Bravant la chaleur caractérisant ces journées caniculaires et conciliant deux actes de foi, celui du jeûne et du travail, des dizaines d’ouvriers et de cadres continuent à faire tourner en ce mois de ramadhan les gigantesques chantiers du bâtiment dans la wilaya de Batna.
En dépit des conditions de travail pénibles et difficiles imposées par ces métiers de terrain, la cadence des travaux dans la majorité des chantiers de construction en cours est restée visiblement intacte en ce mois béni grâce à des travailleurs qui semblent avoir réussi le pari de vaincre la fatigue, la soif et la chaleur pour honorer leurs engagements.
«J’ai passé ma vie à travailler dans des chantiers de construction», lance d’emblée Mohamed Youcef Azouz, un coffreur de 60 ans, trempé de sueur et absorbé à mélanger sable et ciment dans un chantier de réalisation de logements de fonction pour le compte du secteur de l’éducation nationale à la commune enclavée de Hassi Tamahrit.
Marquant un temps d’arrêt pour reprendre son souffle, avant de poursuivre son entretien avec l'APS, cet ouvrier, qui dit exercer le métier de coffreur depuis une quarantaine d’années, souligne qu' «au fil des années, je me suis habitué à faire ce travail en m'acclimatant à toutes les conditions, en été comme en hiver».
Sur l’autre chantier de construction d’un lycée, Hichem Mendas, ouvrier professionnel âgé à peine de 33 ans, décrit, tout essoufflé, les difficultés de son métier. «J’exerce mon métier de carreleur depuis l’âge de 16 ans et j’ai l’impression de le faire depuis 40 ans. C’est pénible notamment en été et particulièrement durant le mois de ramadhan».
L’ouvrier qui soutient exercer un métier qui laisse de nombreuses séquelles, affirme que le travail sous un soleil de plomb et de surcroît en plein ramadhan est une «vraie souffrance», faisant état de cas d’évanouissement par moment signalés en plein chantier.
Dans la commune de Djerma, au niveau chantier de réalisation des 80 logements promotionnels, les dizaines d’ouvriers rencontrés sur place évoquent la pénibilité de leur mission et la nécessité de «gagner leur pain».
La hantise d’une déshydratation est le mot qui revient aux lèvres de ces ouvriers qui précisent que les difficultés des métiers de chantiers se font réellement ressentir pendant le jeûne particulièrement en été.
Des astuces pour faire face à la chaleur, à la fatigue et à la soif
Au fil des ans et avec des années de pratique dans les chantiers, les ouvriers ont appris à développer des réflexes, à adopter des comportements et à utiliser des astuces pour «apprivoiser» des conditions souvent dures. Placer un tissu humide sur le chapeau ou la casquette figure parmi les astuces les plus connues et les plus utilisées dans le milieu des chantiers du bâtiment.
«Elle permet de se rafraîchir et de moins sentir les coups de soleil», affirment les ouvriers du chantier des 80 logements.
Ils ajoutent également que la consommation quotidienne d’oignon a un effet «magique» dans la préservation contre les coups de chaleur et la diminution des effets néfastes du soleil. Faire du jus de cet aliment un liquide pour mouiller la tête constitue également une autre astuce «efficace» prisée par les ouvriers.
Certains ouvriers «calquent» la méthode des anciens agriculteurs dans la région des Aurès durant la période du moisson- battage en coupant l’oignon en tranche et le plaçant à l’intérieur d’un tissu qu’ils mettent sous un chèche ou une casquette.
«Vous ne pouvez pas savoir les vertus de l’oignon dans la préservation des coups du soleil», lancent en ch£ur les ouvriers. Imbiber la tête du vinaigre ou de l’eau d’oranger figurent également parmi les méthodes utilisées pour lutter contre les coups de soleil, confient des ouvriers rencontrés qui certifient que «l’astuce est testée et prouvée».
Pour résister à la soif, il est indiqué de consommer le couscous avec du lait cru à l’heure du s’hour ou encore prendre du petit lait avec des dattes.
«Ces mets ont un effet certain dans la préservation de l’énergie au vu des valeurs nutritives que contiennent ces aliments», a indiqué Saïd Hamlaoui un ouvrier rencontré dans la ville d’Ain Djasser, sur un chantier de réalisation de logements publics locatifs (LPL).
Pour le mois de ramadhan des aménagements du temps du travail ont été introduits dans les chantiers de la capitale des Aurès, affirme-t-on. Les différents chantiers de construction commencent à Batna après le S’hour et s’achèvent vers midi ou 13H00 au plus tard, indiquent à l’APS des chefs de chantiers rencontrés dans plusieurs régions de la wilaya.
