A voir les entreprises multinationales, notamment celles des nouvelles technologies,se ruer vers l’organisation des rencontres de hackers, il est à se demander que leur rapporte ces jeunes bidouilleurs.
Il ne se asse pas une semaine sans que la presse spécialisée ne fasse état de la tenue de ces fameux ‘’Hackhathons’’, sorte de rencontre d’une nuit, un week end, organisées par les grandes multinationales pour tirer profit du génie de ces ‘’bidouilleurs ‘’ dont l’histoire de l’informatique puis du web jalonne.
Pour le site du quotidien français lefigaro.fr, qui considère que cette pratique « du hackathon s'est propagée en entreprise lorsque les génies de l'informatique sont devenus entrepreneurs », c’est essentiellement le site de réseautage social Facebook qui lui a insufflé une dynamique le rendant « précurseur dans le domaine ».
C’est, en effet sur initiative de son fondateur Mark Zuckerberg, que le site a introduit une pratique managériale qui fait que « les employés du réseau social s'y affrontent régulièrement dans le cadre de hackathons d'entreprise.
Une seule règle: concevoir un projet qui n'a pas de rapport avec son domaine de prédilection. » En conséquence, relève la presse spécialisée, des idées innovantes ont été mises en exploitation « comme le bouton «J'aime» ou la fonction de discussion instantanée », écrit le site du quotidien français.
Contrairement au glissement sémiologique qui le fait confondre avec un pirate, le hacker est plutôt défini comme un inventeur, un constructeur. « Le hacker est ‘’ quelqu'un qui hack’’, ou ‘’construit un hack ‘’ explique l’encyclopédie en ligne wikipedia qui rappelle que ce terme est apparu « en 1959 dans le jargon du Tech Model Railroad Club (TMRC), une association d'étudiants du Massachusetts Institute of Technology (ou MIT) », ajoutant un peu plus loin c’est en 1996, que la Request for comments 1983, ce modèle de mise aux normes informatiques, librement établi par la communauté des utilisateurs, « définit un hacker comme une personne qui se délecte de la compréhension approfondie du fonctionnement interne d'un système, en particulier des ordinateurs et réseaux informatiques. »
Cette définition serait, selon le site de l’encyclopédie, inspiré du modèle de conception adopté depuis « les années 1950 par les radio-amateurs pour qui le hacking est un bricolage créatif visant à améliorer le fonctionnement d'un système. » Enrichi depuis, par de nouvelles pratiques apparues notamment avec le développement de l’internet et des suages web, le terme de hacker est de nos jours utilisé, selon wikipedia pour désigner « un virtuose pouvant intervenir dans différents domaines comme la programmation, l'architecture matérielle d'un ordinateur, l'administration système, l'administration réseau, la sécurité informatique ou tout autre domaine de l'informatique »
Dans l’acception du grand public, largement alimentée par les raccourcis, le plus souvent pris par les écrits de journalistes, le terme hacker est assimilé à une personne ‘’malfaisante’’, généralement l’an agissant sus couvert de l’anonymat, motive par des desseins mercantiles ou illicites. Dans la tète des managers des grandes entreprises américaines et récemment européennes, le hacker demeure pourtant une cible recherchée, dans une démarche d’innovation qui ne semble pas faire l’unanimité quant à ses ressorts et finalités.
Parmi les initiatives les plus remarquées en la matière, le hackathon organisé en février dernier par le géant de recherche internet Google qui a tente de profiter de génies de l’informatique, « pour faire naître les futurs usages de ses lunettes à réalité augmentée Google Glass », explique le site 01net.com. Le site du quotidien français lefigaro.fr note en effet que le phénomène se propage sur les bancs des universités, où, écrit-il « les hackathons sont désormais légion. Contraction de «hack» et «marathon», le mot désigne un événement de programmation informatique collaborative. »Il s’agit d’un regroupement organisé de compétences venant de différentes spécialités (le développement informatique, le désign, des patrons de sociétés informatiques).
Le but est de les mettre en compétition « pour concevoir un prototype d'application ou de service en ligne sur un thème choisi. Le temps imparti à cette tâche est très court: un hackathon se déroule généralement sur un week-end. On y code beaucoup et on y dort très peu », peut on lire sur le site du quotidien lefigaro.fr
Du côté des entreprises, l’enthousiasme semble sans limite, et gagne les sociétés européennes, à l’instar des sociétés française qui ont fait l’actualité ces derniers temps par des initiatives plus ou moins fructueuses. «Avec les hackathons, nous cherchons à sortir du schéma d'innovation classique», déclare Frank Mouchel, CIO d'Axa France sur le site du journal lefigaro.fr qui ajoute que le groupe d’assurances français qui « a organisé son premier hackathon sur le thème de la relation clients » a fait appel à une des dizaines d’équipes pour plancher sur un projet que des professionnels réunis en jury ont eu à évaluer. Les jeunes bidouilleurs ont mis du cœur à l’ouvrage sans manger ni dormir, mus, selon le journal par l’espoir de « remporter le premier prix de 10.000 euros. »
Dans la même lignée, un autre groupe français, fabricant de liqueur, a fait appel au même procédé avec la collaboration de Facebook et Deezer. Pour faire travailler les hackers sur «le bar de demain». Une autre dimension de ce phénomène n’a pas échappé aux spécialistes qui ont analysé son impact sur la politique de recrutement des entreprises, intéressées par ces forums qui voient se regrouper des candidats potentiels « À l'issue de la soirée annoncée à l'avance sur le Web, un cocktail permet aux responsables ressources humaines de nouer un premier contact avec des candidats », explique le figaro.fr qui donne la parole à Marie Clarous-Marin, responsable recrutement chez Sogeti France, filiale du groupe Capgemini, selon laquelle : «Les ingénieurs apprécient qu'on leur apporte du contenu »
A travers les différents écrits de presse, on remarque que l’enthousiasme des managers d’entreprise, ne semble as partagé par les spécialises du développement informatique dont l’analyse du phénomène fait ressortir deux inquiétudes fondamentales. Certains n’hésitent pas à parler de ‘’dérives mercantiles ‘’, à l’instar de ce développeur interrogé par un site d’un organe d’information et qui souligne : «Un hackathon ne devrait pas se faire au bénéfice d'une société mais dans l'intérêt commun…Le problème, c'est que des entreprises financent ces événements en espérant un retour sur investissement immédiat.»
Au-delà des motivations commerciales, d’autres pointent des soupçons d’exploitation des hackers pour du travail non rémunéré. Tel ce participant au hackathon de l’assureur français qui a fait part, aux journalistes de ses craintes « du vol d'idées, surtout quand les thèmes sont très spécifiques. » Pour réponse à cette crainte, la presse a eu cette mise en garde d’un syndicaliste : «Les participants doivent protéger leurs productions par l'utilisation de licences libres». En espérant que cela contiendra les appétits des chasseurs d’innovations.
