Des cinéastes et des chercheurs algériens et étrangers ont mis en exergue, samedi à la cinémathèque d'Alger, dans le cadre du 11e Festival international du cinéma d'Alger (FICA), l'importance de restaurer et numériser le patrimoine cinématographique algérien étant "une partie de la mémoire nationale historique".
Lors d'une rencontre animée par le critique de cinéma et membre du commissariat du Festival, Ahmed Bedjaoui, les intervenants ont souligné l'importance de la numérisation et de la restauration du patrimoine du cinéma national en vue de préserver la mémoire nationale et protéger les archives des filmes pour les transmettre aux générations futures.
Dans ce cadre, Ahmed Bedjaoui a rappelé les efforts consentis par l'Etat depuis l'indépendance à l'heure en matière de préservation et de récupération des archives et du patrimoine du cinéma étant "une passerelle pour la mémoire", évoquant les initiatives des différentes institutions sous la tutelle du ministère de la Culture, notamment celles du Centre national de Cinématographie et d'audiovisuel (CNCA) et la Bibliothèque nationale (B N) visant à préserver et à protéger ce patrimoine cinématographique ainsi que sa projection sur les supports modernes.
Il a cité le patrimoine relatif à "période de la Guerre de libération nationale et juste après l'indépendance qui se trouve dans plusieurs capitales à travers le monde".
M. Bedjaoui a salué la restauration et de numérisation de trois films algériens rares et la récupération de copies originales de la France, l'Italie et l'Algérie, à l'instar du long métrage "Mains libres" (1964) du réalisateur italien d'Ennio Lorenzini sur les premières années post-produits par la société "Casbah film".
Pour sa part, la chercheuse française spécialisée dans la numérisation à l'Institut français de l'audiovisuel, Delphin Weber a passé en revue les étapes des programmes de formation dans le domaine de la restauration et la numérisation des films algériens dans le cadre du programme de soutien à la protection et à la valorisation du patrimoine culturel algérien sous les auspices du ministère algérien de la Culture et des Arts au titre de la coopération algéro-européenne, rappelant que "les sessions de formation et les ateliers organisés au profit de nombreuses établissement sous tutelle du ministère de la Culture avaient débuté en 2016".
L'expert en restauration cinématographique Eric Dubois (Fr ance) a évoqué son périple en quête d'une copie originale du long métrage "Archie Shepp chez les Touaregs", réalisé par Ghaouti Bendeddouche en 1969 à l'occasion du Festival culturel panafricain d'Alger et retraçant le voyage du célèbre musicien Archie Shepp à Tamanrasset et sa découverte des genres musicaux de la région.
Une copie originale du film trouvée par hasard dans la Cinémathèque française a été restaurée, numérisée, colorisée et remise à la Cinémathèque d'Alger, a-t-il indiqué.
De son côté, le directeur du Centre national de la cinématographie et de l'audiovisuel (CNCA), Mourad Chouihi, a souligné la nécessité de "créer un centre dédié à la collecte et à la récupération du patrimoine et des archives cinématographiques de l'Algérie se trouvant à l'étranger" en vue de protéger "cette partie intégrante de la mémoire historique de l'Algérie".
Il a en outre fait savoir que le CNCA avait, dans le cadre du programme du ministère de la Culture et des Arts, "restauré et numérisé 16 films" du patrimoine cinématographique algérien, qui sont à présent disponibles en HD, dont "Yahia ya Didou" de Mohamed Zinet.
Un chercheur italien dans le domaine du cinéma est revenu sur le périple de l'artiste algérienne Zineb Sedira pour retrouver une copie du film "Les Mains libres" (1964) du réalisateur italien Ennio Lorenzini.
Le film sur la guerre d'indépendance a été restauré et colorisé en Italie, a-t-il indiqué, mettant en avant la "profondeur de la coopération cinématographie entre l'Algérie et l'Italie".
Lors de la rencontre, à laquelle ont participé des réalisateurs, des cinéastes, des professionnels du secteur audiovisuel et des étudiants de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel (ISMAS), a permis d'aborder plusieurs questions liées au patrimoine cinématographique algérien.
Le Festival international du cinéma d'Alger se poursuivra jusqu'au 10 décembre, sachant que la compétition officielle débutera samedi soir.
