L'Algérie est un pays qui compte. Un pays qui a son poids autant politique que diplomatique à l'échelle régionale, arabe et internationale. C'est ce que vient de prouver la visite simultanée, en pleine campagne électorale pour la décisive élection présidentielle du 17 avril, l’émir de l’Etat du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani et du secrétaire d'Etat US John Kerry, en Algérie.
Que dire de ces deux visites de travail de deux personnages politiques les plus influents actuellement dans le monde et dans la sous-région arabe, sinon que l'Algérie est devenue un pays extrêmement important dans le contexte géopolitique actuel. Règlement de crises politiques, de zones de tension, de coopération dans la lutte antiterroriste, mais également dans la mise en place de difficiles dialogues nationaux pour le règlement de crises politiques ayant débordé en guerre civile comme c'est le cas actuellement en Syrie.
Et c'est en pleine campagne électorale que le chef de la diplomatie américaine fait escale pour deux jours à Alger pour discuter politique, coopération sécuritaire, économique et commerciale, et, surtout, pacifier une région sahélienne de toutes les menaces contre la paix et la sécurité des pays riverains. Bien sûr, l'aspect bilatéral prévaudra lors des discussions entre les deux délégations, mais force est de souligner que la visite de Kerry en ce moment précis en Algérie, alors que le personnel politique est en pleine campagne électorale revêt un caractère spécial. Ceci pour dire que les enjeux du moment, autant pour l'Algérie que pour les Etats-Unis, un partenaire privilégié d'ailleurs, ne sont pas antinomiques de l'élection présidentielle. D'autant que, officiellement et le porte-parole du MAE Abdelaziz Benali Cherif, l'a souligné hier, que la visite de M. Kerry à Alger permettra aussi, à la partie algérienne, de «mettre en évidence tous les efforts déployés pour organiser une élection présidentielle transparente et juste».
Le coup est bien organisé, bien agencé, bien placé dans un agenda politique qui ne laisse rien au hasard, en pleine campagne électorale du Président Bouteflika, candidat à un quatrième mandat. Pour les Américains également, cette visite leur permettra de tenir à jour leur agenda politique avec l'Algérie, dans le cadre d'un partenariat d'exception. La présence de l'émir de Qatar à Alger procède, quant à elle, plus ou moins des mêmes motivations politiques, après que l'Algérie, en fin de compte, ait pu imposer son point de vue dans le règlement de la crise syrienne par le dialogue, et non par les armes.
La visite officielle de deux jours de l’émir de l’Etat du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, en Algérie s'effectue à l’invitation du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et permettra d’aborder la coopération bilatérale et les questions d’actualité dans le monde arabe, a précisé le porte-parole du MAE, levant les rumeurs qui bruissaient dans les salons algérois sur les objectifs de cette visite.
«Le Qatar est un pays frère avec lequel nous avons toujours entretenu d’excellentes relations fondées sur le respect mutuel. La visite de l’émir en Algérie, qui est la première, sera l’occasion d’aborder l’actualité du monde arabe dont la crise syrienne, la situation dans la région du Golfe et d’autres questions, ainsi que la coopération bilatérale avec l’Algérie». Dixit Benali Cherif. De là à dire que Doha va revoir sa vision des choses dans la crise syrienne, n'est pas une éventualité à écarter.
