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Le secret-défense obstacle à la vérité sur l'assassinat du militant anticolonialiste Henri Curiel

Publié par DKNews le 07-05-2018, 18h01 | 56
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Quarante ans après l'assassinat du militant anticolonialiste Henri Curiel, le secret-défense constitue l'obstacle "majeur" à la vérité, malgré la réouverture de l'enquête le 9 janvier dernier, ont souligné vendredi des participants à une rencontre commémorative à Paris.

La rencontre, organisée par le Collectif Méditerranée de la "Maison du monde" d’Evry et Orient XXI, a été animée par le journaliste Alain Gresh, fils d'Henri Curiel, cet "homme à part" comme l'avait décrit le journaliste  écrivain Gilles Perrault qui lui a consacré un livre.

Le 4 mai 1978, Henri Curiel, un militant anticolonialiste et porteur de valise pendant la guerre de libération nationale, a été assassiné devant son domicile à Paris.

Un des artisans, avec Mehdi Ben Barka, de la Tricontinentale, il était aux côtés des militants sud-africains anti-apartheid et un médiateur du conflit israélo-palestinien.

Se saisissant de l'affaire de son assassinat, la justice française a décidé, quatorze ans après en 1992, d'un non-lieu. Rouverte en 2009, l'affaire a été à nouveau classée. Le 9 janvier dernier, le dossier a été ouvert, pour la 3e fois, et confiée à la juge d'instruction Laurence Lazerges.

L'avocat William Bourdon, militant des droits de l'homme, qui défend depuis une dizaine d'années la famille Curiel, a indiqué lors de son intervention vendredi que la détermination était "totale" pour faire émerger la vérité sur cet assassinat et démasquer les donneurs d'ordre ou ceux qui ont laissé faire et les assassins.

Il a rappelé que l'ouverture d'une nouvelle information judiciaire a été possible grâce au témoignage posthume d’un ancien mercenaire, René Resciniti de Says, dans "Le roman vrai d’un fasciste français", paru en 2015, trois ans après la mort de l’intéressé.

L'auteur raconte avoir fait partie du commando chargé d’éliminer Henri Curiel, indiquant que l’ordre était venu de Pierre Debizet, alors chef du service d’action civique (SAC), sorte de police parallèle au service du parti gaulliste.

Pour l'avocat, cette confession "n'est pas toute la vérité, ne peut pas être la seule piste et peut être une manipulation", indiquant que des investigations sont "en cours".

"Dans l'assassinat d'Henri Curiel, il y a toutes les apparences d'un crime d'Etat", a-t-il affirmé, demandant que l'instruction "se déroule très vite" parce qu'il y a des survivants du côté des criminels et du côté des témoins.

Gilles Perrault, auteur de "La Main rouge" (1960), "Du service secret au gouvernement invisible" (1970, Le Pavillon) et du fameux ouvrage sur Hassan II "Notre ami le roi" (1990), a insisté pour dire que "bien sûr que c'est un crime d'Etat", expliquant que le crime a été réalisé "à la seconde près".

"C'est un crime d'Etat et aucun secret-défense ne peut et ne doit tenir", a-t-il dit, soutenant que l'enquête a été "sabordée et falsifiée".  

 

 

== Chaîne d'assassinats : Mehdi Ben Barka, Mohamed Boudia, Thomas Sankara 

 

C'est au cours d'un débat fort intéressant que la notion de secret-défense, obstacle de toute vérité, est revenue le plus souvent.

 L'occasion a été donnée à Bachir Ben Barka, fils de Mehdi, qui bataille depuis plus de 50 ans, lui et sa famille, pour connaître la vérité sur la disparition de son père, enlevé le 29 octobre 1965 à Paris et son corps ne sera jamais retrouvé.

Cette affaire est également frappée par le sceau du secret-défense et c'est dans ce cadre que la chaîne d'assassinats politiques a été évoquée, citant entre autres Maurice Audin, Mehdi Ben Barka, Mohamed Boudia, Thomas Sankara, le génocide au Rwanda, etc.

Un représentant du collectif "Secret-Défense, un enjeu démocratique", a indiqué que 14 affaires judiciaires restent bloquées pour "secret-défense", expliquant que ce dispositif protègent des responsables en cas d'erreurs, comme les victimes d'un missile de l'armée à Toulon, ou cas d'assassinat des personnes "qui dérangent".

Le collectif a indiqué qu'il veut apporter sa contribution pour réformer le secret-défense et régler de façon automatique la politique de déclassification des archives.

L'autre nom de personne qui est revenu également dans les interventions de plusieurs participants est celui de l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing où Gilles Perrault a été clair en pointant du doigt l'implication de l'Elysée et du ministère de l'Intérieur, au temps de Michel Poniatowski, dans l'assassinat d'Henri Curiel.

Ce qui a laissé dire Alain Gresh que sous Giscard d'Estaing, il existait un groupe de lutte contre les mouvements communistes en Afrique. Il était constitué, d'après lui, de la France des Etats-Unis, d'Afrique du Sud et du Maroc.

Certains participants ont même relevé que le Mossad intervient en France en "toute impunité", ce qui a poussé Gilles Perrault à dire que "le secret-défense est le complot d'Etat".

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