Durant deux jours, mardi et mercredi, l'Institut de formation professionnelle d'Aïn Tebinet à Sétif a abrité un séminaire national sur l'érudit et penseur, Mouloud El Hafidhi El Azhari, organisé par le Centre culturel islamique et la direction des Affaires religieuses et des Wakfs de la wilaya de Sétif.
Cette rencontre à laquelle ont assisté de nombreux invités conférenciers, chercheurs universitaires, imams , etc., a été ouverte par le wali, Mohamed Bouderbali, en présence du P/APW, Fateh Kerouani, du représentant du ministère, Mohamed Méchenène, du directeur du centre culturel islamique, Bakini Ahmed Rachik et du directeur des Affaires religieuses et des Wakfs de la wilaya de Sétif.
L'objectif de cette rencontre, qui selon ses organisateurs coïncide avec le 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954 et de l'anniversaire de la fête de la Victoire du 19 mars 1962, est de faire connaître nos érudits et nos penseurs de la région de Sétif aux nouvelles générations.
'' D'autant plus, dira M. Bakini, à cette personnalité on n'a vu aucune appellation en son nom d'une école, d'un CEM, d'un lycée, d'un institut ou d'une mosquée. Ainsi, on a voulu le faire connaître sur la scène au grand public. Il peut être aussi un exemple à suivre pour nos générations''.
Et d'ajouter : '' Nous avons un grand projet pour que chaque année on évoquera un de nos érudits. Nous avons commencé avec El Hafidhi, c'est l'un des savants de cette région et de ceux qui ont beaucoup fait pour l'Algérie et les wilayas dans lesquelles il est passé et travaillé. Nous considérons que c'est le premier séminaire du genre qui sera suivi à l'avenir par d'autres rencontres pour d'autres érudits.
De cette manière nous les ferons tous connaitre pour que nos jeunes apprennent d'eux. C'est cette idée qui nous a poussé à organiser une telle rencontre''.
Mouloud El Hafidhi El Azhari, de son vrai nom Sehabi est né en 1880 et décédé en 1948 à l'âge de 68 ans.
Il a étudié et enseigné à El Azhar, d'où le pseudonyme d'El Azhari. Ila tout laissé tomber là-bas, l'université d'El Azhar et Le Caire des années fastes de la culture et la religion, pour décider de revenir dans son pays afin de le servir et se mettre à la disposition de la société algérienne. Il est revenu au bercail en 1922.
A El Azhar, il est resté plus de 16 ans. Une fois en Algérie, il a été le premier directeur de l'Institut El Ketani à Constantine. Il a enseigné aussi à Béni Haffadh, sa localité d'origine, d'où le pseudonyme d'El Hafidhi, dans la commune d'Aïn Legradj, dans la daïra de Béni Ourtilane, située dans la partie nord de la wilaya de Sétif. Une région riche en zaouïas de haut niveau. La plupart de ses œuvres ont traité de l'astronomie, on le surnommait aussi Mouloud El Hafidhi El Falaki. Il parlait et maîtrisait le français.
'' A travers ces journées, indiquera notre interlocuteur, on a voulu montrer aux jeunes, à l'étranger et aux générations futures que l'Algérie est riche en savants. L'Algérie n'est pas orpheline, ni pauvre dans ce domaine, il nous manque tout simplement de les faire connaître et de parler d'eux. C'est ce qui nous manque et ce dont on a besoin pour le moment''.
Que peut-on dire de ses œuvres ? '' Oui, merci pour la question. Nous avons un projet pour imprimer et éditer toutes ses œuvres à l'occasion de ''Constantine, capitale de la culture arabe''. Actuellement nous avons recensé plus de six volumes.
C'est aussi l'un des grands journalistes de son époque avec plus de 300 écrits. Il a écrit dans presque tous les journaux tels qu'El Mountaqid, Echiheb, etc. C'est l'un des membres fondateurs de l'Association des Oulémas, c'est l'un des premiers aussi à répondre présent pour cette initiative, en mettant en place un programme, une feuille de route etc.
Il était à l'Institut Ben Badis et d'El Katani. Il a une place importante en Algérie parmi les grands de son époque, mais dommage il est resté méconnu. Beaucoup de ses disciples sont devenus de grands moudjahidine durant la lutte armée de 1954''.
Son fils Sehabi Labri, aujourd'hui âgé de 81 ans a été très ému et satisfait en même temps d'apprendre qu’on a pensé à son père pour organiser une telle rencontre. Il était âgé de 14 ans, lorsque décéda son père. Il se souvient très peu de lui, nous a-t-il déclaré. Je me souviens qu'il enseignait à des étudiants de la localité et des environs durant la matinée.
Il passait beaucoup de son temps à régler les problèmes des gens. Il venait le consulter pour les départager dans des questions familiales, professionnelles, commerciales, et autres. Il avait une grande bibliothèque avec des œuvres très importantes de grands penseurs de toutes les époques anciennes, surtout de théologie. Ma mère, c'est-à-dire son épouse est décédée en 2012, à l'âge de plus de 110 ans''.
Evoquant cette initiative, Sehabi Larbi souligne :'' C'est une journée mémorable pour moi, comme si mon père revivait encore.
Je remercie tous ceux de près ou de loin ont organisé cette rencontre à la mémoire de mon père. Je souhaite que la science et la culture soient répandues dans notre pays et que les jeunes prennent conscience de leur importance. Je souhaite aussi que l'on pense à tous les érudits et penseurs que nos jeunes en prennent exemple''.
