Monde

Violences post-électorales au Gabon: Des appels au calme et la retenue pour éviter l'embrasement

Publié par DKNews le 02-09-2016, 17h03 | 31
|

La communauté internationale appelait au calme et à la retenue jeudi au Gabon après les émeutes meurtrières qui ont suivi l'annonce des résultats de l'élection présidentielle, remportée par le président sortant Ali Bongo, réélu pour un deuxième septennat, contestée par son rival Jean Ping.

Selon la commission électorale, le président sortant, 57 ans, a été réélu avec 49,80% des suffrages devant son rival Jean Ping (48,23%), 73 ans, ex-cacique du régime du défunt Omar Bongo, le père d'Ali.

Cet écart marginal représente une différence de voix de 5.594 voix, sur un total de 627.805 inscrits, dans ce petit pays pétrolier d'à peine 1,8 million d'habitants.

Le président sortant devrait sa réélection grâce à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation.
Un score contesté par l'opposition qui a réclamé un recomptage bureau par bureau de vote et dont les partisans sont massivement descendus dans la rue.

2 morts après des troubles dans un quartier de Libreville

Deux hommes sont morts dans la nuit de jeudi à vendredi dans un quartier de Libreville, à la suite d'affrontements avec les forces de sécurité, a rapporté l'AFP.

"Bekam Ella Edzang, étudiant en droit de 27 ans, est décédé des suites d'une blessure par balle à l'abdomen après son hospitalisation", a ffirmé l'agence de presse. "Le corps d'un homme de 30 ans était par ailleurs emmené en procession par des manifestants dans le quartier de Nzeng Ayng", selon la même source.

L'étudiant en droit est mort vendredi matin après avoir été opéré à la polyclinique Chambrier dans le quartier de Montagne Sainte.

"Il a été blessé vers 21H00 (20H00 GMT) par la garde républicaine qui a tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles", a indiqué à l'AFP un homme se présentant comme son ami d'enfance, Géraud.
Dans le quartier de Nzeng Ayong, le corps d'un homme né en 1986 était emmené vendredi matin en procession par des dizaines de manifestants, enroulé dans le drapeau du Gabon.

Le jeune homme a été tué par balles alors qu'il était assis devant chez lui jeudi soir, d'après sa mère.
Ces nouvelles victimes portent à cinq le nombre de personnes mortes dans les manifestations et émeutes qui ont éclaté mercredi au Gabon après l'annonce de la réélection du président sortant Ali Bongo, face à l'opposant Jean Ping qui conteste le résultat de la présidentielle.

Appels au calme pour éviter l'embrasement

Dans un communiqué, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exprimé sa profonde préoccupation devant les incendies volontaires et les affrontements entre manifestants et forces de sécurité à Libreville, exhortant "tous les dirigeants politiques concernés et leurs partisans à s'abstenir de tout autre acte susceptible de porter atteinte à la paix et à la stabilité du pays".

Le secrétaire général a demandé à son représentant spécial pour l'Afrique centrale, M. Abdoulaye Bathily, "d'accompagner les acteurs politiques gabonais dans leurs efforts visant à apaiser la situation et à résoudre pacifiquement les questions litigieuses émanant du processus électoral".

De son côté, Washington a exprimé sa vive inquiétude à propos de la situation au Gabon et a appelé à son tour à la publication des résultats par bureau de vote, après que l'annonce de la réélection du président Ali Bongo Ondimba a déclenché des émeutes.

"Nous appelons le gouvernement gabonais à publier les résultats de chaque bureau de vote", a-t-il ajouté, faisant écho à une demande de transparence déjà avancée par la France et l'Union européenne.

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a pour sa part qualifié jeudi la situation post-électorale au Gabon de "crise profonde", appelant les différentes parties au calme.
Toute contestation doit se faire avec des moyens pacifiques afin d'éviter l'embrasement du pays", a déclaré la vice-présidente de l'UE dans un communiqué.

Même préoccupation exprimée par la France, ancienne puissance coloniale au Gabon qui a estimé qu'il n'y avait "aucune place pour la violence" dans un cadre électoral.

Dans un communiqué, le président français François Hollande a "condamné avec la plus grande fermeté les violences et les pillages ainsi que les menaces et attaques portées contre les partisans des principaux candidats" et "appelle toutes les parties à la retenue et à l'apaisement, ce qui suppose un processus garantissant la transparence sur les résultats du scrutin".

Le Conseil de sécurité de l'ONU "profondément préoccupé"

Le Conseil de sécurité de l'ONU a fait part jeudi de sa "profonde préoccupation" face aux violences qui ont embrasé le Gabon après l'annonce de la réélection du président Ali Bongo pour un troisième mandat.

L'envoyé spécial des Nations unies en Afrique centrale, Abdoulaye Bathily, a présenté un rapport aux membres du Conseil qui se penchaient à huis clos, à la demande de la France, sur la crise politique et les émeutes meurtrières agitant le pays.

Les quinze pays membres "ont appelé tous les candidats, leurs partisans, les partis politiques et les autres acteurs à rester calmes, à s'abstenir de tomber dans la violence ou d'autres provocations et à résoudre tout différend éventuel à travers les mécanismes constitutionnels et légaux établis", a déclaré l'ambassadeur de la Nouvelle-Zélande, Gerard van Bohemen, qui tient la présidence tournante du Conseil en septembre.

Le Conseil a exprimé "sa profonde préoccupation" et souligné l'"importance d'un processus (électoral) transparent et impartial", a-t-il ajouté.

L'annonce de la réélection d'Ali Bongo mercredi en fin de journée par la commission électorale a déclenché une nuit d'émeutes meurtrières et de pillages à Libreville et dans d'autres villes du pays.
Des leaders de l'opposition toujours retenus au QG de Jean Ping

Une vingtaine de leaders de l'opposition et de la société civile gabonaise étaient toujours retenus vendredi au quartier général de Jean Ping, rival du président Ali Bongo déclaré vainqueur de l'élection présidentielle de samedi, selon des médias.

"Nous sommes 26, toujours au même endroit, en plein air dans l'enceinte du QG. Nous avons dormi à même le sol, avec les moustiques et le crépitement des armes dans la quartier", a expliqué Paul-Marie Gondjout, le représentant de Jean Ping à la commission électorale, cité par l'AFP.

Les 26 opposants sont sous la surveillance de la gendarmerie gabonaise depuis l'assaut donné dans la nuit de mercredi à jeudi au QG de campagne de Jean Ping à la suite des émeutes qui ont éclaté à la proclamation de la victoire du président sortant Ali Bongo.

La commission électorale a annoncé mercredi la réélection d'Ali Bongo 49,80% des suffrages contre 48,23% à Jean Ping, déclenchant la colère des partisans de l'opposant qui conteste les résultats et réclame la publication détaillée des scrutins par bureaux de vote.

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.