Depuis son apparition en novembre dernier, le mouvement de protestation des Gilets jaunes ne laisse personne indifférent, tant au niveau de la population que de la classe politique française.
Après plus de dix semaines d’une remise en cause pertinente des choix politiques du gouvernement Macron, le mouvement, soutenu par une large partie de l’opinion publique française, cherche une voie de consolidation en portant le combat sur le terrain politique.
La perspective des élections législatives européennes de mai prochain leur offre en effet une fenêtre de tir qu’ils comptent investir pour ‘’faire de la politique autrement’’.
Une liste vient ainsi d’être rendue publique comportant 10 noms de personnes choisies pour porter la couleur des Gilets jaunes aux échéances européennes prochaines.
Ambitionnant de ‘’ transformer la colère en un projet politique humain’’, la liste sera conduite par une figure de proue de ce mouvement, Ingrid Levavasseur qui aura comme directeur de campagne Hayk Shahinyan, un autre nom connu des Gilets jaunes.
Une ‘’votation’’ sera organisée selon les initiateurs du projet, en vue de confectionner une lite de 79 candidats.
«On pourrait très bien avoir 79 candidats dès aujourd'hui, mais on a choisi d'ouvrir au participatif. Il y aura une votation interne entre les candidats actuels pour désigner les autres places», a fait savoir le préposé à la direction de campagne à une journaliste de l’AFP.
Cette liste du Ralliement d’Initiative Citoyenne place son combat au niveau d’une principale revendication : «Nous, citoyens français, ne voulons plus subir les décisions des instances européennes et les diktats des castes de financiers et de technocrates, qui ont oublié le principal : l'humain, la solidarité et la planète » est-il mentionné dans un communiqué du mouvement.
Un sondage publié il y a quelques semaines, bien avant la publication de cette liste, créditait une éventuelle liste de Gilets jaunes aux élections européennes de «13 % des voix, derrière La République en marche et le Rassemblement national, mais devant Les Républicains ou La France insoumise», selon un papier daté du 24 janvier du site de l’hebdomadaire lepoint.fr qui ajoute un peu plus loin que «l'irruption d'une liste Gilets jaunes nuirait principalement au RN ainsi qu'à Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.» Ce qui peut explique le sens de la réaction politique de ces deux partis.
« Ça ne me pose pas de problème qu'il y ait une liste Gilets jaunes. La question après, c'est qu'ils gardent leur indépendance et leur autonomie.(...) Quand on voit autour de ces listes d'anciens militants socialistes, ce danger, il existe», a rétorqué Martin Le Pen comme une mention au passage au parti socialiste de Hayk Shahinyan.
Quant à Nicolas Dupont-Aignan, qui leur souhaite ‘’bonne chance’’, il ne semble pas très emballé par la publication de la liste des Gilets jaunes : « Je crois qu'au contraire la force des Gilets jaunes tenait à leur diversité politique. À partir du moment où ils vont faire une liste, il va bien falloir qu'ils clarifient les choses. Rendez-vous aux élections », a-t-il lâché sur les médias.
De son côté, le site du quotidien lemonde.fr a publié, le 19 janvier, un entretien avec Emmanuel Rivière, le directeur général de l’institut d’études Kantar Public France, dont la tonalité générale est que cette liste des Gilets jaunes ferait l’affaire du parti de Macron.
A la question de savoir si la République en marche en sera le principal bénéficiaire, sa réponse a été comme suit: « Oui. Ce serait, d’ailleurs, l’un des paradoxes de cette liste : arranger leur principal adversaire.»
CEM
