Le gouvernement belge a fait appel dimanche à l’armée pour faire face à la grève des surveillants qui paralyse les prisons de la région Wallonie-Bruxelles depuis 13 jours et a valu à la Belgique plusieurs condamnations pour violations des droits des détenus.
«L'assistance de l'armée est réquisitionnée dans les prisions bruxelloises et wallonnes, en vue de fournir un soutien humanitaire supplémentaire», a annoncé le cabinet du Premier ministre, Charles Michel dans un communiqué.
Au total, ce sont près de 200 militaires qui seront déployés dans différentes prisons en Belgique pour «permettre d'améliorer la situation des détenus dans les prisons impactées au niveau des droits de base», a expliqué le cabinet de Charles Michel. La décision a été prise sur proposition des ministres belges de l'Intérieur Jan Jambon et de la Justice Koen Geensen lors d’un Conseil des ministres restreint.
«Cette décision est nécessaire parce que les directions, les non-grévistes, la Protection civile et la Croix-Rouge sont sur le pont sans discontinuité depuis 12 jours dans les circonstances extrêmement difficiles causées par la grève générale dans les institutions pénitentiaires bruxelloises et wallonnes», a précisé encore le cabinet de Charles Michel.
Entamée le 25 avril dernier pour protester contre la baisse depuis plusieurs années du nombre d'agents, la grève des surveillants belges de prison s’est poursuivie dimanche après le rejet du protocole d'accord trouvé vendredi entre les syndicats d'agents pénitentiaires et le ministre de la Justice Koen Geens.
Dans certains établissements, des détenus se sont rebellés, comme à la prison d'Andenne ou de Lantin où ils ont incendié divers objets et saccagé le mobilier. «Les détenus de Lantin n'ont toujours pas eu à manger depuis hier midi. Ils sont déchaînés. Ils me font savoir qu'ils ont décidé de mettre le feu à la prison cette nuit. On frôle l'émeute. La vie des détenus de la tour de la maison d'arrêt est en danger. Il va y avoir des morts», averti une mère d'un détenu actuellement à la prison de Lantin, venue témoigner sur le plateau de la chaine de télévision RTL.
La section belge de la Ligue des droits de l'homme avait appelé jeudi dans un communiqué à «accélérer les discussions et (à) adopter des réformes structurelles d'urgence», dénonçant la « situation humaine intolérable que vivent les détenus dans le pays».
Les autorités belges ont été condamnées à plusieurs reprises dans la semaine à rétablir un régime de détention «conforme à la dignité humaine», comprenant notamment l'accès aux douches un jour sur deux ainsi qu'au moins deux visites familiales par semaine.
APS
