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L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a affirmé lundi sa «colère» en réclamant une énième fois l'arrêt des interférences étrangères dans le conflit libyen, à l'issue d'une réunion de deux heures avec le Conseil de sécurité.
«Je suis vraiment en colère de voir que tout le monde veut parler de la Libye mais très peu des Libyens, de ce qui arrive aux Libyens», a-t-il déclaré aux médias après la réunion. «Trop c'est trop, les Libyens ont assez souffert».
Interrogé sur l'arrivée de militaires turcs en Libye, en soutien au gouvernement libyen d'union nationale (GNA), Ghassan Salamé a répondu que «le pays souffrait beaucoup trop des interférences étrangères sous différentes formes».
«Ce que je demande à ces pays est très clair: restez hors de Libye!». «Il y a assez d'armes en Libye, ils n'en ont pas besoin de plus. Il y a assez de mercenaires en Libye, alors arrêtez d'en envoyer comme c'est encore le cas aujourd'hui», a dit l'émissaire, en évoquant l'arrivée dans le pays «de centaines, probablement de milliers» d'entre eux. La Russie s'est dite étrangère à la présence d'un fort contingent de mercenaires en Libye. En rappelant l'existence d'un embargo sur les armes en Libye depuis 2011, Ghassan Salamé a lancé: «Arrêtez toutes ces interférences étrangères»! «Sortez de ce cauchemar libyen. Je demande à tous les pays de rester hors du conflit car il n'y a pas de solution militaire».
L'émissaire s'est aussi montré sévère à l'égard du Conseil de sécurité, incapable de s'entendre depuis avril sur une résolution réclamant un cessez-le-feu.
«La Libye n'est pas seulement une histoire géopolitique, c'est aussi une histoire humaine. Les gens souffrent (...) mais il n'y a pas de message international clair», a-t-il déploré. Interrogé sur la date d'une conférence internationale sur la Libye envisagée par l'Allemagne et espérée avant fin janvier, l'émissaire a indiqué la souhaiter «au plus tôt». Selon une source diplomatique, une rencontre attendue samedi à Moscou entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine pourrait être décisive à ce sujet si ce dernier accepte de participer à cette réunion internationale à laquelle serait aussi convié son homologue turc.
La France «inquiète» du risque d'escalade lié aux interférences militaires étrangères en Libye
La France s'est dite «inquiète», lundi, du risque d'escalade lié au renforcement des interférences militaires étrangères en Libye et du bilan des derniers bombardements survenus dans ce pays, a souligné le Quai d’Orsay.
La France a rappelé «la nécessité de consolider le consensus international lors de la conférence de Berlin, afin d'établir un cessez-le-feu et de permettre la reprise d'un dialogue inter-libyen», a souligné la porte-parole du Quai d’Orsay lors d’un point de presse électronique en réponse à une question sur la réaction de Paris à la suite de l'attaque contre une école militaire à Tripoli samedi.
Paris «soutient pleinement» le retour à un processus politique impliquant l'ensemble des parties prenantes, sous l'égide des Nations unies, afin de restaurer l'unité et la pleine souveraineté de la Libye, a ajouté la porte-parole. Le sud de Tripoli est le théâtre de combats depuis que le général à la retraite, Khalifa Haftar a lancé une offensive pour s'emparer de la capitale libyenne, siège du Gouvernement d'union nationale (GNA), en début avril. Samedi, au moins 28 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées dans un raid aérien contre une école militaire à Tripoli, attaque qui a été fermement condamnée notamment par l’ONU et la Ligue Arabe. De son côté, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a appelé, lundi, toutes les parties en Libye à s'engager dans un processus politique sous la direction des Nations Unies, mettant en garde que «l'évolution récente de la situation en Libye indique qu'une escalade de la violence autour de Tripoli pourrait être imminente».
Par ailleurs, le Parlement turc avait adopté jeudi lors d'une session extraordinaire une motion qui donne à l’armée turque un mandat d’un an renouvelable pour un déploiement de militaires en Libye.