Culture

Casbah d'Alger : 600 maisons à sauver et autant d'écueils à la restauration de la vieille cité

Publié par Dknews le 04-05-2014, 15h07 | 426
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Des mères de famille désemparées depuis l'effondrement en 2013 de leur maison au 19 de la rue Maupasen dans la Casbah d'Alger font le siège de l'ogbec exigeant un toit définitif ou à titre temporaire. Devant les lenteurs des travaux de restauration, de nombreuses familles de la vieille cité vivent la même angoisse au quotidien.

«Malgré des étaiements, supposés des plus solides, pour la soutenir, notre maison s'est écroulée sur nos têtes», affirme, amère, une des habitantes de cette maison en attente de restauration, qui ne sait pas encore «quel sera (son) refuge pour la nuit».

Ces scènes n'ont rien d'exceptionnel au siège de l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (Ogebc), un organisme devenu, faute de mieux, le point de chute de propriétaires se plaignant de travaux «inappropriés» ou de la «trop longue attente» des opérations de restauration de leurs maisons menaçant d'engloutir leurs occupants à tout moment.

Quelque six cents (600) maisons mauresques, éligibles à la restauration, résistent tant bien que mal aux affres du temps, en attendant des travaux annoncés et qui «se font attendre faute de vision, de moyens humains et de coopération multisectorielle», expliquent des architectes- deux ans après l'adoption en mars 2012 du Plan permanent de sauvegarde de la Casbah d'Alger.

L'attribution, en 2013, d'une première enveloppe financière de 27 milliards de dinars avait nourri les espoirs, vite évaporés, des habitants qui regardent leurs maisons «dépérir de jour en jour», rongées qu'elles sont par un «mal à l'issue fatale», finissent par lâcher les plus optimistes d'entre eux.

Pour compléter ce tableau sombre, les quelque 400 parcelles vides (17% du parc immobilier de la cité) et les 120 bâtisses en ruine, menacent aujourd'hui la solidité de l'ensemble du tissu urbain pour lequel aucune mesure urgente ne semble être décidée, à l'exception d'une cinquantaine de parcelles «bientôt reconstruites en priorité», selon le directeur de l'Ogebc, Abdelwahab Zekagh.

Au plan administratif, les habitants se sont retrouvés «ballottés» entre l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (Ogebc) et l'Agence nationale des secteurs sauvegardés (Anss), un organisme non encore opérationnel.

C'est que le relogement définitif ou temporaire des habitants de la Casbah et qui entrave sérieusement la restauration des bâtisses, légalement occupées ou squattées mais devant être évacuées, dépend d'une commission mixte du ministère de la Culture et de la wilaya d'Alger qui entend réétudier les dossiers.

Rencontrés au siège de l'Ogebc, des habitants de la Casbah, lassés par cette situation, refusent de «renouveler (leurs) doléances auprès d'une succession d'offices et d'institutions», ressassant inlassablement leurs déboires et exigeant l' «avancement concret» des travaux de restauration.
La propriétaire d'une maison à moitié effondrée maintenant, s'est résolue, de guerre lasse, à vendre son bien à un repreneur --»privé» précise-t-elle-- «pour ne pas avoir à le brader», les prix proposés au rachat par l'Etat étant «dérisoires par rapport au marché de l'immobilier».

Entre-temps, les Douirete (maisons) de la Casbah continuent de reposer, pour les plus chanceuses, sur des poutres d'étaiement en bois, autant de béquilles entamées par l'humidité.Le constat est manifeste et se résume à ceci: chaque jour des amas gravats de maisons «fraîchement» effondrées viennent obstruer un peu plus le dédalle de ruelles pavées de la cité où les habitants ont perdu leurs repères spacieux.

Insuffisances techniques et manque de savoir-faire

L'autre obstacle de taille à l'application du Plan de sauvegarde qui devait être entamée dès 2012 réside dans l'absence d'architectes restaurateurs et d'experts en monuments historiques, deux spécialités que n'assurent ni l'université ni les centres de formation professionnelle.

Les palais de la basse Casbah, déjà restaurés, témoignent, s'il en est, des «insuffisances techniques et du manque de savoir-faire dans ce domaine», relèvent des historiens et des archéologues.
Restaurés il y a moins de dix ans, ces palais, transformés en sièges d'administration pour certains, présentent déjà des signes de fragilité apparents, sans parler de l'esthétique ou des finitions, pas toujours réussies.

Plus ambitieux, d'autres travaux, délicats, sur les infrastructures comme la voirie, le système d'assainissement ou l'alimentation en eau potable et en énergie, sont encore au stade de l'étude.
Prévus par le Plan de sauvegarde, ils relèvent presque de l'impossible pour les habitants de la Casbah d'Alger, échaudés qu'ils sont par les expériences passées, dont aucune n'a pu, pour l'heure, sauver leur cité d'un déclin inexorable.

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