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Guinée-Bissau: 2 présidents investis, le bras de fer post-électoral se durcit

Publié par DK NEWS le 01-03-2020, 15h57 | 2
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La tension post-électorale s'est exacerbée davantage en Guinée-Bissau, le président de l'Assemblée nationale Cipriano Cassama ayant été investi samedi «président par intérim» par une partie des députés qui juge «illégitime» l'investiture la veille d'Umaro Sissoco Embalo, donné vainqueur de la présidentielle, sur fond de différends électoraux.
Le bras de fer politique a commencé depuis le scrutin du 29 décembre en Guinée-Bissau entre M. Embalo, ancien général et ancien Premier ministre, et son adversaire Domingos Simoes Pereira, ancien Premier ministre également.
Il s'agit aussi d'un différend entre ceux qui ont rallié M. Embalo, issu de l'opposition, et le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974. M. Embalo a été donné vainqueur par la Commission électorale avec 53,55%. M. Pereira, crédité de 46,45% et le PAIGC dénoncent des fraudes et réclament qu'on recompte les votes.
Dans la foulée de cette querelle, Embalo a pris ses fonctions jeudi en tant que successe ur du président sortant José Mario Vaz, lequel soutient cette investiture. Le «nouveau président» a ensuite investi samedi, au palais présidentiel à Bissau, le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam qu'il avait nommé vendredi, après avoir démis le même jour le Premier ministre Aristides Gomes (PAIGC), reconnu par la communauté internationale. M. Pereira et le PAIGC dénonçant des fraudes, réclament qu'on recompte les bulletins et s'en remettent à une décision finale de la Cour suprême. Mais M. Embalo, 47 ans, estime que la décision n'appartient pas à la Cour suprême et fait valoir que la commission électorale, sommée par la Cour suprême de vérifier les résultats, les a confirmés à plusieurs reprises. Jugeant illégitime l'investiture d'Umaro Sissoco Embalo, 52 députés du PAIGC et de formations sympathisantes ont convoqué une «session spéciale».
Ils y ont constaté  «la vacance du pouvoir» et nommé président par intérim le président de l'Assemblée nationale, Cipriano Cassama, membre du PAIGC, plongeant de nouveau le pays dans une crise politique.
La Guinée-Bissau a connu dans le passé plusieurs coups d'Etat ou tentatives, le dernier putsch remontant à 2012. Depuis 2014, le pays s'est engagé vers un retour à l'ordre constitutionnel, ce qui ne l'a pas préservé de turbulences à répétition, mais sans vio lence, entre le camp du président sortant et le PAIGC.
La situation «risque d'aggraver la crise que connaît de longue date la population», s'est inquiétée la Commission européenne. L'investiture d'un président devrait intervenir «au terme des procédures légales», a dit un porte-parole en référence à la décision en suspens de la Cour suprême.

Appel à trouver une solution aux différends électoraux
Dans une réaction aux derniers développements survenus dans le pays de l'Afrique de l'Ouest, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a appelé samedi les forces armées bissau-guinéennes et leurs forces d'alerte dans le pays (ECOMIB) à se distancier de la crise politique en vigueur en Guinée-Bissau et observer «une attitude de neutralité». Dans un communiqué, le bloc sous régional a réitéré la nécessité «urgente» de laisser «les organes et institutions de l'Etat jouer pleinement leur rôle dans le respect de la légalité constitutionnelle, afin de trouver une solution satisfaisante aux différends électoraux et garantir la paix et la stabilité de la Guinée-Bissau».
Dans ce cadre, la Cédéao a invité la Cour suprême et la Commission nationale des élections (CNE) à «coopérer de manière constructive et à mettre fin aux conflits électoraux». Elle a également exhort é tous les acteurs politiques pour qu'ils «s'abstiennent de toute initiative et action ayant pour effet d'aggraver la situation politique et de compromettre la paix et l'ordre constitutionnel du pays».
De plus, le Bloc a réaffirmé son engagement à continuer d'accompagner les autorités bissau-guinéenns et le peuple de Guinée-Bissau dans leurs efforts pour consolider la démocratie et promouvoir «la paix et la stabilité essentielles au développement socio-économique de la Guinée-Bissau». De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi, à l'unanimité, une résolution dont le texte a été rédigé par le Niger, prolongeant une dernière fois, jusqu'au 31 décembre, sa petite mission d'accompagnement politique à la Guinée-Bissau, en demandant à son gouvernement d'oeuvrer en faveur d'un «dialogue inclusif».
Après une vingtaine d'années de présence de l'ONU, la mission appelée Binugbis a été progressivement réduite tandis que ses tâches ont été transférées notamment au Bureau des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (Unowas) et aux partenaires internationaux. La Guinée-Bissau, qui compte 1,8 million d'habitants, est l'un des pays les plus pauvres au monde. Les narcotrafiquants utilisent ce territoire pour faire transiter la cocaïne d'Amérique latine vers l'Europe. Dans ce   contexte, la résolution onusienne réclame «des réformes urgentes» pour lutter contre la corruption et le trafic de drogue et défendre les droits humains. 

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