Les médicaments contre l'hypertension visent à diminuer la pression artérielle. Mais il ne faudrait pas qu'elle chute trop bas pour limiter les risques de complications chez les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires.
Faut-il faire baisser à tout prix la pression artérielle des hypertendus ? Rien n'est moins sûr, selon des chercheurs en cardiologie et en physiologie de l'hôpital Bichat (Paris). Dans une étude publiée dans la revue The Lancet , et présentée à Rome le 30 août lors du congrès annuel de l'European Society of Cardiology, ces scientifiques expliquent que dans le cas d'une maladie coronarienne , faire trop chuter la pression artérielle pourrait être source de complications.
Ne pas faire chuter trop bas la pression artérielle
Les chercheurs ont analysé les données de 22 672 patients soignés pour une maladie coronarienne et traités pour de l' hypertension . Ils ont mesuré régulièrement leur pression artérielle, et ont relevé les accidents cardiovasculaires survenus pendant cinq ans.
La mesure de la pression comprend deux chiffres : le premier est la pression systolique, et correspond à la pression artérielle lors de la contraction du cœur. La seconde est diastolique, et correspond à la pression entre deux contractions du palpitant.
Au-delà de 140 millimètres de mercure (mm Hg) de pression systolique et de 80 mm Hg de diastolique, valeur souvent communiquée sous la forme 14/8, le risque de développer une complication cardiovasculaire est plus élevé. Mais ce que les chercheurs ont observé est qu'à l'inverse, en dessous de 120 mm Hg de pression systolique et de 70 mm Hg de diastolique (12/7), le risque de complications était également supérieur chez les sujets soignés pour hypertension. Les accidents cardiovasculaires survenus plus souvent sont les infarctus du myocarde ou les arrêts cardiaques pouvant parfois conduire à un décès.
4 millions d'hypertendus non dépistés en France
La pression optimale n'est donc pas la plus faible possible, selon ces chercheurs, mais une valeur intermédiaire située entre 14/8 et 12/7 pour les personnes souffrant de troubles cardiovasculaires. "Nos résultats suggèrent que les praticiens devraient utiliser les traitements antihypertenseurs avec précaution chez les patients souffrant de maladies cardiovasculaires.
Mais cela ne devrait pas détourner notre attention des efforts à faire pour diagnostiquer et traiter l'hypertension, qui reste massivement sous diagnostiquée et non traitée à travers le monde" conclut le professeur Philippe Gabriel Steg, dans un communiqué du site Eurekalert . La Fédération Française de cardiologie rappelle quant à elle que la tension optimale est de 12/8, et que la France compte 10 millions d'hypertendus traités et 4 millions d'hypertendus non dépistés.
