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Réseaux sociaux sur Internet : Les SMS de la discorde !

Publié par Par Samy yacine le 13-04-2014, 15h34 | 35
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En reconnaissant son implication dans le financement d’un réseau social destiné aux citoyens cubains, le gouvernement américain alimente le débat sur les risques de relance de la guerre froide dans l’univers numérique.

A croire les témoignages de Cubains recueillis par la presse après la publication, au début de ce mois d’avril,  des informations faisant état de la tentative américaine de pénétrer le cyberespace cubain,  la hache de guerre est loin d’avoir été enterrée depuis la fameuse tentative  de débarquement des forces américaines dans la Baie des Cochons, en avril 1961.

L’affaire fait du bruit dans les arènes diplomatiques, suite à la  diffusion d’une enquête menée par l’agence de presse américaine Associated Press. Depuis 2009, jusqu’à 2012, le gouvernement américain,  par l’entremise de son agence Usaid d’aide au développement, a financé un réseau social baptisé Zun Zuneo, sorte de version adaptée de Twitter qui a permis à quelques 40000 Cubains de recevoir diverses informations  sur le sport, la musique et la météo, et d’échanger entre eux des messages courts.

 Pour l’agence de presse américaine, à l’origine de cette nouvelle, l’agence américaine initiatrice de ce projet « attendait que le service regroupe des centaines de milliers de personnes pour envoyer des messages plus politiques et organiser des rassemblements visant à provoquer un “Printemps cubain”. Pour parvenir à cette finalité, le procédé retenu par l’agence américaine est ainsi détaillé par AP, reprise par le site de la télévision française www.france24.fr :  

« commencer par envoyer des messages anodins pour créer un climat de confiance avec la base d’utilisateurs, puis faire parvenir, à des moments choisis, des messages politiquement plus sensibles afin d’inciter les utilisateurs à créer des “rassemblements spontanés” et les faire basculer “dans le camp de l’opposition démocratique”. » Le gouvernement américain misait également sur ce réseau pour constituer un fichier d’utilisateurs dans lequel il lui serait possible de recruter de futurs animateurs de mouvement de contestation et d’opposition au régime cubain.

Pour mener à bien son enquête, l’agence AP  a entrepris « la lecture de plus de   1000 pages de documents américains classifiés et plusieurs entretiens avec d’anciens salariés de ZunZuneo », selon le site de france24.fr. Après la révélation de ces informations, un débat politique s’est engagé aux Etats Unis, d’abord sur le caractère secret de l’opération que les parlementaires ont jugé un peu trop osée pour une agence dédiée à l‘aide humanitaire et au développement.

Pour les enquêteurs de l’Associated Press, cela ne fait pas de doute « cette agence du gouvernement américain, dont la principale mission est de distribuer l’aide internationale des États-Unis, n’est pas censée être engagée dans des opérations secrètes à visée politique mais “a souvent été soupçonnée de le faire par divers gouvernements” ».

De son côté, le site du quotidien français lefigaor.fr fait état de demandes pressantes formulées par des parlementaires américains soucieux de voir plus clair à propos de ce projet dont ils assurent n’avoir pas eu connaissance. Ainsi le sénateur démocrate Patrick Leahy, président de la commission dont relève le contrôle de l’activité de  l'Usaid, crie haut et fort qu’il n’est «absolument pas» au courant, déclarant à une    chaîne de télévision américaine : «Si je l'avais été, j'aurais dit “Mais à quoi pensez-vous bon Dieu?” C'est stupide, stupide, stupide». Ce parlementaire va plus loin en soulignant, selon lefigaro.fr, que « les sénateurs de sa commission n'étaient pas au courant, comme l'ensemble des membres du Congrès. »

Les citoyens cubains qui ont eu accès à ce service n’étaient également pas du tout au courant de l’origine de ce service qui leur offrait de communiquer entre eux et de recevoir des informations de circuits non officiels. Pour mettre son œuvre  à l’abri de toute éventuelle  détection du réseau en place, l’agence de développement américaine a procédé à un savant montage de sociétés chargées de mener l‘opération, en créant « des sociétés écrans en Amérique du sud, puis en Espagne et aussi aux Iles Caïmans »

note le site,  ajoutant que « Même les dirigeants de la société créée pour gérer le service ont été recrutés par les autorités sans être informés de la finalité du réseau social et de l’origine gouvernementale des fonds. Sollicitée pour s’expliquer sur cette affaire, l’Usaid a délégué un porte parole, Matt Herrick pour souligner d’abord que cette opération cadrait parfaitement avec les missions de son agence, soulignant au passage : "La politique américaine consiste depuis longtemps à aider les Cubains à améliorer leur capacité à communiquer ensemble et avec le monde extérieur".

Le décor est planté, avant de passer aux détails pour dans le communiqué  de ce porte parole, largement repris par la presse  que cette initiative  "visait à créer une plateforme pour que les Cubains puissent parler librement entre eux, un point c'est tout". Se joignant aux responsables de l’agence de développement Usaid, la Maison Blanche s’est exprimée par la voix de son porte parole Jay Carney pour souligner également que ce projet était tout à fait dans les missions de l’agence, qu’il s’est déroulé  dans un cadre légal et qu’au bout du compte « n'entrait pas dans le cadre des opérations clandestines et a été discuté au grand jour au Congrès ». 

Sur le caractère secret de l’opération, le porte parole de la Maison Blache reconnait que l’Usaid a été amenée à agir de ‘’façon discrète’’ uniquement pour mettre ses acteurs à l’abri d’éventuelles représailles mais nie que cela puisse en faire « un programme clandestin », car, explique-t-il " l'Usaid est une agence de développement, pas une agence de renseignement".

D’après l’agence AP, ce programme a subitement été stoppé en 2012, sans fournir aucune indication aux 40000 abonnés cubains, en raison, avance-t-elle du fait que  « les autorités américaines en avaient assez de payer des milliers de dollars en SMS au gouvernement cubain sans avoir de résultat en retour. » Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé souligne AP qui rapporte à ce sujet que beaucoup d’entreprises privées ont été démarchées, y compris le réseau Twitter, pour essayer de soutenir un modèle économique propre à Zun Zuneo.  

Dès les premières révélations sur ce projet, le gouvernement cubain a immédiatement demandé la cessation de cette activité  qu’il a jugée « illégale et secrète ». Dans un communiqué du département Etats Unis du ministère cubain des affaires étrangères, repris par http://tempsreel.nouvelobs.com, l’accent est mis sur le fait que l’opération "démontre une nouvelle fois que les Etats-Unis n'ont pas renoncé à leurs plans subversifs contre Cuba, qui cherchent à déstabiliser le pays pour provoquer des changements dans notre organisation politique ».

 La Havane a également appelé, à l’occasion les Etats Unis à « respecter le droit international et les principes des Nations unies et donc cesser ses activités illégales et secrètes contre Cuba, qui sont rejetées par le peuple cubain et l'opinion internationale".

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