
Le quotidien français L’Humanité a affirmé jeudi qu’au Maroc, la liberté d’expression est «en danger», citant le procès mercredi de l'historien marocain Maâti Monjib et de six défenseurs des droits de l’homme marocain, reporté pour la cinquième fois pour le 26 octobre prochain. «Répression policière, intimidations, harcèlements, expulsionsà : au Maroc, les entraves à la liberté d’expression se durcissent.
Les procédures judiciaires à l’encontre des journalistes, des militants ou des intellectuels -qui critiquent les méthodes anticonstitutionnelles et immorales du gouvernement- se multiplient», écrit le journal qui rappelle, par ailleurs, que les sept inculpés ont été poursuivis, en octobre 2015, pour «atteinte à la sécurité de l’Etat» et «financements étrangers illégaux». Pour étayer ses propos, L’Humanité cite Sandrine Lacombe, fondatrice du comité de soutien international au chercheur et journaliste marocain Maâti Monjib, qui a qualifié ce procès de «cas grave».
«Depuis la mort du roi Hassan II, il n’y a pas eu de telles d’accusations à l’encontre de journalistes ou de défenseurs des droits de l’homme. Les ONG internationales s’inquiètent et craignent que cet évènement ne soit le début d’une situation qui ne va aller qu’en s’empirant», a-t-elle dit au journal qui rappelle qu’en 2014, l'association marocaine de défense des droits de la presse «Freedom Now» tirait déjà la sonnette d’alarme en affirmant que «la situation de la liberté des médias et d'expression au Maroc aujourd’hui est pire que celle qui avait prévalu durant les trois dernières années du siècle dernier».
L’Humanité évoque également le dernier rapport de 2016 de Reporters sans frontière (RSF) qui a relevé «une lente mais régulière dégradation des libertés de la presse au Maroc», soulignant que les autorités du royaume «resserrent de plus en plus l'étau sur les médias pour les dissuader de traiter les sujets hautement sensibles (monarchie, islam, Sahara occidental)». Revenant au procès des sept militants, qu'il a estimé d'exemple «criant», le quotidien français explique qu’en raison de leurs activités au sein d’associations, pour la défense des droits humains, de la liberté d’expression, des droits numériques et pour le journalisme d’investigation, «ils sont tous accusés d’avoir porté atteinte à l’intégrité de l’Etat».
«Ils sont également poursuivis pour avoir perçu des financements illégaux venant de l’étranger, qui auraient - soit disant - servi à l'organisation de formations pour utiliser l’application multimédia Story Maker», un logiciel qui «permet aux journalistes professionnels et aux citoyens de faire du reportage mobile», écrit le journal, qui ironise que pour le gouvernement, Story Maker est «une menace».