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Selon le responsable du collectif de ces avocats, Serge Moureaux : L'action des avocats belges était une tentative de «relayer l'intelligence d'un peuple réduit à l'esclavage»

Publié par DKNews le 28-10-2017, 18h17 | 176
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L'action des avocats belges, engagés dans la défense de nombreux militants nationalistes algériens en Belgique et en France durant la guerre de libération, avait pour fin de «relayer l'intelligence et la sensibilité d'un peuple réduit absurdement à l'esclavage» par le colonialisme français, a affirmé le responsable du collectif de ces avocats, Serge Moureaux.

«Ce ne sont pas les Belges ou les Français des collectifs ou des réseaux qui ont assuré la victoire finale des accords d'Evian, ce sont les Algériens eux mêmes», a-t-il soutenu, soulignant que «l'organisation efficace montée comme une horloge par le peuple algérien tout entier, a permis aux Algériens de reconquérir leur dignité confisquée».

Selon cet avocat, les Belges étaient quelques uns à reconnaitre en temps utile la voix de la justice et à la répercuter puis à servir comme militants, «en suivant à la lettre les directives du GPRA ou de la fédération FLN de France».

«Nous avons eu l'humilité d'écouter la voix des opprimés et de cesser de nous gargariser des grandes tirades sur la civilisation occidentale», a-t-il ajouté.

Ils étaient peu nombreux ceux qui, de 1954 à 1962, ont osé tenir ce discours et agir en conséquence, en se mettant à la disposition de la fédération de France du FLN, fer de lance en Europe de la guerre de libération.

«Avocats, porteurs de valises et d'espoirs, passeurs de frontières, militants des comités d'aide ou pour la paix, ils furent, certes, peu nombreux mais leur action fut déterminante et efficace», a-t-il assuré.
Le collectif d’avocats belges composé à l’époque de Serge Moureaux, en tant que responsable du collectif, et de Marc De Kock, Cécile Draps et André Merchie a réussi à éviter à Rabah Ouakli, Tahar Zaouche, Arezki Abdi et Mohamed Arbaoui, la guillotine.

Ce collectif belge est parvenu également à sauver et assister dans leur calvaire les condamnés à mort de Douai (Nord de la France).

Serge Moureaux cite parmi eux, le colonel Ahmed Benchérif et bien d’autres militants et responsables de la fédération FLN de France dont Rahmouni, Ainouz ou Skali.

Même si le nombre des membres du réseau de soutien était réduit, l'organisation de l'époque, notamment le cloisonnement très strict observé fait qu'il est difficile, voir impossible d'en dresser la liste exhaustive.

Mais, ces gens de l'ombre, a-t-il poursuivi, ont accompli mille et une tâche indispensables et dangereuses: héberger les responsables clandestins, assurer les passages aux frontières, organiser les évasions et transporter les documents «Sans ces gens là, qui sont pour moi l'honneur de la démocratie belge par leur courage et leur abnégation, ( ) l'action n'eût pas été ce qu'elle fut», a-t-il estimé.

La stratégie de défense se décidait en Belgique

D’ailleurs, c’est en Belgique, que se décidaient la politique et l’action dans les prétoires et les prisons, selon Serge Moureaux.

Sous la houlette du responsable pour la Belgique de la Fédération de France, Abdelmadjid Titouche (Marc Dujardin de son nom de guerre), les avocats français et belges du Collectif se réunissaient clandestinement avec Ali Haroun, Pedro (Amar Ladlani) et le responsable Omar (Omar Boudaoud), trois des cinq formant la direction de la Fédération de France, afin d'analyser les situations et de définir les objectifs.

Il a rappelé, dans ce contexte, le déclenchement en novembre 1961 dans toutes les prisons, le même jour à la même heure, d'une grève générale de la faim des détenus algériens contre le projet de partition de l'Algérie lancé par «un des féaux de De Gaulle», le ministre Peyrefitte.

«Cette décision fut prise à Bruxelles et immédiatement relayée dans toutes les détentions par le collectif», a-t-il fait savoir.

Des actions qui n’auraient pu être envisagées sans l’engagement des militants comme Luc Somerhausen (dit Alex pendant la guerre), Jacques Nagels, Maggy Rayet, Irénée Jacmain et son mari, Pierre Le Grève, Jean Donneux, Jean Van Lierde, Lucien Pary et mon épouse Henriette qui «ont accompli mille et une tâches indispensables et dangereuses», a-t-il ajouté.

Le prix payé par le peuple algérien dans son combat pour la démocratie et la liberté comme celui pour lequel tant d'Algériens étaient morts en Europe pendant la seconde guerre mondiale, a encouragé ce jeune avocat à l'époque, à s'engager aux côtés des nationalistes algériens.

«Je ne puis passer sous silence le prix payé pour tout cela: les ratissages, les bombardements, les camps de concentration, les exécutions sommaires, les exécutions ciblées, les disparitions organisées, la torture systématisée, les enfants, les femmes assassinés», a-t-il expliqué, assurant que les sanctions prises contre lui et Me Cécile Draps par le tribunal militaire de Lille étaient «dérisoires» par rapport à ce que d'autres militants engagés ont subi.

Il a cité, à ce titre, l'assassinat de Me Pièrre Popie à Alger, Me Ould Aoudia à Paris, du professeur Laperches à Liège et d'Akli Aissiou, étudiant en 7ème année de médecine à l'Université libre de Bruxelles (ULB), «assassiné à Ixelles par un tueur du renseignement spécial du gouvernement français sur ordre du général De Gaulle».

La guerre de libération menée par le peuple algérien était pour cet avocat anticolonialiste, un «sursaut d'un peuple maltraité, privé de justice et de fraternité».

«Ce n'était en rien une rébellion absurde contre la modernité et la civilisation ou la conséquence d'un complot international téléguidant de l'extérieur des naïfs», a-t-il soutenu, affirmant que «le système d'exploitation colonial, l'asservissement d'un peuple aux fantasmes racistes de l'occident, l'aveuglement des pieds noirs devant la revendication d'égalité de la population algérienne sont seuls responsables de cette révolution».

Pour Serge Moureaux, «le couplet sur l’action civilisatrice du colonialisme est et reste une véritable escroquerie intellectuelle».

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