Régions

Sétif : Séminaire Développement La rente n’est pas une richesse

Publié par Azzedine Tiouri le 08-05-2016, 17h28 | 75
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La salle de conférences du Musée public national de Sétif a abrité, hier, un important symposium ayant pour thème : ‘’ Les contradictions des politiques de développement dans les pays arabes rentiers et les inégalités’’. Organisé et animé  par trois enseignants chercheurs de sociologie à l’université Mohamed Lamine Debaghine Sétif 2 en collaboration avec le Conseil arabe des sciences sociales, les Dr Driss Nouri, Kharchi Zinedine et Amokrane Abderrazak ont exposé et ensuite débattu d’un projet de recherche sur les dangers de la rente et ‘’ le développement qui ne signifie pas éliminer complètement les inégalités sociales’’, diront-ils.

La thématique porte sur l’étude des contradictions de la politique nationale de développement depuis l’indépendance à nos jours. ‘’ Cette dernière, soulignent-ils, a débuté avec des ambitions très généreuses mais finalement elle a produit un échec et renforcé les inégalités sociales, le cas de l’Algérie. Les inégalités dans les sociétés capitalistes trouvent leur racine dans le champ économique de la production.

En Algérie c’est la politique de l’Etat rentier et la distribution de la rente qui a créée et renforcé les inégalités entre les différentes catégories sociales. On est là pour étudier les formes des inégalités et les mécanismes de leur création par les différents mécanismes de la distribution de la rente par l’Etat’’.


En marge de la tenue du séminaire, nous avons voulu en savoir plus avec le Dr Driss Nouri, enseignant chercheur en sociologie à l’université Sétif 2 et l’un des animateurs de cette journée à laquelle ont assisté d’autres chercheurs, des enseignants universitaires, des  étudiants, le grand public…

DK News : Quel est l’objectif de cette rencontre?
D. Nouri : L’objectif c’est de débattre certains résultats sur les inégalités de la distribution de la rente qui est notre thème d’étude. Nous avons aussi un autre objectif, c’est de discuter de l’avenir du pays sur la rente et les dangers qu’elle représente. Il faut savoir que nous travaillons toujours dans l’intérêt du pays.

C’est aussi essayer d’attirer l’attention des décideurs, de tout le monde, du grand public sur les dangers de la dépendance vis-à-vis du pétrole. Que cette énergie à elle seule ne crée pas de développement, mais au contraire des inégalités dans la société voire même de la violence. S’il n’y avait pas la rente, la société s’occuperait d’elle même et produira de ce dont elle a besoin. On a tous les moyens pour diversifier notre économie.

C’est la rente distribuée pour certains objectifs politiques peut-être qui bloquent la diversification de la production et a induit à l’échec le processus de diversifier l’économie algérienne. Il faut toujours encourager le développement du champ de la production industrielle. Il faut laisser les gens investirent. C’est la seule solution et la seule alternative pour remplacer les hydrocarbures.

Que préconisez-vous pour réduire, sinon éliminer cette rente?
Certains experts ont proposé beaucoup de solutions entres autres est de remettre en cause cette politique de subvention. A qui profite cette dernière aux produits à large consommation par exemple. A qui profite la subvention du sucre, c’est là où se créent et se nichent les inégalités sociales. C’est la politique de l’Etat de subvention. Il faut la revisiter.

L’Etat se tourne vers d’autres développements économiques mis à part les hydrocarbures. N’y aura-t-il pas un changement positif et un autre discours à l’avenir?
Je crois qu’il y a un petit changement au niveau du discours comme nous l’avons eu durant les années 1985 à l’heure de la crise et la chute des hydrocarbures. Cela a été le même discours et la même ouverture qui a suivi cet échec de la politique de développement depuis les années 1970 à 1985. Le problème c’est que la rente a une logique qui s’impose sur le plan politique et économique. Si les prix du pétrole augmentent, l’Etat reviendra aux mêmes habitudes, pratiques, stratégies et le même développement. Il n’y aura pas de changement. Mais par contre si le pétrole continue de baisser à long terme, il y aura à ce moment-là un changement.

Vous en tant que sociologue comment voyez-vous ce changement de politique pour préparer l’après pétrole ?
Je pense qu’il y a continuité pour l’instant.

Mais on se dirige vers un autre cap pour remplacer les recettes des  hydrocarbures ?
On ne peut pas émettre de jugement pour l’instant, il faut attendre un peu pour voir, peut-être des années encore. Si cette politique de diversifier notre économie qui pourra s’étaler sur des années, il faut aussi lever les blocages bureaucratiques qui pourront peut-être apporter un changement, mais pour l’instant cela reste qu’un discours politique.                 

Pourquoi les sociologues voient toujours les choses différemment  de ce que voient les autres?
Peut-être que nos outils d’analyses sont différents. On analyse toujours  ce qui est derrière les choses plus profondément. C’est aussi la vocation de la sociologie de faire tomber des masques des discours, sur les pratiques, sur les politiques de l’Etat. C’est critiquer pour rénover et diversifier l’économie.   

Qu’attendez-vous au juste de cette rencontre?
On attend à ce que les gens soient conscients des dangers de la dépendance à la rente. Que celle-ci n’est pas une richesse. Au contraire elle constitue un danger et un obstacle de la diversification de l’économie.

Prônez-vous et tenez-vous ce même discours à vos étudiants à l’université ?        
Oui, c’est le même que nous tenons et prônons sur le plan de la recherche avec nos étudiants. Dans les séminaires, les diverses rencontres avec la société. Notre message passe aussi par l’intermédiaire des étudiants à chaque cours, séance ou  travaux dirigés que la dépendance à la rente qui est un danger qui bloque l’économie, la démocratisation de la société et qui crée des niches et des groupes de rentiers qui cherchent toujours l’argent facile et bloque les investissements.
  Entretien réalisé par A. T.

 

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