Culture

Constantine capitale de la culture arabe : Cirta a de nouveau rendez-vous avec l’histoire

Publié par Par Yacine Loutari le 14-04-2015, 17h58 | 114
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La cité bimillénaire de Constantine, berceau de la citadinité, a de nouveau rendez-vous avec l’histoire, jeudi, en devenant, pour la première fois et pour une année entière, capitale de la culture arabe.

Cet honneur, la ville qui a vu naître l’imam Abdelhamid Benbadis, ne le doit pas au hasard, ni même, seulement, à son statut, reconnu de tous, de pôle culturel de premier plan, mais aussi à son envergure historique et son cheminement à travers les âges. Un cheminement mouvementé, parfois très tumultueux, souvent bouleversé par des faits d’histoire, mais toujours digne et parsemé de bravoure et d’actes héroïques résultant du refus obstiné de tous les jougs avilissants.

En fait, même si l’on se plait aujourd’hui à évoquer une cité bimillénaire pour désigner la ville de Constantine, l’histoire du Rocher remonte à un million d’années comme l’ont prouvé les objets sphéroïdiques à facettes découverts en 1945 sur le plateau du Mansourah, en même temps que des outils d’australopithèques.

Le refus de l’assujettissement

Si le site du «Caillou» a ensuite accueilli de nombreuses civilisations qui ont toutes laissé des traces : numides, phéniciens, romains, byzantins, arabes, turcs et français, il fut aussi le terreau de multiples résistances.

Celle de Hadj Ahmed Bey en 1836, celle des hommes du Fida (qui peut oublier Messaoud Boudjeriou et ses camarades de lutte ?), celle de Zighoud Youcef à Condé-Smendou, celle de toutes les Constantinoises et de tous les Constantinois qui refusèrent, à l’image de tous leurs compatriotes, de s’assujettir.

Solidement perchée sur un Rocher abrupt et majestueux qu’elle a su dompter au fil des siècles, Constantine est aussi une terre de penseurs. Il serait fastidieux - et quelque part périlleux - de vouloir les citer tous. L’évocation de Constantine fait aussitôt penser à Abdelhamid Benbadis, fondateur de l’Association des oulémas musulmans algériens et figure emblématique du réformisme musulman dans le pays.

Benbadis, l’homme qui revendiqua ses origines berbères remontant aux Zirides et qui écrivit un jour d’avril 1936 «la nation algérienne n'est pas la France, ne peut pas être la France et ne veut pas être la France.»

L’évocation de Constantine dirige aussi l’esprit vers Massinissa, fils de Gaïa, le souverain unificateur tant aimé, Constantin 1er Le Grand dont la cité du Vieux Rocher porte le nom, Redha Houhou, père du roman algérien d’expression arabe, Malek Haddad, Kateb Yacine, Mohamed-Tahar Fergani, Ahlam Mosteghanemi, Benjamin Stora, Taoufik Bestandji, Raymond Leyris, mais aussi, beaucoup plus près de nous, Hassiba Boulmerka, Ali Saïdi-Sief et tant d’autres.

Cœur battant du monde arabe, envers et contre tout

Dans quelques heures, Constantine sera le cœur battant de tout le monde arabe. Pour que la ville soit fin prête, pour qu’elle soit à la hauteur des attentes, pour qu’elle fasse honneur à l’Algérie, des femmes et des hommes ont sué, nuit et jour, dans un environnement - bizarrement - pas toujours bienveillant, quelque fois ingrat, voire antagoniste. Tout n’est pas parfait, évidemment.

Beaucoup (évidemment aussi) trouveront à redire sur chacun des édifices érigés pour l’événement. Cette grande manifestation - la plus importante que Constantine n’ait jamais organisée et vécue - n’a sans doute pas fini d’alimenter de fielleuses polémiques.

Mais l’histoire retiendra que Constantine-La-Monumentale, convoquée une nouvelle fois par l’histoire, aura, le 16 avril 2015, franchi toutes les vicissitudes, de la même manière que ses ponts ont franchi le Rhumel et relevé le défi par la seule grâce de la volonté des hommes.

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