Les changements apportés lundi par le président américain Donald Trump au précédent décret migratoire n’ont pas supprimé son orientation discriminatoire à l’égard des musulmans, a déclaré l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW).
«Le nouveau décret migratoire signé lundi par le président américain Donald Trump risque de nuire aux réfugiés (à) et les changements apportés au précédent texte n’ont pas supprimé son orientation discriminatoire à l’égard des musulmans», a indiqué HRW dans un communiqué.
L’ONG a précisé que le nouveau décret interdit l’entrée aux Etats-Unis, pendant 90 jours, aux ressortissants de six pays à majorité musulmane, ainsi qu’à ceux en provenance d'une liste encore inconnue de pays qui ne fourniraient pas d’informations satisfaisantes pour la délivrance de visas et autres admissions pour leurs ressortissants.
Bien qu’il réponde manifestement aux obstacles juridiques ayant entravé la mise en £uvre du décret du 27 janvier dernier, «le nouveau texte affaiblit considérablement le programme américain en place pour les réfugiés» et «impose des interdictions générales fondées sur le critère de la nationalité sans prouver l’existence des menaces réelles posées par les ressortissants de ces pays», a expliqué HRW, dont le siège se trouve à Washington.
«Le nouveau décret de Trump sur les réfugiés sent le réchauffé», a déclaré Grace Meng, chercheuse senior auprès du programme Etats-Unis à HRW.
«Au nom de la lutte antiterroriste, il fera des réfugiés des boucs émissaires, avec pour message que les musulmans ne sont pas les bienvenus aux Etats-Unis», a ajouté Mme Meng, citée dans le communiqué.
Ce décret abandonnera à leur sort des dizaines de milliers de réfugiés se trouvant dans des situations précaires et renonce au leadership américain sur une question mondiale d’une importance vitale, a-t-elle affirmé.
L’ONG a expliqué que le nouveau dispositif «ne peut se lire sans faire écho aux propos tenus par le président Trump, qui avait déjà annoncé lors de sa campagne électorale son intention d’interdire l’entrée aux Etats-Unis de musulmans en tant que groupe religieux». «Affirmer que le décret actuel n’est pas motivé par l'animosité envers une religion ne suffit pas pour invalider ces déclarations passées», a estimé HRW.
Selon l’ONG, le nouveau décret aura les mêmes objectifs que celui du 27 janvier, en rappelant à ce titre les propos tenus par le Conseiller à la Maison Blanche, Stephen Miller, qui avait déclaré le 21 février que le texte révisé aura «le même résultat politique de base».
Elle a souligné que le propre rapport du Département de la sécurité intérieure a révélé que «le pays de citoyenneté n'est pas un indicateur fiable d'une activité terroriste potentielle», rejetant l’idée défendue par l’administration Trump, selon laquelle, ces interdictions d’entrée sont nécessaires pour prévenir le terrorisme.
«Le président Trump semble toujours croire qu’il est possible de déterminer qui est un terroriste en sachant de quel pays ils sont ressortissants», a indiqué Grace Meng.
«Mettre en £uvre ce décret alimentera un sentiment de sécurité trompeur, selon lequel, de véritables mesures sont prises pour protéger les Américains contre des attaques, tout en remettant en cause le statut des Etats-Unis comme refuge pour ceux et celles qui sont en danger», a-t-elle averti.