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Présidentielle 2019 : Les cinq candidats à l’épreuve du débat télévisé

Publié par Dknews le 07-12-2019, 18h24 | 16
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Organisé par l’Autorité Nationale Indépendante des Elections le débat qui a réuni, au Centre International de Conférences Abdelatif Rahal (Alger), les cinq candidats à la présidentielle a permis de faire le tour dans le détail avec eux sur cinq thèmes dominants. Animé par quatre journalistes choisis par l’ANIE, de l’Entv, El BiladTv, le quotidien d’Oran et El Khabar, le débat a tourné autour de quatorze questions sur quatre grands thèmes avec un ordre de passage pour les réponses de candidats, selon un tirage au sort effectué sur place.

 

REFORMES POLITIQUES PROFONDES

Le premier chapitre de questions a tourné autour du volet politique, à savoir le projet de révision de la Constitution, l'assainissement de la vie politique et le renforcement des libertés individuelles et collectives et des nouveaux mécanismes en vue de garantir la régularité des élections

Premier à intervenir, le candidat Abdelaziz Belaid a affirmé que toutes les Constitutions de l'Algérie «convenaient aux présidents», appelant à l'adoption «d'une Constitution qui convient au peuple».

Déplorant la démission de l'élite et de la classe universitaire de la pratique politique», il a promis de travailler pour «rétablir la confiance des citoyens dans les institutions à travers une nouvelle Constitution qui consacre une nouvelle loi sur les partis et les élections et, qui met un terme au phénomène de l'impunité».

S’agissant des conditions de garantie d’un scrutin libre et propre, Belaïd a qualifié la création de l'ANIE de «pas positif mais insuffisant, vu la persistance de certaines pratiques marquées par des mentalités désuètes»,

M. Tebboune a plaidé l’impératif de l'adoption d'une nouvelle Constitution, qui soit capable de «séparer réellement entre les prérogatives des institutions de l'Etat et de redynamiser le contrôle pour s'écarter du pouvoir unique». Le changement de la vie politique se concrétise, a-t-il ajouté, à travers «le renouvèlement des lois et à leur tête la loi relative aux élections afin de parvenir au choix d'élus intègres, sans utiliser l'argent sale ternissant l'image des échéances électorales», avant d'affirmer que «l'encadrement de l'action politique doit émaner essentiellement des partis et de la société civile».

Evoquant le sujet des libertés, le candidat a mis l'accent sur le nécessaire «respect de la liberté des autres, qu'ils soient des minorités ou des majorités», pointant du doigt «certains dérapages dans l'exercice de la liberté d'expression».

M. Tebboune a, toutefois, refusé «toute liberté attentant aux constantes nationales».

La création de l'ANIE est, selon le même candidat, «un pas de géant et une concrétisation de la volonté populaire», d'où l'importance pour le peuple algérien d'aller «vers les urnes pour protéger son choix et lutter contre (l'instinct) de la fraude».

 De son côté, Ali Benflis propose «une nouvelle Constitution élaborée suite à de larges consultations n'excluant aucune partie», une loi suprême qui jette les bases d'un régime semi-présidentiel garant de la répartition des prérogatives au sein du pouvoir exécutif entre le président de la République et le chef du Gouvernement, choisi par la majorité parlementaire». Il a également appelé à «adopter une loi séparant l'argent de la pratique politique pour garantir un acte politique sain». Pour ce qui est du renforcement des libertés, le président du parti Talaie El Houriyat a promis de créer «une commission des droits de l'Homme chargée de cette question, élue en toute liberté et composée de spécialistes en la matière pour défendre les libertés sans l'ingérence du pouvoir exécutif dans son travail». Quant aux mécanismes assurant des élections régulières, le même candidat a déclaré que «le premier créneau qu'il exploitera, en cas de victoire, est la crédibilité et la transparence des élections», soulignant qu'il réunira «pour l'élaboration de nouvelles lois sur les élections, la classe politique, les personnalités nationales, l'ANIE en y associant tous les partenaires politiques et les acteurs, y compris l'opposition».

Pour sa part, le candidat Azzedine Mihoubi s'engage à œuvrer avec «les partenaires de la scène politique pour élaborer une Constitution judicieuse qui renforcera la souveraineté populaire et instaurera une république d'institutions devant assurer l'équilibre entre les différents pouvoirs et éviter tout chevauchement entre leurs prérogatives en éloignant le pouvoir législatif des effets externes». Evoquant la vie politique, le Secrétaire général (SG) du RND par intérim a fustigé quant à lui «la démission du citoyen de la vie politique en raison de la dégradation des partis politiques, transformés en assiettes sous-tendant argent sale et favoritisme», appelant à «revoir la structure partisane et à reconstruire la scène politique pour rétablir la confiance entre le citoyen et les institutions à travers la révision du système juridique des partis, des élections et des associations».

Evoquant la création de l’ANIE, considérée comme «un acquis démocratique à même de consacrer le pluralisme et éloigner les élections des pratiques administratives», le candidat a estimé que l’Autorité était «le seul gage pour les citoyens, les candidats, les partis et la démocratie».

 Quant au candidat Abdelkader Bengrina, il estime que l’amendement de la Constitution doit reposer sur la déclaration du 1 Novembre et le Hirak du 22 février, en passant par l’organisation d’un référendum et l’ouverture d’un dialogue social inclusif pour parvenir à une charte qui jette les bases d'un régime semi-présidentiel et d'un Parlement qui exerce son contrôle en toute souveraineté, et des membres du Gouvernement choisis parmi la majorité parlementaire».

 Une nouvelle Constitution qui «consacre les libertés individuelles et collectives et instaure l’équilibre entre les pouvoirs», a-t-il poursuivi. Le président du mouvement El-Bina s'engage à ce que le Parlement regroupe des partis indépendants loin de l'esprit régionaliste, promettant d'accorder un siège à l’opposition pour pouvoir effectuer convenablement son rôle.

 M. Bengrina a promis également «la consécration des libertés individuelles dans le mouvement associatif, les médias, la presse et les droits de l’Homme».

 Le prétendant à la magistrature suprême a reconnu par ailleurs que «la création de l’ANIE en est le noyau mais ne suffit pas», proposant dans ce sens, la mise en place d’une autorité indépendante, élue par le Parlement, chargée du processus électoral. Il a mis en avant «l’importance de la volonté politique dans le bon déroulement des élections».

 

‘’L’ECOLE ALGERIENNE EN DEHORS DES PRISMES IDEOLOGIQUES’’

Dans le chapitre socio-éducatif, les cinq candidats ont eu comme question de dire comment ils comptent faire pour réformer les secteurs de la santé, de l’université et de l’école algériennes.

Le candidat Abdelkader Bengrina a indiqué que le programme qu'il propose pour le secteur de l'Education nationale repose sur une méthodologie «qui renforce le nationalisme et l'unité de la nation algérienne» et l'élaboration d'une loi spéciale à l'éducation et à l'enseignement, ainsi que la «sortie» du secteur de la fonction publique.

 Le président du parti El Bina propose également l’ouverture d'un dialogue inclusif» avec la famille universitaire en tenant l'université à l'écart de la politique et en encourageant la recherche scientifique.

 Concernant le secteur de la santé, M. Bengrina a proposé «une distribution équitable» des projets de santé notamment les hôpitaux spécialisés au niveau du territoire national et la création d'hôpitaux en partenariat conformément aux expériences internationales réussies.

 De son côté, Abdelaziz Belaid s'est engagé à «libérer» et «réformer» l'école algérienne à travers un dialogue inclusif réunissant l'ensemble des acteurs de l'éducation nationale, tout en tenant l'école algérienne loin de la politique.

 Il a promis également d'ouvrer à ancrer le patriotisme dans les milieux scolaires et de procéder à la révision des horaires et des programmes.

 Rappelant que l'université algérienne «souffre d'énormes problèmes», le président du Front Moustakbel a affirmé que son programme vise à «la démocratisation de l'enseignement supérieur», s'engageant à consacrer une pension sociale au profit des étudiants garantie par la commune de résidence de l'étudiant, outre une bourse spéciale aux étudiants brillants.

 Pour ce qui est du développement du secteur de la santé, M. Belaid a déclaré que son programme a pour objectif de «changer les mentalités», «appuyer» les établissements hospitaliers publics, élargir les conventions entre la sécurité sociale et les hôpitaux privés à plusieurs maladies, comme ce fut le cas pour les maladies cardiaques et l'insuffisance rénale.

 De son côté, le candidat indépendant, Abdelmadjid Tebboune a fait savoir que son programme vise à «dissocier l'école» de la politique et adapter l'éducation à la création de richesses.

 S'agissant de son programme pour la promotion de l'université et le secteur de l'enseignement supérieur, M. Tebboune a promis d'améliorer le niveau de vie des enseignants et de procéder au reclassement des chercheurs et la revalorisation de leur grille de salaire.

 Il s'est engagé également à conférer aux universités algériennes «la liberté entière» de signer des conventions de jumelage avec des universités étrangères.

 Pour redynamiser le secteur de la Santé, M. Tebboune s'engage à revisiter, à travers son programme, la couverture sanitaire sur l'ensemble du territoire national, mettant l'accent sur la nécessaire révision de la politique préventive afin d'eradiquer définitivement certaines maladies.

 M. Benflis s'est engagé quant à lui s'il est élu, à accorder à la famille de l'éducation «un intérêt particulier» car étant «un gage de développement de tous le pays», promettant de renforcer les langues étrangères «au mieux des intérêts de notre pays».

 Exprimant sa vision sur le développement de la recherche scientifique et la promotion de l'université algérienne, le candidat propose de «connecter l'université» aux derniers développements au plan socioéconomique et la mettre à la disposition de tous les autres secteurs, tout en tirant profit du savoir-faire des cadres universitaires établis à l'étranger.

 Le prétendant à la magistrature suprême, Azzedine Mihoubi a promis, lui, de traiter «l'ensemble des problèmes» du corps de l'éducation nationale en «éloignant l'école de toute influence d'ordre politique ou idéologique», et de «réduire» le fossé technologique existant dans le secteur de l'Education.

 Quant à la relance de l'université et de la recherche scientifique, le Secrétaire général du RND par intérim promet d'ouvrir le champ de la compétitivité «en toute transparence» pour la création d'universités sous forme de partenariat public-privé (PPP) et le remplacement du système LMD (Licence-Master-Doctorat) par un autre système d'enseignement.

 Afin de développer le secteur de la Santé, M. Mihoubi insiste sur «l'encouragement de l'investissement réussi» et la création d'hôpitaux en partenariat public-privés (PPP).

 

LA VISION DIPLOMATIQUE DES CANDIDATS

Au quatrième chapitre, les cinq candidats ont été invités à s’exprimer sur leur vision de la future diplomatie de l’Algérie, et sur les possibilités d’œuvrer à récupérer les avoirs détournées vers l’étranger.

A ce propos, le candidat Abdelaziz Belaïd a fait état de l'adoption, dans la politique étrangère, des principes de réciprocité, de non-ingérence et d'intérêt commun, insistant sur l'impératif de développer la diplomatie économique.

 Le représentant du Front El-Moustakbal veillera, a-t-il ,dit en cas de victoire, de s'orienter, au plan diplomatique, vers le continent africain, et de défendre le droit des peuples à l'autodétermination à l'instar des peuples palestinien et sahraoui.

 Quant à Abdelmadjid Tebboune, il a rappelé que l'Algérie est une force régionale et a une présence et une influence dans le Mouvement des non alignés, déplorant, en revanche, le fait qu'elle a, en tant qu'Etat pivot, perdu «(l'aile) africaine» et est écartée «des dossiers sensibles comme la Libye».

 Concernant la récupération des fonds détournés, le candidat s'est contenté de dire qu'ils seront «récupérés».

 Pour sa part, le candidat Ali Benflis a affirmé que les principes de la politique étrangère algérienne sont inspirés de la Guerre de libération à l'instar de «la non ingérence et l'égalité entre les Etats».

 Le candidat de Talaie El Houriyat a déploré ce qu'il a qualifié de «personnalisation» de la politique étrangère durant les dernières années, mettant l'accent sur l'impératif qu'elle (politique étrangère)» «soit entre les Etats et non pas entre les personnes».

Concernant la récupération des deniers détournés, le même candidat a indiqué que cette tâche n'est pas aussi facile mais il recourra à certains mécanismes comme les conventions internationales sur la lutte contre le crime transfrontalier.

 Pour sa part, le candidat Azzedine Mihoubi a rappelé les principes de la diplomatie algérienne à savoir le respect mutuel, l'intérêt commun, la non-ingérence dans les affaires internes des états, et la réciprocité, insistant sur la diplomatie économique.

 «Il est facile de rapatrier les fonds détournés avec leur aide volontaire», a-t-il avancé.

De son côté, M. Bengrina a mis en avant le rôle pivot de l'Algérie dans le règlement des crises, ajoutant que sa vision de la diplomatie reposait sur les principes du respect des autres pays et la réciprocité.

 S'agissant des fonds détournés, M. Bengrina a proposé de soumettre cette question à un référendum, ajoutant que «les personnes ayant comploté contre l'Algérie ne sont pas concernées».

 

MODALITES DE REPONSE AUX REVENDICATIONS POPULAIRES

Parmi la série de questions adressées aux cinq candidats, une a porté sur leur vision des modalités de prise en charge des revendications populaires demandant un changement politique.

M. Ali Benflis, président de Talaie El Hourryet, a indiqué que sa participation à la présidentielle était «au service du peuple», assurant qu'il «assume les aspirations du peuple algérien» au changement et à la satisfaction des revendications soulevées par le Hirak du 22 février.

 Le président de Talaie El Hourriyet s'est engagé, en cas de victoire à cette élection de réaliser son programme «dans sa totalité» et qui repose essentiellement sur «la consolidation du front intérieur».

Il n'a pas précisé avec exactitude ce qu'il entend par «front intérieur».

 De son côté, le candidat Azzedine Mihoubi a affirmé que son programme «prévoit plusieurs réponses» aux revendications populaires, s'engageant à les mettre en œuvre s'il est élu président de la République.

 Après avoir promis de faire du 22 févier «une journée de la souveraineté populaire», M. Mihoubi, qui assure l'intérim du SG du RND, a indiqué qu'il préservera «le caractère pacifique de ce Hirak», soulignant que le dialogue «est le socle» pour édifier une République d'institutions et une Algérie réconciliée avec «elle-même et fraternelle.

 Abdelkader Bengrina du parti Al Bina s'est félicité quant à lui des réalisations du Hirak populaire au niveau politique, disant que le peuple «a donné une leçon au pouvoir et «a fait échouer le 5ème mandat» que briguait le président démissionnaire Abdelaziz Bouteflika.

 Il a ajouté que le Hirak populaire a permis de concrétiser plusieurs revendications, s'engageant à satisfaire «le reste».

Il a promis également, s'il est élu président de la République, d'ouvrir un dialogue global avec les opposants de cette élection».

 Qualifiant le Hirak de «révolution», le candidat Abdelaziz Belaid a mis l'accent par ailleurs sur la nécessité d'«adopter de nouvelles méthodes avec de nouvelles mentalités pour aller vers une nouvelle République».

 Le scrutin du 12 décembre est «un nouveau départ pour l'Algérie» pour l'édification d'une République basée sur le principe de l'Etat de droit, d'institutions et de libertés», a estimé le président du Front Moustakbel, soulignant qu'il était «grand temps pour remettre le flambeau à la génération de l'indépendance».

 Pour sa part, le candidat Abdelmadjid Tebboune s'est engagé à être «fidèle aux revendications du Hirak», le qualifiant de «bénédiction» car il a fait éviter à l'Algérie des catastrophes».

 Il a salué également le rôle pivot de l'Armée nationale populaire (ANP) dans l'accompagnement du «Hirak», déclarant que «c'est grâce à l'ANP que nous sommes arrivés à ce stade».

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