Histoire

Le camp de tortures Haouch Goutier de Souk El Hed (Boumerdes) : Un témoin vivant des atrocités de l’armée coloniale française

Publié par DKNews le 29-10-2017, 16h30 | 273
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Situé à trois km à peine au nord de la commune de Souk El Hed (à l’est du chef lieu de wilaya de Boumerdes), le tristement célèbre camp de tortures Haouch Goutier, encore debout à ce jour, témoigne des atrocités commises par l’armée coloniale française contre les Algériens, notamment à travers certains vestiges, représentés par de minuscules geôles en béton.

A l’origine, ces geôles étaient des caves destinées à la conservation et production du vin, qui furent transformées par l’armée coloniale en cellules d’épouvante, où l’on rentrait vivant pour en sortir, soit mort ou handicapé à vie, pour le simple tort d’avoir porté les armes pour revendiquer sa liberté.

Selon les témoignages de moudjahidines de la région ayant survécu à cette période douloureuse de l’histoire de l’Algérie, ce centre de torture, mitoyen aujourd'hui à la RN5 reliant l’Est et le Centre du pays, fut créé en 1956. S’étendant sur une surface de 5000 M2, d’une capacité d’accueil de 200 détenus, ce centre de torture était alors dirigé par un certain commandant Skerfon, qui était secondé dans sa tache ignoble par le lieutenant Montasse, en plus d’un nombre de Harkis et d’un groupe de parachutistes assurant la surveillance des lieux, se rappellent des témoins.

Ce site, spécialement sélectionné pour son isolement extrême, a abrité les pires tortures pouvant être perpétrées à l’ égard d’êtres humains, ici les moudjahidine du Front de libération nationale (FLN), voire même tout civil suspecté d’être contre la France coloniale .

Brulures par le feu, ingurgitation d’eau savonneuse, électrocution, torture auditive, planches à clous, suspension par les pieds et les mains, sans distinction d’âge, étaient le quotidien de tous les détenus de ce camps de concentration, dont les méthodes sont interdites à l’échelle mondiale, se souviennent encore des moudjahidine de la région rencontrés par l’APS.

Parmi eux, le Moudjahid Rabah Nassi (1940), aujourd’hui septuagénaire, qui n’avait que 16 ans, lorsqu’il foula pour la première fois le sol de ce camp de l’horreur, dont il avait jusque là eu déjà des échos assez troublants, a-t-il indiqué, assurant garder à ce jour, des traces indélébiles de son passage dans ces lieux.

«Nul ne peut décrire les atrocités que nous avions subies, mes compagnons et moi, dans ce bâtiment, que l’on qualifiait à l’époque d’Abattoir de l’Algérie», a-t-il confié, très ému au souvenir des tortures inhumaines, dont il a été victime.

Il a néanmoins signalé avoir été arrêté en 1957, suite à un accrochage avec une patrouille française, au lieu dit Oued Djenah, de la banlieue de la ville de Souk El hed.»J’ai été enfermé huit jours durant dans une cellule en béton avec une unique ouverture de 25 cm sur 40 cm», a-t-il ajouté, se souvenant que son corps chétif fut un «atout» pour lui, car il suffisait au soldat français d’une seule rude poussée pour «me voir à l’intérieur», raconta t-il, mi moqueur.

Car les détenus au grand gabarit ou âgés, poursuit Ami Rabah, soufraient quotidiennement le martyr pour rentrer ou sortir dans ces minuscules cellules, qui n’étaient pas de taille «humaine».

Des cellules, se souvient t-il encore, où la lumière du jour ne rentrait jamais car fermées de toutes parts et où le froid et l’humidité régnaient, aux cotés d’un sempiternel son d’une eau qui goutte, accentuant encore plus la torture psychologique du détenu.

C’est dans ce trou d’à peine un ou deux mètres de long et de large, comme qualifié par le Moudjahid Nassi, que l’armée française tassait entre un à 4 détenus, voire 8 dans certains cas, au moment où la cour du camp servait d’espace de tortures à ciel ouvert .

Selon le même témoignage, ce centre était doté de trois portes principales, dont une située à l’arrière destinée à l’évacuation des détenus condamnés à mort, qui étaient accompagnés vers un Oued mitoyen, où ils étaient exécutes et enterrés, assure-t-il .

En dépit de toutes ces souffrances endurées, le Moudjahid Rabah Nassi a tenu a exprimer sa fierté d’appartenir à une région qui a offert à la Révolution prés de 540 de ses enfants, soit plus d'un tiers de sa population d’alors, estimée à 2000 âmes, a-t-il affirmé.

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