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Mr Kerrouche Yahia , Secrétaire Général de l'Union Nationale des Ingénieurs Agronomes invité, hier, du Forum de DK News : pourquoi la pomme de terre est chère !

Publié par DK News le 29-10-2014, 19h32 | 241
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L'Union nationale des ingénieurs agronomes est une association d'experts qui a pour préoccupation «la suffisance alimentaire nationale».

Elle est consciente du rôle qu'elle a à jouer par sa contribution à la définition des orientations, à la définition de programmes de planification, à leur mise en œuvre, au contrôle et au suivi des applications décidées par le gouvernement.

Ces temps-ci, les populations se demandent  pourquoi le prix de la pomme de terre est si élevé ? 100 DA, c'est vraiment trop, et l'augmentation a été brusque, brutale, surtout que les Algériens sont grands consommateurs de pomme de terre. Elle se retrouve pratiquement dans tous les plats. Alors ? Surtout qu'on entend dire que le prix est subventionné.

La pomme de terre est vendue par le fellah à 35 DA le kilogramme et elle se retrouve sur le marché à 100 DA le kg. Il y a bien 65 DA qui ne rentrent pas dans la poche du fellah alors qu'il y en a qui veulent «essuyer le couteau» sur le fellah nous dit M. Kerrouche Yahia. C'était hier au forum de DK News qui avait reçu comme invité M. Kerrouche Yahia, secrétaire général de l'Union nationale des ingénieurs agronomes.

M. Kerrouche est également cadre dirigeant  (DG) d'une entreprise de consulting  appartenant à un groupe important de production agricole privé et expert agronome (agro-économie).Le thème du débat portait sur la pomme de terre. Pourquoi une augmentation si importante du prix de la pomme de terre ? Pourquoi faudrait-il à chaque fois faire rebelote et demander à nouveau pourquoi le prix de la pomme de terre est si brutalement tiré vers le haut ?

 Pour reprendre la réponse donnée plus haut à la question du pourquoi cette augmentation, les 65 DA vont rentrer dans la poche de ceux qui achètent chez le fellah, sur le champ même, et parfois avant le début de la récolte,  puis à l'intervention du grossiste avant de parvenir sur l'étal du commerçant-détaillant.

Le problème est connu, récurrent et pourtant il est renouvelable. La production mondiale de pommes de terre  est de 300 millions de tonnes réparties sur 250 Etats et sur  25 millions  hectares. C'est la quatrième production mondiale après le riz les céréales.En Europe,  le rendement est 35 à 40 tonnes par hectare (t/ha).

En Algérie, la production est de 1,5 à 2 millions de tonnes de pommes de terre alors que les besoins sont doubles. Si on n'a pas un programme agricole moderne et bien mécanisé, il n'y aura pas de performance dans le  rendement et dans la production. La pomme de terre est répartie sur 1 076 communes. 80% de production concentrées dans 135 communes.

Question semences, l'Algérie dispose de 40 à 70 millions de tonnes. Production en tonnes inférieure à 50% selon les normes. Semence non contrôlée implique un problème de non-stockable. Le besoin en semences de 200 mille tonnes, la production nationale est pratiquement inférieure à 50% des besoins.

Il nous faut gagner en espace pour produire plus . Il ne faut pas oublier un paramètre, celui de la formation. Ce ne sont pas les experts qui manquent. Il y a 3 000 experts non utilisés dans le secteur public.

Nombre d'entre eux se sont convertis à d'autres secteurs.Aujourd'hui, il y a la sécurité, il existe des moyens et il existe une volonté politique, nous devons réussir.

Par Said Abjaoui


Kerrouche Yahia (Union nationale des agronomes): « Limiter la dépendance alimentaire
par la modernisation »

M. Kerrouche est très soucieux de l’avenir des filières agricoles dans notre pays : «  J’aimerai ne plus avoir à en parler dans l’avenir. L’Algérie a les moyens pour maîtriser toutes les spéculations malgré une surface agricole utile réduite. Cependant, les investissements doivent être encouragés dans la mise en valeur des terres pour gagner sur les zones arides et semi-arides ou steppiques. L’orientation de l’agriculture doit être résolument l’intensification. »

L’agronome est convaincu que les capacités de production actuelles ne dépassent pas le million et demi de tonnes, alors que d’autres sources donnent une production « réelle de 4 millions » selon l’Ugcaa !La cherté de ce tubercule sur le marché flirtant depuis des semaines avec les 100 DA le kilo est, selon le conférencier, le fait de spéculateurs » les agriculteurs producteurs arrivant difficilement à placer leur production à 35 DA/kg.

Le point qui tient le plus à cœur  M. Kerrouche est celui de l’acquisition des semences à l’étranger ; «chaque année, près de 70 millions de dollars sont investis dans l’achat de milliers de tonnes de semences à l’étranger et malheureusement, il suffit d’une pluie pour que le fruit en terre devienne impropre à la consommation et provoque la ruine du petit producteur.

Il y a aussi ceux qui utilisent des semences de mauvaise qualité, ne respectent pas les règles phytosanitaires et le choix des sols pour produire de la pomme de terre. »Il déplore le fait que le matériel génétique algérien en matière agricole et d’élevage est à l’étranger.

Qualité, contrôle et suivi

M. Kerrouche est pour la mise en place d’un organisme qui accompagne le cultivateur pour avoir les meilleures semences de génération « 0 », de l’aider à choisir le meilleur terrain pour ensemencer et de veiller au processus  de croissance de la production jusqu’à la récolte, les conditions de mise sur le marché, le calcul des prix de cession en fonction de l’investissement initial.

Il a une expression qui éclaire le problème : «Si le prix de revient n’est pas compétitif par rapport à l’importation, il est peu judicieux de continuer à produire de la pomme de terre localement, mais nous sommes sûrs que les coûts peuvent  être raisonnablement ramenés à des fourchettes en faveur du consommateur.»

Commercialisation

M. Kerrouche pense que la spéculation est la cause principale de la hausse des prix ; cette spéculation est liée au choix de culture des producteurs qui s’investissent dans la pomme de terre de primeur et celle d’arrière-saison, la culture saisonnière étant délaissée.

L’insuffisance des marchés de gros, la promesse du ministère du Commerce d’en ouvrir prochainement sont également abordés.

Planification

Le conférencier qui adhère à l’agriculture moderne, c’est-à-dire de type industriel prône pourtant une planification raisonnée pour que les producteurs et tous ceux qui interviennent dans la filière voient leur investissement fructifié.

Il préconise l’installation d’un «Conseil national de l’agriculture» qui réunirait les pouvoirs publics, les producteurs, les investisseurs, les agronomes pour mettre en place un modèle de développement agricole national auquel tout le monde adhérerait.

Il souhaite une tripartite des partenaires de la sphère agricole et informe que l’UNA est en cours de rédaction d’un programme national de développement de l’agriculture, un peu comme à l’exemple de « Nabni ». En définitive, cette contribution vient au bon moment pour alerter les autorités et l’ensemble des concernés sur l’urgence à développer une agriculture moins dépendante des importations.

Par O. Larbi


1,5 à 2 millions de tonnes de pomme de terre produites annuellement

 

Contrairement à l’Europe où la production de pomme de terre avoisine les 35 à 40 tonnes par hectare, ce qui est relativement important par rapport aux besoins du Vieux continent, l’Algérie ne produit que 1,5 à 2 millions de tonnes par an sur toute la surface agricole, soit un peu moins de la moitié des besoins de la population locale.


4e produit le plus consommé au monde

A l’heure actuelle, la pomme de terre occupe la 4e position des produits alimentaire de base les plus consommés dans le monde après respectivement, le riz, le blé et le maïs. La production mondiale annuelle avoisine les 300 millions de tonnes. Elle est produite par 150 pays sur une surface supérieure à 20 millions d’hectares.   


La mécanisation de l’agriculture pour sortir de la crise

Afin de rompre le cycle de crises alimentaires récurrentes en Algérie, le SG de l’UNA a formulé certaines propositions parmi lesquelles la mécanisation du secteur agricole pour la revalorisation des terres potentiellement exploitables afin d’accroître la production locale.

Toutefois, cette opération devra être accompagnée d’une planification raisonnée et experte pour orienter le secteur vers une efficacité économique palpable.   


La spéculation à l’origine de 50% de l’augmentation  

Selon le SG de l’UNA, la spéculation pourrait expliquer à elle seul 50% de la hausse des prix de la pomme de terre qui a atteint en l’espace d’un temps record 100 DA le kg. Ce problème peut être réglé à travers l’amélioration de la gestion et le renforcement des contrôles au niveau des marchés de gros et les marchés des fruits et légumes.
Par Rachid Rachedi

 

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