Les partis pro-occidentaux ukrainiens ont été donnés favoris lundi pour remporter les élection législatives anticipées, accueillies par la communauté internationale comme une étape importante de parvenir à la paix et le règlement de la crise dans l'Est séparatistes qui a boycotté le scrutin.
Les résultats portant sur 55% des bulletins de vote confirment le score sans précédent depuis l'indépendance de 1991, près de 70% des voix, obtenu par les cinq principales listes favorables à un rapprochement avec l'Union européenne, pour certaines constituées de nationalistes.
Le Bloc du président Petro Porochenko (21,6%) est au coude-à-coude avec le Front Populaire (21,4%) de son Premier ministre Arseni Iatseniouk, qui voit ses chances d'être reconduit à la tête du gouvernement renforcées. Suit Samopomitch (11%), formation composée de jeunes militants et de combattants de retour du front.
Ces deux derniers partis sont partisans d'une position ferme face aux séparatistes et à Moscou, sans être considérés comme des "partis de la guerre" comme sont parfois surnommés le Parti Radical (7,3%) du populiste Oleg Liachko ou Batkivchtchina (5,6%) de l'ex-Premier ministre Ioulia Timochenko.
Les anciens alliés de Viktor Ianoukovitch se maintiennent via le Bloc d'Opposition (9,8%), ce qui n'était pas acquis vu la défiance envers le régime prorusse de l'ancien président. Mais, fait historique, le Parti communiste (3,9%), qualifié par M. Porochenko de "cinquième colonne" de Moscou, n'atteint pas la barre des 5% nécessaire pour entrer au Parlement.
La communauté internationale félicite les ukrainiens
Ce scrutin a été jugé par les observateurs internationaux conforme aux normes démocratiques, avec seulement quelques "incidents isolés", notamment des intimidation et des menaces."A ce moment crucial pour l'avenir de leur pays, les institutions et les électeurs ukrainiens ont répondu à des difficultés décourageantes avec une élection qui correspondait largement aux engagements démocratiques", a déclaré Kent Harstedt, le chef de la mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Pour Moscou, "le bilan officiel des élections n'a pas encore été dressé (...), mais il est déjà clair que les partis qui sont en faveur du règlement pacifique de la crise ukrainienne ont obtenu la majorité", a estimé lundi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine. "C'est une nouvelle possibilité pour eux de revenir aux accords, en premier lieu ceux de Minsk" sur l'instauration du cessez-le-feu, conclus le 5 septembre avec la participation de la Russie, a ajouté M. Karassine.
De son côté, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a dénoncé de "nombreuses violations", tout en soulignant que Moscou "reconnaîtrait" les résultats du scrutin. Pour sa part, l'Union européenne a qualifié les résultats des législatives ukrainiennes de "victoire de la démocratie et du programme de réformes européennes".
"Ni la guerre qui se poursuit, ni les tentatives d'inonder le peuple de mensonges ne peuvent changer le cours de l'histoire. Le choix (fait par les électeurs) montre que l'Ukraine est prête à dire adieu au passé et à résolument suivre la voie européenne", a déclaré le ministre lituanien des Affaires étrangères Linas Linkevicius.
Le président américain Barack Obama a félicité les Ukrainiens pour ces élections "réussies", qui sont "une nouvelle étape importante dans le développement démocratique" de l'Ukraine. Le canada, par la voix de son Premier ministre, Stephen Harper, a salué l'organisation de ce scrutin, qui marque une "étape importante" du processus de renforcement de la démocratie dans ce pays de l'Europe de l'est.
Encore des morts dans l'Est séparatistes qui a boycotté le scrutin
Le processus de paix lancé par le président Petro Porochenko n'a pas mis fin aux combats entre l'armée et les séparatistes, qui s'apprêtent à organiser leurs propres élections le 2 novembre dans les régions de Donetsk et Lougansk.
Au total, ce sont environ cinq millions d'électeurs, sur 36 millions, qui n'ont pas voté, en Crimée car rattachée à la Russie en mars après un référendum, et dans les zones contrôlées par les séparatistes dans le bassin minier du Donbass. Vingt sept (27) sièges de députés sur les 450 que compte le parlement ukrainien resteront vides.
Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont fait état de tirs de roquettes sur leurs positions près de la ville côtière de Marioupol, qu'elles contrôlent, et ayant atteint des habitations civiles. Elles ont également annoncé la mort de deux soldats dans la région de Lougansk pendant le ravitaillement de troupes en difficulté, les premiers militaires à être tués en une semaine.
Le 5 septembre, les autorités de Kiev ont signé à Minsk un accord de cessez-le-feu avec les républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Les deux parties s'accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu, bien que les observateurs internationaux constatent que la trêve est globalement respectée. Selon l'ONU, les hostilités dans l'Est ont fait plus de 3.700 morts.
