Histoire

Guerre de libération : Le journaliste et réalisateur belge, Hugues Le Paige «Mon travail sur le mouvement de solidarité belge avec les Algériens, un «devoir de mémoire»

Publié par DKNews le 28-10-2017, 18h19 | 93
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La réalisation du film-documentaire et la publication, sous le même titre, du livre «Le Front du Nord: des Belges dans la guerre d'Algérie (1954-1962)» répond à «un devoir de mémoire» sur le mouvement de solidarité belge avec les Algériens qu'aucun livre d'histoire n'évoque, a affirmé leur auteur, le journaliste et réalisateur belge, Hugues Le Paige.

«A part des archives personnelles des acteurs eux mêmes, et qui sont du reste introuvables, il n'y a pas eu de livres ou de documentaires qui évoquent ces hommes et leurs actions», a-t-il déclaré à l'APS.

Néanmoins, une thèse de doctorat sur ce mouvement en Belgique et dans le Nord de la France, en cours de préparation actuellement par un jeune chercheur français, pourrait «éclaircir beaucoup de zones d'ombre», selon Le Paige «D'ailleurs, ce jeune chercheur, Paul Emmanuel Babin, sera présent au colloque prévu à la fin du mois à Alger et pourra apporter beaucoup de nouvelles informations sur ce thème», a-t-il ajouté.

Le film réalisé par Hugues Le Paige, ainsi que le livre écrit en collaboration avec Jean Léonce Doneux retracent le combat d'activistes anticolonialistes belges qui se sont engagés aux côtés des militants du Front de libération nationale (FLN), à travers le récit de femmes et d'hommes qui étaient à l'époque membres du collectif d'avocats mis en place pour assister les détenus algériens, ou du réseau Jeanson en tant que «porteurs de valises».

L'action de ces hommes et femmes est «très peu connue même en Belgique pour diverses raisons», a-t-il affirmé.

La raison principale réside, selon Hugues Le Paige, dans le fait qu'il s'agit de personnages «très discrets» qui ne se mettaient pas au-devant de la scène médiatique.

«Les protagonistes eux même n'ont jamais voulu en faire des titres de gloire car ils étaient d'une grande modestie», a-t-il expliqué, faisant remarquer, toutefois, que certains «ont évolué politiquement» et «ne veulent plus ébruiter ce qu'ils ont fait durant cette époque».

La seconde raison, a-t-il poursuivi, a trait à la position du gouvernement belge de l'époque qui «était très solidaire de son homologue français ce qui a fait que leur action n'a pas été mise en évidence et a été tue et rendue très peu connue», regrettant que la plupart des témoins soient, aujourd'hui, «disparus».

Ces hommes et femmes, a-t-il poursuivi, ont pourtant joué un rôle important dans le déroulement du combat du FLN en Europe, notamment lorsque les réseaux français furent démantelés par la police à partir de 1960.

Un réseau restreint mais efficace

 «Ils n'étaient pas nombreux. Ils étaient une poignée de gens, mais efficaces», a-t-il tenu à préciser, soulignant que le mouvement de solidarité avec les Algériens était organisé en «différents types de réseaux».

«Il y avait celui qui était proche du réseau appelé +réseau Jeanson+ en France. Après le démantèlement du réseau français, celui constitué en Belgique a contribué à faire de mon pays une base arrière importante pour la fédération FLN de France», a-t-il affirmé.

Un autre groupe «beaucoup plus discret, mais tout aussi efficace», s'était constitué autour de l'activiste anticolonialiste Henri Curiel, assassiné en 1978 à Paris, selon Le Paige qui a relevé également le «rôle très particulier» joué par son ami, le défunt Marcel Liebman (porteur de valise).

«Marcel Liebman qui était un juif pro-palestinien avait même tenté une réconciliation en Algérie dans le but de convaincre la communauté judéo-arabe et judéo française de rester en Algérie après l'indépendance et de collaborer avec le nouveau régime après l'indépendance», a-t-il témoigné, soutenant qu'il était également le meilleur ami de Naim Kader, le représentant de l'OLP (Organisation de la libération de la Palestine), assassiné à Bruxelles en 1982.

«Ils ont fait de nombreuses actions à deux en faveur de la Palestine», a-t-il ajouté. Ce sont toutes ces personnes, rencontrées lors de plusieurs et différentes actions militantes et politiques qui m'ont inspiré pour réaliser le film «Le Front du Nord», ou encore la biographie de Marcel Liebman et celle de Jean Van Lierde, un autre porteur de valise, a-t-il confié.

Mais, la rencontre avec Pierre Le Grève, responsable du Comité pour la Paix en Algérie qui, clandestinement, venait directement en aide au FLN pendant la guerre de libération, a marqué à jamais Le Paige et influencé son engagement politique.

«La guerre d'Algérie que je n'ai connue qu'à sa fin, alors que j'avais 16 ans, était un des moments de prise de conscience et d'engagement politique», a-t-il affirmé, soulignant que son premier engagement politique était «en solidarité avec le combat du FLN pour l'indépendance de l'Algérie».

Un combat qu'Hugues Le Paige découvre grâce à son professeur de morale laïque, au Lycée, Pierre Le Grève.

«En échappant à un attentat, nous avons pu découvrir ses activités clandestines importantes menées en soutien au FLN», a-t-il indiqué, soutenant que «son engagement était une source d'inspiration» pour lui.

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