Amnesty International a publié jeudi un réquisitoire
sévère contre les méthodes du Cameroun dans sa lutte contre le groupe terroriste
Boko Haram qui multiplie les incursions dans la zone frontalière avec le Nigéria.
«En cherchant à protéger la population de la violence de Boko Haram,
le Cameroun vise le bon objectif, mais en arrêtant arbitrairement des gens (...),
il n'emploie pas les bons moyens», a déclaré Alioune Tine, directeur du bureau
régional d'Amnesty International pour l'Afrique centrale et de l'Ouest, dans
un communiqué sur un nouveau rapport de l'ONG.
«Plus de 1.000 personnes sont détenues dans des conditions épouvantables
et plusieurs dizaines d'entre elles meurent des suites de maladie ou de malnutrition
dans le cadre des opérations de répression menées contre Boko Haram par les
forces de sécurité et les autorités camerounaises», détaille l'organisation
de défense des droits de l'homme.
«Plus de 100 personnes, dont des femmes, ont été condamnées à mort par
des tribunaux militaires», poursuit Amnesty qui note «qu'aucune n'a toutefois
été exécutée à ce jour».
L'ONG invite le gouvernement camerounais à «agir de toute urgence s'il
veut tenir la promesse qu'il avait faite de respecter les droits humains dans
son combat contre Boko Haram».
Plus de 8.000 soldats camerounais sont déployés dans l'extrême nord,
où le groupe terroriste multiplie depuis trois ans les attaques et attentats
meurtriers depuis ses fiefs du nord-est du Nigeria, situés de l'autre côté de
la frontière.