Une jeune femme ayant plaidé coupable d'être une agente russe, Maria Butina, a été condamnée vendredi à 18 mois de prison par un tribunal de Washington pour avoir infiltré l'appareil politique américain à travers ses liens avec la NRA, le puissant lobby pro-armes.
«Je demande humblement pardon. Je ne suis pas cette personne diabolique décrite dans les médias.
Je voulais un avenir ici dans les relations internationales», a-t-elle déclaré la voix tremblante au tribunal, dans un anglais teinté d'accent russe.
La juge Tanya Chutkan a suivi les recommandations des procureurs, qui avaient expliqué ne requérir que 18 mois de prison en raison de l'«aide conséquente» de Mme Butina «aux forces de l'ordre».
Inculpée pour «complot» en vue de «promouvoir les intérêts de la Russie» après son arrestation en juillet 2018, la Russe de 30 ans coopère avec la justice américaine depuis qu'elle a plaidé coupable en décembre d'avoir agi comme agente d'un pays étranger sans notifier officiellement le gouvernement, un chef d'inculpation qualifié d'«espionnage léger» par l'accusation. «Si j'avais su qu'il fallait s'enregistrer comme agent étranger, je l'aurais fait», s'est-elle défendue.
Mme Butina, qui a déjà passé neuf mois en détention provisoire depuis son arrestation, sera renvoyée en Russie à l'issue des neuf mois lui restant à purger.
Ses avocats demandaient son renvoi en Russie dès sa peine prononcée. «Nous désapprouvons fermement la décision du tribunal», a réagi l'un deux, Robert Driscoll, selon lequel sa cliente n'aurait pas été poursuivie si elle n'avait pas été Russe. Le ministère russe des Affaires étrangères a de son côté dénoncé une condamnation «politiquement motivée».
«Les accusations portées contre elle sur une intention d'influencer les processus politiques internes aux Etats-Unis sont totalement inventées et fabriquées de toutes pièces», a dit le ministère dans un communiqué, assurant que Maria Butina avait «été contrainte de s'accuser elle-même par de dures conditions d'emprisonnement et la menace d'une énorme peine de prison».
«Notre compatriote n'a été condamnée que parce qu'elle est une citoyenne russe», a affirmé le ministère.