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Les enjeux du gaz de schiste :une richesse nationale entre principe de précaution et option stratégique

Publié par DK News le 28-01-2015, 17h49 | 47
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Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a réaffirmé mardi en conseil restreint que les forages tests initiés à In Salah seront «achevés à très brèves échéances» et «l’exploitation proprement dite» du gaz de schiste n’est pas encore à l’ordre du jour.

Cependant, s’il s’avère que l’exploration de ces nouvelles sources nationales soit une «nécessité» pour la sécurité énergétique de notre pays, le gouvernement serait alors tenu de «veiller avec fermeté» à faire «respecter la protection de la santé et la population et la préservation de l’environnement».

Pour lever les «incompréhensions et les inquiétudes suscitées par les essais préliminaires dans le domaine du gaz de schiste», le président Bouteflika a exigé du gouvernement à la fois d’engager un large débat transparent avec les compétences reconnues en associant la société civile, et développer une communication plus conséquente «sur les réalités, les enjeux et la portée des actions initiées par l’Etat dans tous ces domaines».

Il s’agit d’une quête de consensus national qui passe par une démarche didactique, rationnelle et progressive visant à permettre à chacun de «mieux comprendre les données relatives aux hydrocarbures non-conventionnels qui sont une réalité et une richesse nouvelles de notre pays».
L’enjeu est de s’adapter à un bouleversement radical et durable du marché mondial de l’énergie qui requiert, entre autres, l'économie d'énergie et la diversification du mix énergétique auxquelles l’Algérie devra recourir, à court et moyen terme.

Il comporterait des énergies renouvelables dont les premières expériences en Algérie sont prometteuses (éolien, solaire) et non-renouvelables (sources d’énergie fossile) à user de manière plus économe et à transformer partiellement en Algérie grâce au développement de la pétrochimie.

Gaz de schiste : respect de l’environnement et préservation de la santé des populations
L’objectif étant, à moyen et long terme, de répondre à la demande énergétique nationale en forte croissance (en gaz, elle est en passe d’égaler la consommation des pays développés) et dégager, autant que faire se peut, des excédents à l’exportation.

A elles seules, les percées technologiques peuvent, à la faveur des grandes manœuvres géo-énergétiques mises en branle par les plus grands acteurs mondiaux de ce marché, transformer à court terme les données de l’équation des sources d’énergie fossile et renouvelable.

Concernant le gaz de schiste proprement dit, tout en lançant des signaux d’existence d’un fort potentiel aux nouveaux acteurs de ce marché, l’Algérie a adopté depuis l’amendement de la loi sur les hydrocarbures en 2013, le principe de précaution qui fait obligation à tout firme pétrolière nationale ou étrangère de veiller scrupuleusement au respect de l’environnement et de la préservation de la santé des populations.

C’est ainsi qu’au moins une firme pétrolière multinationale, peu respectueuse de ces exigences, a été mise à l’écart de l’exploration et de l’exploitation test engagées, ces dernières années, a-t-on appris à ce sujet.

En anticipant sur les conséquences des bouleversements des sources d’énergie fossile, les pétroliers algériens n’en gardent pas moins l’œil ouvert sur les évolutions technologiques qui peuvent révolutionner les conditions d’extraction de ces énergies.

Dans les laboratoires, comme sur les champs pétrolifères et gaziers, de nouveaux procédés beaucoup moins risqués pour l’environnement sont en phase d’expérimentation aux USA, comme en Chine et d’autres pays du G7.

C’est le cas du procédé d’injonction du CO2 pour provoquer la «remontée» du gaz de schiste, voire de l’injonction du propane plus léger que le gaz de schiste, mais qui peut permettre d’extraire le gaz de schiste, sans utiliser l’eau souterraine.

Eu égard à sa valeur marchande, le propane, si les expériences se révèlent concluantes à l’échelle industrielle, peut être récupéré dans un bassin limitrophe et retraité pour servir de nouveau en GPL.

Le respect du principe de précaution réaffirmé

Mais les  percées technologiques, pour déterminantes et sophistiquées qu’elles soient, ne nécessitent pas moins des délais d’expérimentation de plusieurs années (pas moins de 4 à 5 ans selon le degré de maîtrise de technologies détenues seulement par quelques majors pétroliers), de mise à l’épreuve et d’études des retombées globales.

Et, pour engager l’exploitation elle-même, quel que soit le procédé utilisé par ailleurs, des infrastructures à mettre en place sont également lourdes à installer et coûteuses à exploiter.
Si bien que même lorsque la décision d’exploiter des gisements à grande échelle est prise, il faut un délai de 10 à 15 ans pour la rendre effective, en sus de toutes les autres questions de maîtrise technologique des procédés, de la commercialité et des rendements.

L’existence de nombreux acteurs potentiels de production et d’exportation des hydrocarbures schisteux est telle que l’Algérie, sans prendre de décision définitive, a un intérêt stratégique à «annoncer la couleur’ sur son potentiel et ses capacités réelle à maîtriser tout le process au moindre coût écologique.

D’autant qu’elle dispose d’un autre atout-maître, ses impressionnantes infrastructures de transport, y compris les gazoducs transméditerranéens, la proximité des marchés européens qui restent de gros importateurs contrairement aux Etats-Unis, et son réseau international d’alliances et de coopération en Asie et en Amérique Latine.

Aussi, toute décision dans le respect du principe de précaution, réaffirmé par le président de la République, tient-elle compte de tous ces paramètres outre la question fondamentale évoquée au cours du conseil restreint : que faire du gaz de schiste, «nouvelle réalité et richesse du pays», pour reprendre l’expression du Président.

D’autant que ce nouveau pari intervient dans un espace territorial, les immenses étendues du grand Sud algérien, «dont le voisinage connaît malheureusement une instabilité dangereuse, y compris pour la sécurité de notre propre pays».

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