La menace terroriste dans la région du Sahel reste «résiduelle» notamment dans le nord du Mali où trois soldats français ont été tués le 12 avril dans l'explosion d'une mine, a estimé vendredi le commandant de la force Barkhane, trois ans après le lancement de cette opération pour combattre les groupes terroristes dans la région.
«La menace reste résiduelle, mais avec une capacité de nuisance qui est toujours là», a relevé le général Patrick Brethous, après la mort de trois soldats français dans l'explosion d'une mine dans le nord du Mali.Il répondait à une question d'un journaliste de l'AFP «si on assiste à une recrudescence» de la menace terroriste, trois ans après le lancement de l'opération Serval.
Le commandant de Barkhane au Sahel estime que «ses soldats prendront d'autres coups» après la mort de trois d'entre eux le 12 avril au Mali, mais que les terroristent restent une «menace résiduelle».
«Quand on est en guerre, on porte des coups à l'adversaire et parfois l'adversaire vous en porte», a-t-il expliqué.
«Au nord du Mali, nous sommes confrontés principalement à la menace des mines, des engins explosifs improvisés. Il n'y a plus de katibas déployées en colonnes de pickup. Les groupes armés terroristes n'ont plus d'unités structurées aptes à combattre, hormis peut-être Ansar Dine», a-t-il dit.
En revanche «ils ont toujours de l'armement, ils ont de l'explosif, ils ont de l'argent parce qu'ils font des trafics. Ils vont payer un gamin 100.000 FCFA (150 euros) pour qu'il pose une mine sous les roues de la Minusma (Casques bleus) ou de Barkhane. Si jamais la mine fait sauter l'engin, il a 200.000», a-t-il ajouté.
«Ou alors, ce sont trois +allumés+ qui a Grand Bassam (Côte d'Ivoire) tuent 15 personnes sur la plage. Evidemment ce n'est pas très difficile à faire donc on a l'impression qu'ils reprennent l'initiative. Mais c'est peut-être justement parce qu'ils sont acculés qu'ils font cela. Ils n'ont plus de sanctuaires, ils ont quelques zones refuges dans le grand nord», a-t-il poursuivi. A une question comment faire face aux difficultés qui entravent les opérations de l'opération Barkhane, qui couvre un territoire grand comme l'Europe avec seulement 3.500 hommes et des moyens comptés, notamment en hélicoptères, il a répondu que «la troisième dimension (moyens terrestres et aériens) est le moyen principal pour surprendre l'adversaire».
«Ils nous fuient systématiquement, cherchent à frapper les +cibles molles+, les convois logistiques, les civils», a-t-il poursuivi, précisant que «La +3D+ permet de renseigner, puis de guider des unités au sol, soit des hélicos, soit des blindés, soit des pick-up de nos amis nigériens, pour intercepter des colonnes ou faire des opérations avec des commandos». A une question sur la «lenteur» dans la stabilisation de la situation dans le nord du Mali, et dans la concrétisation du processus de réconciliation nationale, il a répondu: «Vous connaissez des accords de paix qui se sont fait vite ? Non cela ne va pas vite, c'est la vraie vie».
Les groupes terroristes ont été en grande partie chassés du nord du Mali à la faveur d'une intervention internationale déclenchée en janvier 2013 avec l'opération Serval, remplacée depuis août 2014 par Barkhane. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.
