L’artisanat du Doum (vannerie) à Chlef est actuellement menacé de disparition. Et pour cause. Les ustensiles en plastique ont quasiment envahi notre quotidien, n’était-ce la détermination d’une poignée d’artisans à assurer la survie de cette activité séculaire, ayant pour base le Doum, une plante d’une vingtaine de centimètres (ou palmier nain de son nom scientifique).
A 85 ans révolus, l’artisan vannier Abdelkader Khebbache fait partie de ces artisans chevronnés, dont les doigts en or continuent de travailler le Doum pour en faire différents objets utiles de la vie quotidienne, à leur tête le «Tefal», très réputé dans la région de Chlef.
Originaire de la localité d’El Hadjadj, âami Abdelkader, un artisan rencontré par l’APS en marge du Salon de l’artisanat de Chlef, représente la parfaite image de l’amour du métier, soit le Doum, dont la pratique a sensiblement baissé, «à cause de l’invasion du plastique», selon l’expression de âami Abdelkader, cet homme qui a passé 75 ans de sa vie dans la profession, tout en gardant le sourire.
Un large sourire qu’il réserve à tous les clients qui viennent solliciter ses réalisations, dont il se dit être «hautement fier», car elles sont le fruit d’une pratique qui lui a été enseignée alors qu’il n’avait pas plus de 10 ans.
En effet, l’histoire de cet artisan hors pair avec le Doum a commencé en 1942, lorsque son père, devenu incapable de tisser le Tefal (sorte de grand ustensile utilisé dans la préparation du Couscous), à cause de son âge, fit appel à lui et lui montra les gestes à faire pour achever le travail qu’il avait commencé, a-t-il raconté à l’APS.
C'est ainsi que l'artisan vannier est «entré dans le métier» qu’il ne quitta plus d’ailleurs, en en faisant sa principale source de revenu durant l’occupation française, mais surtout après l’indépendance de l’Algérie, une période faste pour lui, car son travail lui a valu une belle réputation dans toute la région d’El Hadjadj et d’Ouled Abdelkader.
La décennie noire fut malheureusement à l’origine d’un certain déclin de cette activité artisanale à Chlef, mais malgré cette baisse âami Abdelkader a persévéré dans son travail, contre vents et marées, jusqu’au jour d’aujourd’hui, en dépit des aléas de l’âge (faiblesse physique et baisse de la vue).
En effet, l’artisanat du Doum est une activité manuelle nécessitant une certaine vigueur et une force physique que Ami Abdelkader n’a plus, en dépit d’une volonté à toutes épreuves, que bon nombre de ses confrères lui envient, en admirant sa détermination à préserver coûte que coûte un métier légué de père en fils et fortement adapté à l’environnement local, outre sa vocation écologique, car le Doum est un pur produit de la nature, à la base de produits «propres», au vrai sens du terme.
A noter, que le stand d’âami Abdelkader Khebbache a attiré un grand nombre de jeunes admiratifs devant sa belle humeur et ses belles £uvres artisanales.
Interrogé sur sa façon de travailler, l'artisan vanneur a assuré à l'APS qu’il se déplace à ce jour, en dépit de son âge avancé, vers le marché d’Ouled Abdelkader pour acheter le Doum, qu’il ne peut plus désormais aller récolter sur les monts d’El Hadjadj (faiblesse physique oblige), avant de revenir chez lui laisser libre cours à sa créativité sans limites, s’exprimant à travers ses doigts habiles tissant à tout va, de beaux plateaux, chapeaux et autres paniers en tous genres.
Un seul regret subsiste cependant chez cet artisan, dont la vie n’a été que labeur et amour du métier, c’est celui de voir, a-t-il dit, « les jeunes se détourner de ce métier, pourtant si beau et source de créativité», avant d'exprimer son souhait d’animer une session de formation au profit de jeunes artisans dans ce segment d'activité qu'est le Doum, en guise de contribution personnelle dans la « préservation de ce patrimoine», a-t-il souligné.
Toujours est-il que âami Abdelkader est déterminé à poursuivre cette activité, ceci d’autant plus qu’il vient de bénéficier d’un local qui lui a été attribué au niveau de la maison de l’artisanat.