
Le bras de fer engagé par la Confédération générale du travail (CGT) avec le gouvernement français autour de la très controversée loi sur le travail s'est durcit mardi avec le blocage des six sur les huit raffineries et l'intervention des forces de l'ordre pour débloquer la situation. Les blocages de raffineries, par les travailleurs opposés à la loi sur le travail, provoquent depuis plusieurs jours des difficultés d'approvisionnement de stations-service, entraînant des ruées d'automobilistes aux pompes.
Le président François Hollande a dénoncé mardi matin, sur France Culture, le blocage des raffineries et dépôts de carburant, "une stratégie portée par une minorité".
Affirmant qu'il n'y aura pas de retrait de la loi, le Premier ministre, Manuel Valls, a demandé aux forces de l'ordre d'intervenir pour libérer des sites tout en appelant les Français à "ne céder à aucune panique". Il a promis que d'autres sites seront libérés dans la journée.
En réaction à l'intervention musclée des forces de l'ordre, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a estimé que le gouvernement a "choisi de bomber le torse, montrer les muscles", au lieu d'être à "l'écoute de ceux qui ne sont pas contents".
Sur le terrain de la confrontation, parmi les cinq raffineries françaises de Total, deux subissaient toujours mardi la mise à l'arrêt de certaines unités en raison d'un mouvement de grève.
A Fos-sur-Mer, dans sud-est de la France, le site pétrolier a été débloqué après deux heures d'une intervention policière musclée, signalent des médias qui ont estimé que la CGT, dans ce bras de fer, joue son "leadership" syndical.
Pour La Charente Libre, "Philippe Martinez, patron de la CGT, n'a pas laissé plus de chances au dialogue avec le gouvernement que l'article 49.3 n'en a laissé aux frondeurs du PS", estimant que "les adversaires s'engagent sur un terrain de plus en plus dangereux".
De son côté, Le Figaro a tiré à boulets rouges contre "cette vieille centrale rouillée (...) lancée dans une inexorable fuite en avant", alors que Libération a considéré que ce syndicat "joue son va-tout", en se lançant "dans un +tout ou rien+ (qui) comporte un risque majeur : s'enfermer dans un jusqu'au-boutisme".
Par ailleurs, la réaction des politiques ne s'est pas fait attendre et ont fustigé ce blocage des raffineries. Le président du groupe du Parti socialiste (PS) à l'Assemblée française a déclaré qu'il existe un droit de grève "mais pas le droit d'asphyxier le pays".
Le député LR (Les Républicains) a abondé dans le même sens en soulignant que le droit de grève "doit être respecté, c'est certain, mais le droit de grève ce n'est pas le droit de bloquer".
Pour sa part, Florian Philippot, vice-président du Front national (FN), tient pour responsable de cette situation "de plus en plus intenable" le Premier ministre qui "a fait passer cette loi travail dont personne ne voulait uniquement pour obéir à l'Union européenne".
Au niveau du transport ferroviaire, la SNCF a prévu pour mercredi et jeudi un trafic "perturbé" mais "moins que la semaine dernière", selon un communiqué. Il s'agira de la cinquième grève des cheminots, depuis mars. Leur mouvement qui s'inscrit dans la contestation de la loi du travail, se veut également pour défendre leurs conditions de travail.