Hi-Tech

Exploitation des traces numériques : Peut-on échapper à «Big Brother» ?

Publié par Samy YACINE le 06-04-2016, 22h36 | 77
|

Plus de soixante communes militent en France, depuis quelques jours pour s’opposer à l’installation de nouveaux compteurs dits «intelligents» par l’entreprise EDF.

Près de 35 millions de compteurs de clients résidentiels sont ainsi appelés à être remplacés par Linky, le compteur intelligent d’EDF. Mais un vaste mouvement de contestation est apparu, conduit notamment par des élus écologistes. Ce qu’il faut retenir de ce fait anodin, c’est que parmi les principaux griefs retenus contre cette nouvelle machine, figure sa dimension «inquisitrice».

Pour Stéphane Lhomme, militant écologiste, conseiller municipal dans une commune de la Gironde (sud-ouest de la France), l’un des soucis provoqués par ce compteur c’est la collecte des données sur les usagers et leurs usages ; « Des informations "qui peuvent être utilisées à des fins commerciales ou policières. Ce sont de véritables Big Brother que chacun va avoir à son domicile si on se laisse faire", explique-t-il, sur le site web de la télévision française BFMTV qui rapporte que même « le président de l'association des maires de France, François Baroin (Les Républicains), a d'ailleurs demandé à l'Etat "de fournir de manière objective et transparente aux habitants inquiets les réponses qu'ils attendent", reconnaissant que "ce déploiement, prévu par la loi, soulève des inquiétudes" ». Ce fait divers est donné comme illustration des attentes suscitées par l’usage des technologies numériques qui bouleversent toutes les pratiques amenant certains à s’en méfier et à faire ressortir ce côté sombre uniquement des potentialités numériques. « Nul besoin de revenir sur les nouvelles possibilités de surveillance automatique des flux et des traces que chacun génère, qu’il s‘agisse des moyens techniques de renseignement d’Etat ou de celles des grandes plates-formes numériques. Ces pratiques dessinent une nouvelle géopolitique lorsqu’un seul pays dispose de l’essentiel de ces informations, mais aussi une nouvelle géographie du pouvoir quand tout ce savoir accumulé est contrôlé par une seule société », écrit un expert le site http://business.lesechos.fr, résumant effectivement tout le potentiel de traçage et de captation des données sur les individus. Ce potentiel est mis en exergue par un travail d’investigation journalistique menée par la journaliste française Alexandra Ranz qui s’est immergée pendant des mois dans ce monde de l’hyper connexion pour tenter de savoir s’il este encore possible de passer inaperçu pour un usager des nouvelles technologies numériques. « Peut-on encore, en 2016, échapper à la surveillance de masse sans renoncer totalement aux outils bien pratiques que sont le téléphone et l’ordinateur ? », résume le site lemonde.fr, qui a longuement traité de ce travail pour conclure que vouloir échapper à la surveillance, qu’elle soit »étatique ou commerciale », s’avère un véritable parcours du combattant, constate rapidement la journaliste ». La journaliste a ainsi répertorié la liste des outils numériques qui meublent le quotidien d’un citoyen, à commencer par les caméras de surveillance dans la rue, et les lieux publics, la navigation sur internet, les cartes magnétiques pour le transport, la santé, les opérations bancaires… Au final elle constate qu’il « reste l’outil de flicage par excellence, qui est aussi l’accessoire indispensable du XXIe siècle : le téléphone portable». Des experts sont sollicités pour confirmer, démonstration à l’appui la vulnérabilité des données transitant sur els téléphones ; « Avec simplement votre numéro de téléphone, on peut savoir où vous êtes », explique l’un d’entre eux, interrogés par la journaliste, avant qu’un autre n’aille un peu plus loin en avançant que   « votre téléphone sait avec qui vous couchez si votre partenaire en a un aussi  ».

La journaliste qui a tenté des mois durant de se soustraire au regard des outils numériques en arrive au constat, selon lemonde.fr que même « en prenant les mesures les plus radicales, impossible de déjouer totalement les yeux qui nous espionnent, car surveillance d’Etat ou des entreprises, tout se mêle. »

Mais il y a d’autres points de vue sur l’impact des traces numériques qui peuvent, de l’avis de certains experts, servir pour améliorer le confort et la qualité de vie du citoyen. A propos des traces laissées par l’usage d’un téléphone mobile, par exemple, le site du journal genevois tdg.ch voit leur exploitation comme une source potentielle d’innovation ; « Si ces traces numériques ont de quoi inquiéter, elles peuvent également représenter un outil de choix », écrit le journaliste citant les propos de l’expert «Antonin Danalet, chercheur au Laboratoire transport et mobilité de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL)» qui travaillé sur les données des usagers des transports et voies publics, et recueilli des données sur les piétions qui, explique-t-il, « pourraient s’avérer précieuses pour mieux concevoir les infrastructures piétonnes dans nos villes où la population ne cesse de croître.»

Après avoir traité des données, en anonyme, précise-t-il, le chercheur admet effectivement des préoccupations de protection de la vie privée, mais relativise ; «Le risque pour la vie privée existe dès que vous possédez un smartphone... Que de grosses entreprises utilisent les données Wi-Fi de manière secrète pose un véritable problème. Mais ces informations sont également très utiles pour la recherche et l’amélioration de l’espace public », confie-t-il au journal genevois.

Samy YACINE

 

Un policier pas net !

La presse française a commenté, il y a quelques jours cette information d’un policier français condamné pour voir exploité les traces numériques pour d’autres fins que celles pour lesquelles elles étaient destinées. Des informations ont en effet fuité dans la presse française en 2012, à propos d’une affaire de meurtre ; des contenus de correspondances, notamment des emails, entre le principal suspect et des proches à lui ont immédiatement poussé la sœur de celui ci à porter l’affaire devant les tribunaux. « L'enquête a permis de remonter jusqu'à un brigadier-chef de l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC).Son travail consistait à retrouver des traces numériques dans le cadre de l'enquête », lit-on sur le site http://tempsreel.nouvelobs.com, ajoutant que les juges l’ont condamné, le 22 mars dernier, à 3000 euros d’amende pour violation du secret professionnel, et que sur initiative de la cour, la sanction n’a pas été portée sur son casier judiciaire.

 

Et si on commençait plus tôt ?

Face au fléau d décrochage scolaire, l’institut Montaigne, un think tank réputé pour ses thèses libérales, vient de produire une étude qui conclut à la nécessité d’initier les enfants dès le bas âge aux instruments numériques. Ses rédacteurs partent d’un constat simple mais amer : « 200.000 jeunes français sortent du système éducatif sans maîtriser les savoirs fondamentaux », note le site www.challenges.fr qui souligne l’urgence de la situation, « car la dégringolade de la France dans les classements PISA s’accélère: elle est passée en quelques années de la 12èmeà la 25ème place, quasiment la lanterne rouge des pays de l’OCDE », ajoute-t-il.

Le think tank a également chiffré le coût économique de cette déperdition : "Les coûts associés au décrochage d’un jeune en France, cumulés tout au long de sa vie, sont estimés à 230.000 euros, note le rapport, pour l’Etat c’est près de 30 milliards d’euros de dette contractée chaque année", fait remarquer le site qui reprend l’une des principales conclusions de l’étude, à savoir, le recours aux technologies numériques et notamment les tablettes pour accélérer la «stimulation cognitive de la petite enfance, entre 0 et 5 ans ».

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.