Le haut commissaire de l'ONU aux Réfugiés
Filippo Grandi a appelé lundi depuis Kaboul à ne pas «tourner le dos aux réfugiés
pour regarder ailleurs», estimant que cela n'«est pas une option».
«Toutes les minutes, 24 personnes dans le monde, une sur 113, sont forcées
de choisir l'exil» pour se mettre en sécurité et gagnent en priorité des pays
à faibles ou moyens revenus, a-t-il souligné depuis la capitale afghane où il
effectue une vistie pour marquer la Journée mondiale des réfugiés en Afghanistan,
deuxième pays d'exode après la Syrie.
«Plutôt qu'à un partage du fardeau, nous assistons à la fermeture des
frontières, et en guise de volonté politique à une paralysie politique dont
les organisations comme la mienne subissent les conséquences, appelées à sauver
des vies avec des budgets limités», a regretté M. Grandi.
Rien que pour l'Afghanistan, où l'exode a commencé en 1979, 2,4 millions
de réfugiés sont dispersés chez les voisins, principalement Pakistan et Iran
et 1,2 million sont déplacés à l'intérieur du pays. Le nombre de ces derniers
ne cesse de croître en raison des hostilités entre les forces gouvernementales
et les insurgés talibans qui gagnent du terrain au sud, dans l'est et le nord.
Sur ce nombre, «moins de 200.000 Afghans ont touché les rivages de l'Europe»
a rappelé M. Filippi.
Au total, 1,2 million de réfugiés, dont les Syriens constituent le plus
large groupe, sont arrivés en Europe l'an dernier et ont déposé une demande
d'asile. La moitié étaient des enfants dont une proportion inédite de mineurs
non accompagnés, 100.000, selon le HCR.
Pour M. Grandi, qui a pris ses fonctions en janvier, il est en outre
«devenu de plus en plus dangereux de fuir, par la terre ou par la mer, pour
se retrouver bien souvent dans des pays dont l'environnement est caractérisé
par la xénophobie».
Le responsable a entamé sa visite en Iran dimanche et se rendra mardi
au Pakistan.