Une Irano-britannique, Nazanin Zaghari-Ratcliffe,
emprisonnée en Iran depuis le 3 avril, est accusée d'avoir participé au "mouvement
de sédition" de 2009 après l'élection controversée de l'ex-président conservateur
Mahmoud Ahmadinejad, a déclaré samedi un responsable judiciaire.
"En 2014-2015, les services des des Gardiens de la révolution
(armée d'élite) de la province de Kerman (sud-est) ont identifié un des groupes
qui avait créé des sites internet et menaient des activités de propagande contre
la sécurité du pays", a affirmé le chef de l'autorité judiciaire locale, Yadollah
Movahedi, cité par le site Mizanonline, lié au pouvoir judiciaire.
"Certains membres du groupe étaient à l'étranger, notamment Nazanin
Zaghari, qui a été arrêtée à l'aéroport de Téhéran et transférée à Kerman",
a-t-il ajouté, précisant que d'autres membres de ces groupes ont également été
condamnés à de la prison.
Mme Zaghari-Ratcliffe est employée depuis quatre ans par la Fondation
Thomson Reuters comme coordinatrice de projets, chargée des bourses et de formations,
notamment de journalisme. La Fondation a affirmé qu'elle n'avait aucune activité
en Iran.
Détentrice de la double nationalité iranienne et britannique -- non
reconnue par Téhéran -, Mme Zaghari-Ratcliffe, 37 ans, avait été arrêtée à l'aéroport
de Téhéran alors qu'elle s'apprêtait à rentrer au Royaume-Uni avec sa fille
après une visite à sa famille en Iran.
Les Gardiens de la révolution l'ont accusée d'avoir cherché à "renverser
en douceur le régime" et mené "ses activités criminelles sous la direction de
médias et de services de renseignement de gouvernements étrangers".
Son mari, Richard Ratcliffe, a rejeté ces accusations.
Un porte-parole du Foreign Office avait déclaré que Londres cherchait à
obtenir "d'urgence" des informations sur ces accusations.
En 2013, onze "internautes" membres du site Narenji (orange) avaient été
arrêtés à Kerman pour des activités illégales après le mouvement de protestation
qui a suivi la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad en 2009.
Selon les médias iraniens, plusieurs ont ensuite été condamnés à des
peines allant de un à 11 ans de prison pour activités contre la sécurité du
régime et des liens avec la chaîne de télévision BBC en persan, interdite en
Iran.
Par ailleurs, le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi,
cité par Mizanonline, a confirmé l'arrestation début juin de l'Irano-canadienne
Homa Hoodfar, anthropologue de 65 ans accusée par la justice iranienne d'"activités
féministes" et de "délits sécuritaires", selon la même source.
Le site de la télévision d'Etat avait affirmé la semaine dernière que Mme
Hoodfar était fondatrice et membre de la Fondation WLUML dont le siège se trouve
à Londres.