernementales pourront avancer vers la frontière avec l'Irak, contrôlée en grande partie par les terroristes.
En Irak, l'EI est aussi la cible d'une large offensive de l'armée irakienne qui cherche à reprendre son fief de Mossoul, la deuxième ville du pays située dans le Nord.Par ailleurs, au moins 26 soldats de l'armée syrienne ont été tués lundi dans une offensive contre Daech près de Palmyre. Selon l'OSDH, l'armée a été visés par 800 frappes aériennes depuis le début du mois de mars.
L'Unesco «salue» l'offensive pour libérer Palmyre,»ville martyre»
La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, s'était déjà félicitée jeudi dans un communiqué de l'offensive menée par l'armée syrienne pour tenter de reprendre la cité antique de Palmyre à Daech. «Depuis un an, le saccage de Palmyre est le symbole du nettoyage culturel qui sévit au Moyen-Orient», a souligné Mme Bokova. «La destruction des temples de Baal Shamin et de Bel, des tours funéraires et de l'arc de Triomphe sont des pertes immenses pour le peuple syrien et pour le monde», a rappelé la directrice générale de l'Unesco.
Soulignant que «la destruction délibérée du patrimoine est un crime de guerre», Mme Bokova a assuré que l'Unesco «mettra tout en oeuvre pour documenter ces dommages afin que ces crimes ne restent pas impunis».
A cette fin, l'organisation onusienne «se tient prête à se rendre rapidement sur place aux côtés des responsables des antiquités syriennes, dès que les conditions de sécurité le permettront, pour une mission d'évaluation des dommages et de protection du patrimoine inestimable de la ville de Palmyre», a-t-elle dit.
