Société

M’sila : Le «Mahres» traditionnel garde jalousement son estampille «Made in Hodna»

Publié par DK NEWS le 03-02-2024, 15h06 | 9
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L’activité artisanale consistant à fabriquer le  «Mahres» (mortier en bois massif), outil essentiel servant à la préparation  de «Slatat el marhres» ou «Z’viti», un mets épicé sentant bon la galette,  le piment, la tomate fraiche et la coriandre, auquel on ajoute un soupçon  d’ail, reste, à n’en pas douter, l’apanage de la région du Hodna.  

Le savoir-faire des artisans spécialisés dans la fabrication du «Mahres»,  un outil toujours accompagné de son pilon (taillé également dans le bois),  s’est de tous temps transmis de génération en génération.

L’apparition, au fil des années, de matériaux modernes, souvent  électriques (donc plus rapides et moins éprouvants), n’a jamais eu  raison du «Mahres» traditionnel, ni de la façon, transmise de père en fils,  de le tailler, de le façonner et de le creuser.

De forme conique, d’une hauteur moyenne de 60 à 80 cm (cela dépend du  nombre de personnes à table) évasé sur le haut et  légèrement aplati à sa base, il est ensuite évidé pour recevoir les  ingrédients du «Z’viti» dont on se délecte avec des cuillères de bois.

Ses  parois sont épaisses à dessein pour garder la nourriture au chaud et lui  faire conserver ses arômes. C’est aussi l’un des rares ustensiles servant  autant à la préparation du mets qu’à sa dégustation.

La fabrication du Mahres est encore très répandue dans le Hodna. De  nombreux ateliers voués à cette activité sont encore ouverts à  M’sila, à Bou Saâda et dans plusieurs autres localités de la région.  L’artisan Omar Foudili, un orfèvre en la matière élisant domicile à Bou  Saâda, parle du Mahres avec la même passion qu’il met à le fabriquer :  «Vous savez, fabriquer un Mahres demande une semaine entière, il faut bien  choisir le tronc d’arbre, sa taille, s’assurer qu’il provient d’une essence  noble, chêne, pin, eucalyptus ou amandier, avant d’entamer sa mise en forme  qui débute par l’enlèvement des appendices et des rameaux pour obtenir un  fût de taille respectable, prêt à être creusé». Omar poursuit : «débarrassé de son écorce et de ses petites bavures, le  tronc est ensuite installé dans un endroit spécial où sont entamés  le façonnage du Mahres et le creusage de la cavité où seront broyés les  composants du plat, en veillant à ce que le diamètre de la partie  supérieure du +produit fini+ soit de 20 à 25 cm». L’artisan enchaîne : «la fabrication du Mahres se fait manuellement, de la  manière que m’a enseignée mon père, en utilisant des outils  simples, marteau, petite pioche, scie, ciseau et gouge à bois et, surtout,  précision, dextérité et savoir-faire car le bois, pour éviter qu’il ne  se fissure, doit être travaillé avec un grand soin». Arrivent alors, ajoute  Omar, «les finitions, à savoir brûlage, ponçage et teinte, cette  dernière étant définie selon le désidérata du client». De son côté, Ayache Dakhouche, un artisan basé au lieu-dit Khebab, dans la  commune de Souamaâ, souligne que le prix d’un Mahres varie en fonction de  sa taille et du type de bois utilisé. Cela va de 2.000 jusqu’à 12.000 DA  lorsqu’il s’agit de chêne (appelée localement El kerrouche), un bois réputé  pour sa résistance et sa durabilité.

Mabrouk Douffi, président de l’Association de Bou Saâda pour le  développement de l’artisanat, affirme que la fabrication des Mahres  «a toujours gardé sa place dans la société, à Bou Saâda, les artisans  s’appliquant à transmettre cet héritage aux générations à venir et à le  promouvoir lors de différents salons et autres expositions dédiées à ce  savoir-faire ancestral».

 

Une forte demande pour l’acquisition d’un Mahres

 

Amar Touama, commerçant, patron d’une boutique située au marché des  activités artisanales de Bou Saâda, affirme que le Mahres n’est plus  demandé par les habitants de la région, uniquement, mais aussi, et de plus  en plus, par des visiteurs de la ville et des touristes de passage. Selon  ce commerçant, l’enjeu pour les marchands et les artisans consiste à  maintenir cet intérêt pour cet outil traditionnel, même si la marge  bénéficiaire, compte tenu du prix du bois noble, «n’est pas du tout en  rapport avec l’effort des artisans et leur application à fabriquer un  Mahres de qualité irréprochable».

Ahmed, un visiteur d’Alger, rencontré au cours d’une virée au marché de  l’artisanat, affirme se trouver à Bou Saâda pour «la découverte  de la région mais aussi pour l’achat d’un Mahres». Il assure qu’étant  originaire de Bou Saâda, il «ne peut imaginer son appartement, dans la  capitale, sans la présence, bien en évidence dans le salon, d’un Mahres de  bonne taille» car, ajoute-t-il encore, «il s’agit, chez un Bou  Saâdi, d’un des ustensiles de base dans chaque demeure, surtout pendant  l’hiver». Le directeur du Tourisme et de l’Artisanat de la wilaya de M’sila, Riad  Kacimi, rappelle, dans une déclaration à l’APS, que le Mahres «représente  une partie importante du patrimoine culturel et historique dans le Hodna,  en raison de son appartenance aux anciennes coutumes de la société  M’silie».

Il s’agit aujourd’hui, souligne M. Kacimi, de «préserver cet artisanat en  organisant des formations d’artisans spécialisés dans ce  domaine, et en initiant des expositions et autres événements promotionnels  dédiés aux produits traditionnels, en particulier les ustensiles  en bois» qui, selon lui, «pâtissent d’une promotion commerciale  insuffisante».

Pour sa part, le responsable de l’information à la Conservation des  forêts, Ali Benzahia, rencontré à Bou Saâda, souligne «qu’il s’agit  également de préserver l’environnement et le couvert forestier, dès lors  que la fabrication du Mahres peut nuire, d’une manière ou d’une autre, à la  richesse forestière si les grumes sont coupées de manière aléatoire». C’est  pourquoi, indique-t-il, les services forestiers, tout en reconnaissant aux  artisans le droit de disposer du bois nécessaire à leur activité, ont pour  mission de garantir le respect des dispositions de la loi relative aux  forêts et aux richesses forestières, visant à leur préservation, leur  valorisation et leur exploitation rationnelle dans le cadre d’une vision  globale et durable».

De ce fait, explique le même responsable, des «autorisations spéciales  sont accordées pour exploiter le bois, en tenant compte de la nécessité  d’assurer la durabilité de la forêt en relation avec son rôle économique».

Une association des producteurs de bois a été créée dans chaque wilaya en  vue d’une approche participative de la gestion forestière, précise encore  M. Benzahia, rappelant que les autorisations sont obtenues par le biais de  ventes aux enchères de bois pour les artisans, les commerçants et les  menuisiers.

 

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