Les ministres des Affaires étrangères de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) sont convenus d'inclure l'espace dans les domaines d'opération de l'Alliance outre les domaines aérien, terrestre, maritime et informatique, a déclaré mercredi le secrétaire général de l'organisation Jens Stoltenberg.
Après la réunion des ministres des Affaires étrangères du Conseil de l'Atlantique Nord, M. Stoltenberg a défendu cette décision en déclarant que l'espace «peut être utilisé de manière agressive».
L'OTAN, dirigée par les Etats-Unis, prépare depuis longtemps la décision de mercredi. En février dernier, le président américain Donald Trump avait signé la Directive politique spatiale 4, demandant au Pentagone d'élaborer un projet de loi sur la création d'une force spatiale américaine. En août, il a dévoilé le nouveau Commandement spatial en qualifiant l'espace de «prochain théâtre d'opération». La Russie a mis en garde à plusieurs reprises contre les risques d'une course spatiale aux armements.
En septembre dernier, le président russe Vladimir Poutine avait en effet laissé entendre qu'une nouvelle course aux armements pourrait se mettre en branle entre la Russie et les Etats-Unis, et qu'elle pourrait s'étendre jusqu'à l'espace.
La réunion ministérielle a également été assombrie par des divergences sur le développement futur de l'OTAN entre ses membres clés. Dans une récente interview à The Economist, le président français Emmanuel Macron a appelé les alliés européens à prendre conscience des réalités de l'Alliance Atlantique avant qu'il ne soit trop tard.
«Ce que nous vivons actuellement, c'est la mort cérébrale de l'OTAN». L'Europe se trouve «au bord du précipice» et doit commencer à se penser stratégiquement en tant que puissance géopolitique, sinon «nous ne serons plus maîtres de notre destin». Les membres de l'alliance «devraient réévaluer la réalité de ce qu'est l'OTAN à la lumière de l'engagement des Etats-Unis», a déclaré M. Macron. Avant la réunion ministérielle de mercredi, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas avait appelé les membres de l'Alliance à «renforcer politiquement l'OTAN à travers un processus structuré», selon le site Internet de l'édition européenne de POLITICO.
Un groupe d'experts dirigé par le secrétaire général de l'OTAN serait créé, selon la proposition de M. Maas, pour engager un débat politique sur la réflexion stratégique de l'alliance, a indiqué POLITICO, qualifiant cet appel de réaction en partie aux propos de M. Macron sur la «mort cérébrale».
La réunion ministérielle de mercredi a également servi de préparation au sommet de l'OTAN prévu à Londres les 3 et 4 décembre.
