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L’OMS et ses partenaires ont décidé que, chaque année, la dernière semaine d’avril serait la Semaine mondiale de la vaccination. L'objectif est de sensibiliser le public au fait que la vaccination sauve des vies, à encourager partout les gens à se faire vacciner et à vacciner leurs enfants contre des maladies mortelles.
En 2014, la Semaine mondiale de la vaccination au travers de la question posée «Êtes-vous à jour de vos vaccinations?» invite chacun à vérifier son carnet de vaccination et à se faire vacciner si besoin. Le Pr. Smail Mesbah Directeur Général de la Prévention au ministère de la Santé a rappelé, lors d’une rencontre sur la vaccination, que le Programme Elargi de Vaccination (PEV) est, depuis sa mise en œuvre une priorité nationale, qu'il est totalement gratuit et qu'il a donné des résultats appréciables puisque le taux de couverture vaccinale est de plus de 90% pour tous les vaccins. L’Algérie dispose aujourd'hui de plus de 8000 centres de vaccinations toutes structures confondues.
En Algérie, le Programme Elargi de Vaccination(PEV) a contribué à la réduction de près de 50 % de la mortalité infantile qui est aujourd’hui de 22 ‰, en diminuant l’incidence des maladies prévenues par la vaccination.
Pour maintenir les avancées obtenues par le programme de vaccination, il est fondamental de maintenir un taux de couverture vaccinal entre 90% à 95 % et d’introduire de nouveaux vaccins comme le préconise l’OMS.Le Pr S.MESBAH a confirmé que l’actualisation du calendrier vaccinal qu’elle soit progressive ou globale est en cours et que les changements prévus verront l’introduction de 4 nouveaux vaccins : Polio injectable – Rubéole – Oreillons – Vaccin anti pneumococcique. Toutes les personnes présentes ont approuvé la nécessité du changement du programme vaccinal.
A u cours de cette journée , les différents intervenants ont passé en revue les différents vaccins déjà présents dans le PEV : Vaccin contre la poliomyélite , vaccin contre la coqueluche , vaccin contre la rougeole qui vont connaître des modifications dans le nouveau calendrier vaccinal .
Le Pr C. Kaddache a expliqué que l''introduction du vaccin injectable contre la poliomyélite fait partie intégrante du plan mondial d'éradication de la poliomyélite. Cette introduction doit se faire de manière progressive d'où l'adoption de schémas dits séquentiels associant vaccin anti polio par voie orale et vaccin anti polio par voie injectable.
Eradication de la poliomyélite
Il a insisté sur l'importance cruciale, dans le cadre du programme d'éradication de la poliomyélite de déclarer et d’investiguer toutes les paralysies flasques aigues (02 prélèvements de selles et un examen à 60 jours d’évolution). C’est seulement en remplissant ces critères que l’Algérie pourra être reconnu par l’OMS comme un « Pays Polio Free ».
Le Pr R. Boukari est revenue sur le vaccin contre la coqueluche, maladie qui connait une résurgence ces dernières années dans certains pays et dont la fréquence augmente chez les très jeunes nourrissons de moins de trois mois qui n'ont encore reçu le vaccin. Ces jeunes nourrissons sont le plus souvent contaminés par des adultes de leur entourage qui ne sont plus protégés contre la coqueluche. Compte tenu de ces modifications épidémiologiques , il est recommandé de donner la première dose de ce vaccin ( associé entre autre au vaccin contre la diphtérie et au vaccin contre le tétanos , deux maladies qui ont disparu en Algérie ) plus précocement dès le 2ème mois de vie et d'introduire des rappels dans l'enfance ou à l'adolescence pour maintenir une protection durable jusqu'à l'âge adulte .
Les microbiologistes présents ont soulevé le problème de la surveillance microbiologique et du diagnostic biologique de la coqueluche qui est souvent en défaut du fait d'un approvisionnement irrégulier en réactifs et de l'insuffisance des laboratoires en mesure de faire le diagnostic de cette maladie . Ceci contribue largement au sous diagnostic de cette maladie et rend impossible la surveillance épidémiologique nécessaire .
Pr MS Seghier de l’Institut Pasteur d’Algérie avec une intervention intitulée Rougeole –Rubéole : données épidémiologiques du laboratoire de virologie et impact sur le calendrier vaccinal, rappelle la nécessité comme le recommande l’OMS d’associer le vaccin de la rubéole à celui de la rougeole et précise que l’introduction de ce nouveau vaccin s’inscrit dans le plan Mondial d’élimination de la rougeole -Rubéole . La rubéole est une maladie virale en général bénigne chez l’enfant mais l’infection en début de grossesse peut provoquer la mort du fœtus ou le syndrome de rubéole congénitale.
Le virus de la rubéole peut être alors responsable de malformations chez l'enfant à naître telles que la cataracte, les malformations cardiaques, cérébrales, une surdité dans le cadre du syndrome de rubéole congénitale(SDC). Les 2 dernières épidémies de rubéole de 2012 et 2013, rapportées par Pr MS Seghier, ont vu apparaitre plusieurs cas de formes graves de rubéole congénitale ( 27 cas de SDC recensés par l'IPA). Cette nouvelle association Rougeole- Rubéole avec le vaccin contre les oreillons se fera en 2 doses à 12 mois et à 18 mois. Fin 2012,134 pays avaient introduit à l’échelle nationale le vaccin contre la rubéole. Pr JP. Grangaud intervient avec une communication intitulée : intérêt de l’introduction de la vaccination anti pneumococcique .
Il rappelle que les infections comme la méningite, la pneumonie et les autres infections invasives à pneumocoque sont des maladies graves et qu'elles ont une incidence sur la mortalité des enfants de moins de 5 ans . En Algérie, la pneumonie représente la première cause de mortalité infantile . Introduction du vaccin anti pneumococcique dans le calendrier vaccinal
L'introduction du vaccin anti pneumococcique dans le calendrier vaccinal national, comme cela est déjà le cas dans plus de 120 pays , constitue une avancée et contribuera à la baisse de la mortalité infantile. La lutte contre la pneumonie doit associer en plus de la vaccination plusieurs actions que sont : la promotion de l'allaitement maternel , le lavage des mains et la réduction de la pollution et l'accès à un traitement approprié de la pneumonie par les antibiotiques . Il est important d'ajouter que la réduction de la consommation inappropriée des antibiotiques et la vaccination anti pneumococcique doivent être menées simultanément.
Actuellement un Plan d’action mondial intégré pour prévenir et combattre la pneumonie et la diarrhée préconise une plus grande intégration des actions menées pour prévenir et traiter ces deux maladies . Pr D. Hamouda de l'Institut National de Santé Publique a fait part à l'assistance des résultats de ses travaux concernant l' Infection à Human Papillomavirus ( HPV ) et sa relation avec le cancer du col utérin en Algérie .
Elle a mis l’accent à travers des chiffres nationaux et mondiaux sur la fréquence croissante des cancers du col de l'utérus et le nombre élevé de décès précisant que ces nouveaux cas se localisent pour 85% d’entre eux dans les pays en développement avec un pic de mortalité situé entre 55 et 65 ans. Le Pr D. Hamouda souligne que la vaccination contre le virus responsable de 79 % des cancers du col utérin existe . La mise en place de cette vaccination contre les génotypes responsables ( 2 génotypes les plus fréquents sont l'HPV 16 et l'HPV 18 ) doit se faire conjointement avec la poursuite du dépistage par les frottis cervico vaginaux .
Pr C.Olivier ( France ) expert en vaccinologie et membre de comité technique de vaccination a abondé dans le même sens donnant les derniers résultats de la vaccination contre HPV dans les pays qui l'ont mise en place : les données factuelles actuelles montrent que cette vaccination qui est recommandée entre l'âge de 11-13 ans à raison de 2 doses effectuées à 6 mois d'intervalle s'accompagne de la réduction des lésions métaplasiques du col de l'utérus. 8 ans après l'introduction de la vaccination , les systèmes de surveillance mis en place enregistrent une diminution de plus de 70 % des lésions précancéreuses du col de l'utérus . Toutes les études mises en place notent une bonne tolérance et l'inexistence d'effets indésirables sérieux liés au vaccin HPV . Un nouveau vaccin comportant les 9 génotypes est en phase III et devrait être commercialisé bientôt .
Vaccination contre le Papillomas virus (HPV)
La vaccination anti HPV a été une proposition du groupe de travail chargé d' élaborer le projet du Plan Cancer 2014-2019 . Cette vaccination est proposée dans le chapitre de la prévention non seulement du cancer du col de l'utérus mais également des cancers de la sphère ORL .
Les débats qui ont suivi les différentes communications de cette journée d'étude ont abordé différents aspects :
- Comment allait se mettre en place ces différents changements ? - Quelle est la disponibilité de ces vaccins sur le marché international ?
- Comment assurer et maintenir un approvisionnement régulier pour éviter les ruptures ?
- Comment faire le choix dans l'ordre d'entrée des vaccins en cas d'actualisation graduelle?
Le Pr B. Keita ,représentant de l’OMS en Algérie a souligné le rôle fondamental de la communication et de la transmission des messages dont la perception est différente selon les régions, pour la réussite de ce nouveau programme de vaccination .
La consultation de tous les acteurs de la santé en intégrant le secteur privé est un préalable indispensable avant d'entériner les changements . Il a recommandé la mise à jour des guides Nationaux pour mieux évaluer le réveil de certaines pathologies comme la coqueluche par exemple. Tous ces débats aboutissent en fin de séance à une proposition de calendrier vaccinal tenant compte des nouveaux vaccins retenus et du timing concernant la date d'introduction de chaque vaccin. Il est répété que deux points sont incontournables à savoir la communication intégrant les différents partenaires, la population et la formation de l’ensemble de personnels impliqués dans l'acte vaccinal.