En compétition depuis longtemps, notamment sur le secteur de l’électroménager, les deux géants sud -coréens en arrivent à régler leurs compte à coup de crêpage de chignon «judiciaire».
Qu’ils s’affrontent sur le terrain des innovations technologies dans le domaine de l’électroménager, particulièrement en ces temps de domotique où les appareils sont de plus en plus connectés, rien d’anormal ; mais voir Samsung traîner en justice son concurrent et néanmoins compatriote LG sous l’accusation de sabotage d’un lave linge, voilà qui tourne au «burlesque».
Pourtant c’est bien de cela qu’il s’agit quand on lit la presse qui rapporte cette descente de police dans les locaux et certains sites de production de la société LG. On apprend en effet que la police sud-coréenne «a perquisitionné le siège du groupe à Séoul» par un papier de l’agence française AFP qui souligne également que les policiers «sont repartis avec des documents et des disques durs. L'usine de Changwon, au sud du pays, a également été perquisitionnée.»
Cette descente vient en suite à un dépôt de plainte de Samsung qui pointe du doigt les responsables de son concurrent «parmi lesquels le président de son département électroménager Jo Seong-Jin, d'avoir volontairement endommagé des lave-linge de sa fabrication dans deux grands magasins d'appareils électroniques de Berlin avant le salon professionnel IFA», rapporte l’AFP.
Du coup, Samsung este au motif de dégradation, voire même selon le site du quotidien français lefigaro.fr «d’actes de vandalisme sur ses lave-linge dans des magasins berlinois, en marge d’un grand salon électronique», ajoutant que Samsung entend enfoncer le clou avec invocation de «circonstances aggravantes», puisque note-t-il «les dégradations impliqueraient dirigeant de LG».
De son côté, l’hebdomadaire français lepoint.fr qui trouve cette affaire «presque incroyable» fait état de documents enregistrés produits par Samsung qui «montrent de hauts responsables de LG, dont le président du département électroménager Jo Seong-Jin, détruisant les charnières de portes de machines à laver avant de s'enfuir», ajoutant un peu plus loin que Samsung «demande donc réparation pour diffamation, atteinte aux biens et entrave à l'activité économique.»
Les responsables du groupe LG ont naturellement démenti les accusations, tout en admettant que des employés s’étaient effectivement rendus sur les lieux cités par Samsung, notamment le magasin de Berlin, mais, précisent-ils, uniquement pour y effectuer une «étude de marché». Pour les enregistrements vidéo de caméras de surveillance fournis par Samsung, LG a laissé entendre qu’il était possible d’en fabriquer à volonté.
Loin de se dégonfler devant un tel acharnement, la société LG en a profité pour planter une pique aux produits de son concurrent en soulignant, dans son communiqué que «les machines à laver d’une certaine compagnie semblent dotées de charnières bien plus fragiles que celles d’autres entreprises», rapporte lefigaro.fr qui relève ainsi que la société LG n’a pas raté l’occasion pour «faire passer son message : ses charnières seraient plus solides».
Cette affaire a permis de faire remonter à la surface une «animosité» assez vieille entre deux sociétés compatriotes qui se confrontent depuis de longues années.Les deux groupes sont structurés à la mode coréenne, en «conglomérats présents dans des activités aussi diverses que la construction, le shampoing, les télécoms, les téléviseurs», fait remarquer lefigaro.fr. Alors que Samsung jouit d’une position de leader dans bien des domaines technologiques, il est conforté par un chiffre d’affaires avoisinant les 300 milliards de dollars et emploie près de 350000 employés. Quant à LG, c’est plutôt son statut d’historique, pour ses 67 ans d’existence qu’il met en avant même si lui aussi enregistre pas moins de 143 milliards de chiffres d’affaires et quelques 220000 employés.
Pour autant, le challenger LG ne semble pas prêt à se laisser distancer même si, comme le relève la presse spécialisée, il paie le prix fort pour n’avoir pas anticipé les innovations technico-commerciales induites par le virage des Smartphones et des tablettes.
Ainsi, entend-il régner sur le segment de l’électro ménager, où la liste des objets connectés ne cesse de s’allonger chaque jour, et où Samsung entend également être présent, et aux premiers rangs. Ce qui pourrait expliquer, les véritables ressorts de cette nouvelle affaire judiciaire, selon de nombreux observateurs. Pour Samsung, ce fut, pour cette année, un lave linge gérable depuis un écran tactile ou un Smartphone, avec commande à distance de nombreuses fonctions.
Mais LG y est également présent avec un concept appelé «HomeChat» qui permet une communication avec tout le parc électroménager.«Il suffirait ainsi d’indiquer au système que l’on quitte son domicile pour que le réfrigérateur passe en mode économie d’énergie ou pour que le robot aspirateur se déclenche», souligne lefigaro.fr qui rappelle que les deux compatriotes sont également en concurrence sur autre marché, celui des écrans incurvés.
Là où LG veut se positionner avec sa propre technologie, les écrans en diode électroluminescente organique, plus connus sous l’appellation d’écrans Oled pour Organic Light-Emitting Diode. De son côté Samsung adopte une autre technologie et mise sur sa puissance technologique et marketing pour imposer une stratégie de prix tirée vers les marges basses.
Au temps des compromis !
Le conflit des deux géants sur le produit des lave-linge n’est selon de nombreux observateurs qu’un simple révélateur de la confrontation constante entre les deux géants.Pourtant, il leur est arrivé, il y à peine une année de faire jouer la raison pour enterre la «hache de guerre» en convenant de laisser tomber les poursuites judiciaires engagées par l’un et l’autre pour assurer la protection de leurs brevets respectifs sur les écrans.
Respectivement leader et second sur le marché mondial des écrans, LG Display et Samsung Display s’affrontaient depuis longtemps sur ce marché avant de décider d’un commun accord d’arrêter les frais.
Dans un communiqué de septembre 2013 repris par l’AFP et le site de la radio française europe1.fr, Samsung indiquait qu’il était dorénavant question de " porter nos efforts sur la consolidation de notre position dominante dans le monde en coopérant plutôt qu'en poursuivant des contentieux sur les brevets, coûteux à tous égards".
Engagé dans ce combat pour le contrôle du marché des écrans à cristaux liquides (LCD) et à diode électroluminescente (OLED), LG a également fait appel au sens de la raison pour finir par admettre que "L'essentiel pour nous est de renforcer notre compétitivité".
Les affaires continuent
Parmi les mesures prises suite au dépôt de plainte de Samsung, le responsable de la branche électroménager de la société LG, Jo Seong-jin a été soumis à une interdiction de déplacement, d’après ce que rapporte le site Cent.com qui souligne la disponibilité du groupe LG à se soumettre au travail de la justice, tout en demandant à ce que lui soit laissé le temps de se préparer pour le prochain show technologique, le fameux CES de Las Vegas prévu en janvier 2015, auquel il compte bien être présent et «qu’il prépare activement», selon le même site.
