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Douirette : Le plus vieux quartier de Blida en attente de classement

Publié par Dknews le 22-05-2014, 18h37 | 343
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Douirette, ou encore «Hai Ouled Essoultane», considéré comme l'un des plus vieux quartiers populaires de Blida, est en attente d’un classement au patrimoine matériel de la wilaya, en vue de le préserver du danger de la déperdition qui le guette, du fait de la vétusté de ses constructions et de la dégradation du cadre de vie en son sein.

Le quartier Douirette, dont le sens premier renvoie à un petit ensemble d’habitations, a été construit au XVe siècle, de la Régence d’Alger par les Ottomans. Son architecture est similaire à celle de la Casbah d’Alger, à quelques détails près, relatifs notamment aux toitures des maisons, faites en tuiles à Douirette, alors que celles de la Casbah sont surmontées de terrasses.

Toutefois, ces vieilles maisons de style mauresque se sont dégradées avec le temps. Leurs murs se sont effrités et leurs fondations ont été fragilisées. Par ailleurs, les multiples modifications apportées, au fil des années, ont eu raison de leur cachet originel.

En effet, aucune touche d’esthétique n’est plus visible dans ce vieux quartier tel que voulu par le fondateur de la ville de Blida, Sid Ahmed Lekbir. Le temps d’abord, puis les modifications apportées par ses habitants, ont fini par faire disparaître toutes les touches originelles attestant de l'histoire andalouse de ce quartier.

Des habitants ont remplacé les belles voûtes surmontant les portiques en bois sculpté dans le pur style arabo-musulman, par des portes banales, alors que d’autres ont érigé de hauts murs fortifiés avec des barreaux en fer, sécurité oblige.

Autre particularité de ces maisons, chacune d’elles comptait plusieurs chambres de forme rectangulaire de 6 à 10 m de long, sur 3 m de large,  avec une hauteur variant entre 3 et 4 m. Ces pièces étaient construites de façon à entourer un patio disposé au centre, qui constituait alors l’âme de la maison. 

Ce petit espace à ciel ouvert, désigné localement sous le vocable de «Oueste Eddar» (qui veut dire littéralement le milieu de la maison) est un legs encore préservé, par plusieurs familles de Douirette, qui en font un point d’honneur de posséder une sorte de jardin, à domicile.

De jolies plantes grimpantes serpentent généralement le long des murs de cette cour à ciel ouvert, dont notamment des vignes et du jasmin, dont l’odeur pénétrante embaume toute la maison et ses environs.

Les maîtres des céans agrémentent également cette cour de citronniers, un arbre aussi beau qu’utile, en plus de nombreuses autres plantes ornementales, liant généralement l’utile à l’agréable, telles que les clous de girofle et le basilique. Aujourd’hui, aucune trace de cette magie d’une belle époque n’est visible dans les dédales des vieilles venelles de Douirette, dont la largeur ne dépasse pas 1,5 m.

Le visiteur arpentant ses vieux escaliers démolis fait face à un spectacle désolant de vieilles maisons en ruine, ou carrément abandonnées par leurs occupants, alors que des tas d’ordures ménagères sont jetés çà et là par les habitants, en l’absence de voies praticables pour leur enlèvement.

La résidence du roi Béhanzin  à un monument oublié

Parmi les plus beaux vestiges encore debout, de nos jours, au niveau de ce vieux quartier de Douirette, en dépit des nombreuses modifications apportées par l’homme, se trouve la résidence du roi Béhanzin Kondo de l’ex-royaume du Dahomey du XVIII siècle (actuel Benin).

Selon Youcef Ouraghi (une mémoire vivante de la ville de Blida), c’est dans cette demeure que fut assigné à résidence, de 1894 à 1906, le roi Béhanzin, par les autorités coloniales françaises de l'époque, qui l’avaient exilé en Algérie.

Ses restes furent transférés en son pays en 1928, et le palais est demeuré, depuis, en état d’abandon. Sur site, il est loisible de constater cet état d’abandon dans lequel se trouve cette demeure, dont les portes voûtées ont été obstruées grossièrement.

Un grand portail en fer forgé, fermé, est envahi  par des herbes sauvages. Sur les lieux, on y trouve mêlés des pins, des figuiers de barbarie et des vignes, entrelaçant les murs du palais, qui avaient entouré,  par le passé, selon les témoignages de voisins, une belle forêt d’arbres fruitiers.

Plusieurs délégations officielles béninoises rendent régulièrement visite à ce palais, mais sans pénétrer à l’intérieur pour mieux le découvrir, se contentant d’une simple contemplation extérieure.

Douirette : un réservoir de talents 


Durant son âge d’or, ce quartier populaire renfermait plus de six (6) écoles coraniques, dont seules deux (2) subsistent de nos jours. Ces structures ont formé de nombreux hommes de culte connus, dont Cheikh Baba Amar, qui fut Imam de la grande mosquée d’Alger, ainsi que Cheikh Djelloul, Cheikh Asmane, dit Cheikh Zobeir, et Cheikh Mohamed Brinis, dit El Blidi.  

D’autres noms connus de la scène artistique nationale, notamment dans les styles Haouzi et Aroubi, sont également natifs de ce quartier, à l’image de Hadj Mahfoudh Mohieddine, Mohamed Mohieddine, la chanteuse Seloua, les chanteurs Rabah Driassa et Rachid Nouni, ou encore le doyen du théâtre de Blida, Mohamed Touri, et les comédiens Keltoum, Tayeb Aboulhassan, et Omar Tayane. 

Les habitants de ce quartier ont, aussi, la fibre sportive, puisque  la moitié des joueurs de l'équipe de football de l’USM Blida sont issus de ce quartier qui a offert également au sport national le premier arbitre international algérien, en la personne de Abdelaziz Chekaimi, le joueur de football Dahmane Meftah , le boxeur Khaled Djouher et bien d’autres.

Ce vieux quartier de Blida a, aussi, donné au pays plus de 360 de ses meilleurs enfants, tombés au champ d’honneur pour l’Algérie indépendante. La restauration des habitations du quartier, une doléance insistante De nombreux habitants du quartier, rencontrés par l’APS, ont sollicité auprès des  autorités locales des ½ aides «, dans le but de procéder à la restauration de leurs maisons délabrées, qu’ils veulent garder, disent -ils, comme un «témoin vivant de la longue histoire de ce quartier, qui constituait jadis leur fierté».

Un résident a rapporté, à l’occasion, qu’un  mur de sa maison s’est effondré  l’année dernière. Depuis, il est en attente d’une aide financière pour le réparer, «mais en vain», a t-il déploré. Le directeur de l’urbanisme et de la construction de la wilaya, M.Kadi, a signalé, dans ce sens, la réalisation en cours, par ses services, d’une étude globale sur les vieilles habitations précaires de la wilaya, dont celles du quartier Douirette, «en vue de l’obtention d’une enveloppe financière, de la part de la tutelle, pour leur restauration et réfection», a t-il indiqué.

Le directeur de la culture, Ayache Ahmed, a signalé, pour sa part, la préparation  d’un dossier pour la classification de ce vestige historique, en vue de le mettre à l’abri des multiples modifications et des dégradations qu’il encourt.

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